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LMK en interview

lundi 30 mars 2015, par Lisa Poyel

Elle n’a qu’une vingtaine d’années et n’a pas fini de faire parler d’elle. Retenez bien son nom : LMK. Elle se produisait le samedi 28 mars sur la scène du CCO (Villeurbanne), suivie par l’Entourloop et Soom T. : un magnifique concert dans une salle pleine à craquer ! A la fois talentueuse et sympathique, LMK répond à nos questions avec simplicité et authenticité.

Tu es Lyonnaise ?

Je viens d’Annecy mais j’habite à Lyon.

Donc tu as l’habitude de l’ambiance à Lyon : le public lyonnais est reconnu pour être un peu froid, mais là ce n’était vraiment pas le cas ! Tu as été étonnée de découvrir ici un public aussi jeune et dynamique ?

En fait, j’ai connu ce public au Transbordeur (Villeurbanne) en Octobre dernier quand j’ai fait la première partie de Naâman. Oui, c’est un public jeune et dynamique : à 20h, ils sont chauds comme s’il était deux heures du matin ! Je n’ai pas été étonnée de les retrouver ce soir. Tu sais, ce n’est jamais facile de passer en début de soirée, à 20h, ça met un peu la pression, mais ils m’ont tout de suite mis en confiance.

On en voyait certains qui connaissaient tes chansons et les chantaient…

Oui, c’est vrai, mais on n’a pas fait LA tune qui est vraiment la plus connue, « My man », sur laquelle tout le monde chante d’habitude. En tout cas, les gens étaient chauds et réceptifs.

Ça fait environ deux ans que tu te produis régulièrement sur scène. En ce moment tu multiplies les dates. Ce soir tu étais avec Soom T. Vous collaborez régulièrement ?

Ce soir c’était la deuxième fois avec Soom T. La première fois, c’était au Fil (St Etienne) avec L’Entourloop également, il y a un mois.

Comment as-tu connu Soom T. ?

C’est la première femme dans le reggae que j’ai écoutée - il y a environ cinq ans - et elle m’a vraiment donné envie de chanter dans ce registre-là. Elle m’a énormément influencée mais aujourd’hui j’arrive à m’en détacher parce que j’écoute d’autres musiques, d’autres influences.

Tu as d’ailleurs ce point commun avec Soom T. : tes influences ne sont pas exclusivement puisées dans le reggae.

Mes influences sont vraiment Soul / RnB. A la base, c’est ce que j’ai le plus écouté. Etta James, Beyoncé… j’ai adoré ! J’ai découvert le reggae avec une chanson d’Alborosie. Ensuite, j’ai découvert plein d’autres artistes, comme Soom T. et Mungo’s Hi-Fi.

Tu fais quoi juste avant de monter sur scène ? Tu as des petits trucs pour gérer le stress ?

Je suis une fille assez nerveuse dans la vie, et assez stressée ! Depuis que j’ai appris des techniques de respiration, notamment la respiration ventrale, je fais ça pour me calmer et c’est assez efficace. Je respire vraiment pleinement quatre ou cinq fois avant de monter sur scène et ça me détend.

Je sais que Soom T. est particulièrement portée sur la spiritualité. Toi aussi ?

Alors pas du tout ! C’est vrai que j’ai été élevée dans un environnement catholique. J’ai été baptisée, et jusqu’à l’âge de quatorze ans je suis allée au cathé. Vers quinze ou seize ans, j’ai décroché Je n’ai pas vraiment décroché de la foi, puisque j’ai une foi en moi, clairement je crois sincèrement qu’il y a quelqu’un au-dessus de nous, mais j’ai complètement décroché de la pratique. Je crois en quelque chose mais je ne sais pas vraiment à quoi je crois.

Du coup, quand tu rencontres d’autres personnes dans le milieu reggae, pour la plupart portées vers la spiritualité et Jah, est-ce qu’elles comprennent ta position ?

Oui, elles comprennent. Après, Jah, c’est encore autre chose. Moi, je ne suis pas du tout rastafari. Je ne sais même pas ce que c’est ! Et s’il y a bien un truc que je défends, c’est de ne jamais parler d’un sujet qu’on ne connait pas ! Moi, dans le milieu reggae en France, il y a des trucs qui vraiment m’ennuient ; des personnes qui vont parler de Jah dans leurs textes alors que, bon… Alors, après, on ne sait jamais, peut-être que ces personnes-là ont une connaissance de rastafari vraiment complète, mais ça m’étonnerait beaucoup. La façon dont elles en parlent ne reflète pas vraiment la connaissance qu’elles en ont ! Moi, je fais du reggae mais je ne suis pas rasta du tout. Je respecte bien sûr ce courant mais personnellement je n’y connais rien : je suis française, je suis née à Annecy, je n’ai rien de cette religion.

Toi qui es une petite nouvelle dans le milieu, tu peux nous dire s’il y a eu des filles qui t’ont tendu la main au départ, qui t’ont aidée ?

Tendu la main… (rires) je n’irai pas jusque-là ! Des personnes m’ont donné des conseils. Après, on ne va pas se mentir, c’est un peu « chacun pour sa gueule » dans ce métier. Il y a quand même une fille qui a vraiment été là pour moi, qui m’a beaucoup aidée en montrant de l’intérêt pour ce que je faisais, c’est Marina P. Par exemple, elle a donné mon numéro à des potes qu’elle avait en Espagne, qui m’ont fait venir pour jouer. Elle a partagé une partie de son réseau avec moi et c’est super généreux de sa part. C’est la personne qui a été la plus bienveillante à mon égard. Tu sais, c’est compliqué parce que nous ne sommes pas nombreuses, et mine de rien la place est assez dure à se faire !

C’est vraiment plus compliqué quand on est une fille ? Il faut plus jouer des coudes ?

Non, il y a plein de mecs qui ont du talent et c’est aussi compliqué pour eux, parce qu’ils sont nombreux à galérer. Disons que, vu qu’il n’y a pas beaucoup de filles, c’est à la fois un avantage et un inconvénient. Un avantage parce que nous sommes peu nombreuses et donc il y a plus de place, forcément. Mais l’inconvénient c’est que les gens ont tendance à vouloir nous trouver des ressemblances avec d’autres artistes, à vouloir nous « regrouper », nous mettre dans des catégories… C’est humain, ils font des associations d’idées du genre « tu ressembles à… » et c’est relou parfois !

C’est dur de se démarquer, d’imposer sa propre identité ?

Pour moi, c’est un peu ça. Les gens ont tendance à faire des comparaisons…

Ceci dit, j’ai commencé cette interview en te comparant avec Soom T. Tu ne l’as pas mal pris ?!

Non mais là, c’est normal ! D’abord Soom T. est une fille que je respecte énormément, et puis on vient de terminer le show ensemble ! Je veux juste dire qu’à un moment donné, on a envie d’avoir sa propre identité dans la musique, de donner vraiment ce qu’on est. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, en 2015, les musiques actuelles n’inventent rien et les références sont dans les esprits de chacun.

Quels sont tes projets ?

Continuer dans ma lancée ! Il va y avoir pas mal de concerts prochainement. Autour de Lyon, je vais bientôt jouer au Festbook (3 et 4 juillet 2015 à Chassagny), au Bastringue… Et puis il y a un EP qui va arriver fin mai avec Manu Digital, qui annoncera l’album, prévu pour la rentrée.

Il y aura des surprises dans cet album ? Tu peux nous faire quelques révélations exclusives ?

L’album est déjà terminé. Je ne veux pas trop en révéler mais je peux dire qu’il y aura des surprises, comme des versions acoustiques, juste guitare/voix. Il y aura deux featurings. Mais vous verrez ! L’Ep que j’avais sorti avant était clairement crossover entre reggae / hip-hop ; là, c’est carrément reggae / dub, il n’y a qu’une seule tune Hip-hop.

Tu laisses tomber le hip-hop ou tu vas y revenir plus tard ?

Ce n’est pas que je laisse tomber, c’est que… ouais, j’y reviendrai ! Là, je tenais à faire un truc vraiment reggae parce que, mine de rien, le public reggae me suit beaucoup plus que le public hip-hop. J’avais vraiment envie de faire un album qui me ressemble, qui reflète l’esprit dans lequel je suis en ce moment. C’est le reggae qui m’a lancée, qui m’a permis de faire de la scène. Maintenant, je voudrais continuer, en France et ailleurs.

Tu as un message à faire passer ?

Pour moi, il n’y a pas besoin d’avoir des dreads pour écouter du reggae, pas besoin de fumer de la weed… Le reggae est une musique universelle qui n’est malheureusement pas assez médiatisée. J’espère qu’elle le sera plus à l’avenir, pour les messages qu’elle porte, mais aussi pour ce qu’elle est musicalement, pour sa vibes. Je défends mes propres valeurs. Il y a certaines chansons dans lesquelles je vais parler de ce qu’il se passe dans le monde, mais je ne me définis pas comme une artiste engagée, parce que je suis jeune, et que je n’ai pas encore vu assez de choses pour pouvoir faire ma propre opinion. J’ai envie d’être crédible dans ce que je fais, d’être vraie avec les gens. Moi, je raconte ce que je vis au quotidien. Mes galères, mes soirées… Peut-être que plus tard, en fonction des événements, j’aurai envie de m’engager, de faire une musique consciente. Je ne m’interdis aucun sujet, mais je refuse de faire semblant, de jouer un personnage, de répéter « One love »… Je ne parle pas de ce que je ne connais pas et c’est ce qui fait ma force…

Et ton authenticité !

Oui, la nouveauté que j’apporte au reggae, c’est que je ne me mets pas de barrière.


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