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Des paradoxes de l’amour d’un philosophe et des figures féminines dans l’œuvre de Nietzsche (Extrait)

In Philosophie et anthropologie aujourd’hui (Recherches en cours de rédaction), par Pierre Bamony

lundi 19 avril 2010, par Le Collectif Sistoeurs


Nietzsche et Lou

C- Les entraves à l’amour de Nietzsche et de Lou

On peut souligner trois raisons essentielles qui semblent avoir constitué les obstacles majeurs à l’union de Lou et Nietzsche. D’abord, la traitrise et la malhonnêteté de son ami et frère d’esprit Paul Rée. D’une part, avant sa rencontre avec Lou Andréas-Salomé, ce dernier était très inquiet de l’état de solitude de Nietzsche ; et désirait, comme je l’ai montré ci-dessus, absolument, avec Malwida Meysenbug, lui trouver une compagne qui apporterait affectivité, assistance et présence réconfortante. En outre, depuis qu’il tomba sous les charmes envoûtants de Lou, il se montra lâche en n’osant pas avouer à son ami et frère d’esprit son propre amour pour celle-ci. Et dans leur expérience amicale à trois, il tira davantage profit de Lou que Nietzsche. En effet, il dut la voir plus souvent que lui. Ensuite, par pure jalousie et par bassesse d’âme, il se pourrait fort bien qu’il ait pu informer Lou que Nietzsche n’était pas aussi abstinent que sa sœur Elisabeth le croyait ou en répandait le bruit. En effet, elle racontait un peu partout que son frère avait quelque chose du Surhomme. Nietzsche ni un « saint homme », ni un extraterrestre. Sur le plan de sa vie sexuelle, Paul Rée semblait mieux le connaître que sa sœur. En effet, il était complice de la vie et/ou de l’activité sexuelle cachée de Nietzsche. Dans la discrétion la plus totale, Paul Rée organisait la visite à Nietzsche d’une femme du peuple dans un hôtel. Et il dû révéler à Lou le fait que Nietzsche souffrirait d’une infection syphilitique. Dès lors, avec un tel fardeau, même si Lou avait été séduite par Nietzsche, elle n’aurait pas osé courir un si grand risque pour sa vie et sa santé.
Ensuite, en raison de sa large culture philosophique, Lou Andréas Salomé ne fut guère impressionnée par la révélation d’une intuition du temps que Nietzsche considérait comme tout à fait nouvelle. En effet, elle semblait avoir plus de culture savante que Nietzsche qui avouait lui-même ne pas beaucoup lire en raison de ses maux d’yeux et de ses céphalées. Un jour, dans un été d’inspiration qui confinait à de l’extase dans les environs de Sils-Maria (lac d’Engadine), Nietzsche conçut le temps, c’est-à-dire le vaste monde comme pris dans un cycle du « retour éternel du même ». Nietzsche pensait qu’elle était aussi subjuguée que lui par cette idée, « la pensée la plus abyssale » ; “le fardeau le plus lourd” reconnaît-il. Or, Lou avait compris qu’une telle intuition du temps n’avait, dans l’absolu, rien de novateur. D’autres philosophies, comme celle d’Inde ou encore celle des stoïciens, avaient, avant lui, trouvé une conception similaire du temps. Elle était donc capable de s’élever à la même hauteur de pensée que les philosophes qu’elle connaissait, comme Nietzsche et Paul Rée. Bref, elle était en mesure de réfuter en bloc la pensée nietzschéenne du temps. Selon elle, c’était même un dogme aporétique.
Enfin, l’obstacle majeur à cette union fut incontestablement Elisabeth Nietzsche. En effet, Nietzsche avait beaucoup hésité à lui dévoiler la nature de ses liens avec Lou. Il savait qu’elle était capable de créer des problèmes incommensurables et inextricables à ce sujet. Mais en même temps, il ne pouvait garder éternellement le silence sur cette affaire puisqu’il désirait lui présenter, d’une part, et d’autre part, effectuer des voyages avec les deux femmes, notamment à Bayreuth pour voir des représentations de l’opéra de Wagner. Ainsi, dans une lettre adressée à Lou, il ne peut s’empêcher de tout lui avouer : « Entre temps j’ai tout dévoilé à ma sœur en ce qui vous concerne. Après une longue séparation, je l’ai trouvée ayant fait de grands progrès, plus mûre qu’auparavant, tout à fait digne de confiance et très affectueuse envers moi […] au total, je crois donc que vous pouvez essayer de vivre avec elle et avec nous… Mais vous allez peut-être penser que toutes ces cachoteries étaient inutiles ? Après analyse, je leur ai trouvé aujourd’hui pour raison dernière : la méfiance à l’égard de moi […] Je devais me taire, car je n’aurais pu vous évoquer sans me montrer profondément bouleversé (c’est ce qui m’est arrivé chez les bons Overbeck) » (p.419)
Une première rencontre au presbytère de Tautenburg où Nietzsche avait loué trois chambres pour les deux femmes (Elisabeth et Lou) et pour lui-même. Une telle occasion parut comme un moment d’observation mutuelle. En fait, Elisabeth ne pouvait admettre auprès de son frère la présence d’une autre femme qui finissait par prendre tant de place dans son cœur et qui, de fait, la mettait au second plan. En observant les comportements de Lou à Bayreuth, elle était scandalisée par sa coquetterie auprès de tous les hommes qui passaient à côté d’elle. Ceux-ci ne cessaient de lui adresser des demandes en mariage qu’elle s’empressait aussitôt de repousser. Elisabeth en devint jalouse parce que Lou n’avait que vingt et un ans, et elle trente-six ; autant dire, à cette époque, une vieille fille. Elisabeth croyait que Lou n’avait pas un bon niveau musical. Pourtant, à Bayreuth, grâce à Nietzsche, elle avait réussi à entrer dans l’intimité de la maison des Wagner et, dans les soirées mondaines, à se présenter comme l’amie intime de Nietzsche. En ce sens, elle prétendait bien connaître sa philosophie tout autant que ses problèmes de santé. Comme Elisabeth trônait dans le cœur de son frère et l’occupait comme une forteresse, elle estimait que les liens de Lou avec Nietzsche apparaissaient comme une intrusion ; d’autant plus que cette jeune femme avait des mœurs contraires à la bonne morale protestante. D’où la virulence de ses réactions par rapport à Lou.
Celles-ci pouvaient s’expliquer par les raisons suivantes : d’abord, à trente six ans, sans prétendant en vue, Elisabeth ne pouvait s’empêcher de s’imaginer comme une vieille fille auprès d’une mère bigote, dans un milieu terne, triste où rien ne se passait. Or, grâce à son frère, elle avait pu envisager une porte de sortie du carcan familial, des invitations répétitives de dames pour le thé etc. ; ce frère auquel elle vouait une admiration sans bornes, même si elle ne comprenait rien à sa philosophie. Elle avait même renoncé à tout pour le servir jusqu’au sacrifice de ses propres sentiments religieux. C’est pourquoi, elle trouvait légitime de défendre sa place contre l’intrusion d’une jeune fille intelligente et belle, pleine de charmes et d’attrait, irrésistible pour les hommes. Aussi, pour réussir dans son projet d’écarter Lou de Nietzsche, elle entreprit de raconter à son frère toutes les vilénies entendues à Bayreuth au sujet de Lou. Or, Nietzsche n’écoutant que le langage de son cœur, le plaisir de se sentir aimant, éprouvait beaucoup de joie à sillonner les campagnes à pied avec Lou ; ce qui enrageait encore plus sa sœur puisqu’elle se sentait exclue de cette intimité. De même, Nietzsche et Lou passaient beaucoup de temps à converser jusque tard dans la nuit comme s’ils avaient un même sentiment de contentement en la compagnie l’un et de l’autre. Cependant, Paul Rée n’était jamais très loin. Quand il était absent, Lou lui adressait des courriers pour maintenir les liens. Et quand tous les trois étaient ensemble, Nietzsche, dans sa naïveté et sa sincérité, ne pouvait percevoir à quel point Lou était plus proche de Paul Rée que de lui. Ce dernier mourait de jalousie en constatant que Lou et Nietzsche pouvaient avoir des moments de connivence, et éprouver du plaisir à être ensemble. Aussi, il en vint à regarder son ami et frère d’esprit comme un rival redoutable. Et il cherchait de son côté des moyens de les séparer ; comme Elisabeth Nietzsche, mais pour d’autres raisons.
Il faut dire que Nietzsche n’était plus, à force de vivre dans l’intimité de l’un et de l’autre, tout à fait aveugle de la duperie de son ami, ni non plus de la forme d’égoïsme dont Lou pouvait faire preuve. Ce que sa sœur Elisabeth, voire Cosima Wagner avaient pressenti, dès le départ de cette expérience singulière, chacune de son côté mais pour des raisons personnelles, se confirmait. Certes, Lou Andréas-Salomé elle-même avait fini par se rendre compte à quel point il était difficile de vivre au quotidien avec Nietzsche en raison de ses colères brutales et violentes, de ses jugements sans concession sur les êtres humains. La curiosité sympathique de la jeune fille s’était émoussée par rapport à cet homme qu’elle admirait auparavant. En outre, comme il ne parvenait pas à lui ouvrir l’intelligence de sa philosophie toujours en naissance et en construction, elle en était venue à constater sans indulgence ses défauts trop humains, notamment la véhémence de ses réactions, que sa faiblesse maladive ne permettait pas de prévoir. Dans ce couple à trois, même si elle était plus proche humainement de Paul Rée que de Nietzsche, elle ne manquait pas de juger ce dernier avec sévérité. Par ailleurs, comme je l’ai mentionné ci-dessus, les rapports amicaux entre les deux hommes étaient aussi devenus exécrables, comme il est écrit dans le petit livre de Lou Andréas-Salomé, Mon expérience d’amitié avec Nietzsche et Rée : « Les deux hommes se voyaient maintenant sous un jour de moins en moins favorable. Nietzsche n’apparaissait plus guère à Rée que comme un phénomène curieux, une belle illustration de sa thèse sur la vanité. Rée peinait Nietzsche par son pessimisme un peu veule et sénile avant l’âge : traits de caractère que la mordante Lou ne se faisait pas faute non plus de relever, ainsi qu’on le voit déjà par une de ses lettres de Tautenbourg (Podach, p. 145) ; et n’allait-elle pas, dans ces jours de Leipzig, jusqu’à gratifier Rée d’une appellation vulgairement péjorative, qu’on pourrait, en l’affaiblissant, rendre par le mot « chiffe » ? » (p.28)
Mais Lou n’était pas non plus un ange. Nietzsche, qui était un fin psychologue de la nature humaine, analyse son caractère notamment dans deux lettres qui ont été conservées. Selon lui, celle-ci était dans l’incapacité d’aimer vraiment, de s’investir, de façon authentique, dans l’amour qu’on lui témoignait, dans l’amitié qu’on avait établie avec elle. C’est ce que révèlent, du moins, ces deux lettres insérées dans ce livre de Lou. Nietzsche y fit donc l’analyse caractérologique, sans concession ni fard de la jeune Russe :
1) « Caractère du chat - de l’animal de proie ; qui feint d’être un animal domestique.
Ce qu’elle a de noble, réminiscence de la fréquentation d’âmes nobles.
Une volonté forte, mais sans grand objet.
Sans application à ce qu’elle fait, ni goût de propreté ;
Sans rectitude bourgeoise.
Bête fauve à irritations sauvages.
Egoïsme infantile, persistant par suite de retard dans la formation et d’atrophie sexuelle.
Capable d’enthousiasme, sans amour des humains ; mais non dénuée d’amour divin.
Besoin d’expansion.
Rusée et pleine d’empire sur elle-même par rapport aux désirs des hommes. » (Suivant la copie de K5ge1, Podach, p. 92) (28)
Nietzsche savait désormais que Paul Rée et Lou avaient des liens plus intimes. Dans la deuxième lettre, on sent l’ironie amère de ses récriminations par rapport à l’attitude et à la conduite de Lou. On y perçoit aussi l’expression de douloureux agacement d’une affection meurtrie et déçue. On ignore si Lou avait reçu ces lettres qui annonçaient d’autres à la tonalité bien plus méchante, plus dures. Par celles-ci, désormais Nietzsche disait à Lou ses « vérités », directement ou de manière sous-entendue.
2) « Ignorante, mais perspicace, ingénieuse dans l’exploitation des choses profitables.
Sans goût, mais naïve en ce défaut. Franche et directe pour les faits particuliers, comme par bravade ; dans l’ensemble, et en ses confidences générales sur sa vie, insincère (quand elle dit que c’est l’excès de travail qui l’a rendue malade, par exemple). Sans aucun tact dans ses façons de recevoir, ni de donner. Sans cœur et incapable d’affection.
Dans les états émotifs, toujours morbide et près de l’égarement.
Sans reconnaissance ni retenue à l’égard d’un bienfaiteur.
Déloyale, et sacrifiant chacun dans ses relations avec tous les autres.
Incapable de la politesse du cœur.
Répugnant à la pureté et à la propreté de l’âme.
Sans pudeur dans ses pensées et se voyant elle-même à nu.
Violente par instants.
Peu sûre, inculte en matière d’honneur. Nullement une brave personne » (p.30)
Cependant, avant ces temps de déceptions les uns par rapport aux autres, il y eut des heures de bonheur partagées, et le vœu secret de parvenir à épouser Lou, même si cette dernière n’était pas disposée à un renoncement à soi-même comme le voulait Nietzsche.
Effectivement, en dépit de son jeune âge, elle faisait preuve de maturité remarquable et de lucidité sur ce qu’elle pouvait donner ou non. Malheureusement pour Nietzsche, la haine d’Elisabeth à l’égard de Lou finit par faire écrouler tous ses espoirs. Ce faisant, elle livra son frère à nouveau à son errance solitaire, à son profond mal-être existentiel. Sur ce point précis, le biographe de Nietzsche, Curt Paul Janz, écrit ceci : « Il y a pour Nietzsche une double tragédie dans l’effondrement prématuré et irrémédiable de sa relation avec Lou : tragédie pour l’homme, mais aussi pour le philosophe. Comme être humain, l’aboutissement de son amour pour Lou aurait été la dernière chance pour lui de retrouver le chemin de l’humanité : cette chance lui fut refusée, et il se vit définitivement renvoyé à la plus amère, la plus désespérée solitude » (p.432).

Chapitre III : Lou Andréas-Salomé ou la figure d’une femme d’exception

1-L’affirmation d’une liberté de soi sans concession

Lou avait eu l’heur d’avoir vu le jour sous une belle étoile. Car la nature lui avait accordé la grâce et/ou le don d’une intelligence exceptionnelle, d’une superbe beauté qui lui conférait un charme irrésistible. Toute sa personne était comme nimbée d’une aura de lumière. C’est ce qu’Angela Livingstone, dans son Lou andréas-Salomé- sa vie et ses écrits- (PUF, “Perspectives critiques”) s’est employée à montrer, de façon magistrale, tout au long de son ouvrage. Ainsi, pendant qu’elle partageait encore sa vie avec Paul Rée, auquel un lien d’amitié profond l’attachait sincèrement, elle organisait des rencontres mondaines qui lui permirent de connaître des sommités intellectuelles des divers champs des savoirs de son temps. Elle était fort à l’aise dans ce milieu de l’intelligentsia européenne. Au cours de ces réceptions mondaines, elle était regardée comme le centre de gravité de l’intelligence du féminin. Aux yeux de ses contemporains, elle était tout autant douée dans les bonnes manières de civilité, du savoir-vivre qu’intellectuellement. Aussi, on n’hésitait pas à lui accorder de l’Excellence [1]. Elle fut même considérée, grâce à son intelligence et à sa culture au « spectre large », non pas comme une femme, au regard de la piètre considération que ses contemporains témoignaient alors à la femme, en général, mais comme l’un des plus remarquables hommes présents à ces réceptions de l’intelligentsia européenne. Plusieurs de ces intellectuels et savants qu’elle rencontra, au cours de ces années 1880-1885, ne manquèrent pas de la demander en mariage, en raison de son charme irrésistible, envoûtant même. Mais, comme d’ordinaire, depuis sa demande en mariage de son professeur Gillot, elle s’empressait de repousser toutes les sollicitations de ce genre de la part des hommes, quels qu’ils soient ; même si Gillot ne put jamais se résoudre à la quitter vraiment. C’est en ce sens qu’Angela Livingstone rapporte la remarque suivante relative au sentiment, à l’amour indéfectible de Gillot pour Lou. En empruntant un passage d’Isaïe, 43, il lui dit ceci un jour : « Ne crains pas, car je t’ai acheté. Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi ». En fait, c’est lui qui avait transformé son prénom en « Lou », au lieu de Louise. Dans Ruth, il fit remarquer à son élève, au moment où elle partait à l’étranger : « je te laisse aller, mais je ne te libère pas. De loin, tu m’appartiendras doublement. Ta promesse vaut pour ta vie » [2].
Cependant, le refus systématique de Lou de se donner sexuellement à un homme ou de s’adonner aux joies de la chair s’explique par une espèce d’immaturité, d’inachèvement de sa propre sexualité. Certes, elle s’était livrée à des jeux malicieux ou pervers, sous l’angle du fantasme avec Gillot, comme une sorte de flirt d’adolescente amoureuse. Dans un poème intitulé « Prière à la mort », elle imagina qu’elle se donna à lui « dans un cercueil où elle le pria de lui caresser les cheveux et de déposer un baiser sur sa bouche morte » (p.22). Cet amour inabouti l’avait libérée pour longtemps sur le plan de la recherche du plaisir sexuel puisqu’elle écrit : « je me retrouvais plutôt dans la peau d’un jeune garçon prêt à vivre que dans celle d’une jeune fille câline » [3]. En effet, dans ses liens avec les divers hommes illustres qu’elle rencontra dans sa vie, elle érigea au sommet des sentiments, comme un privilège exceptionnel de l’humanité, l’amitié plutôt que l’amour. Elle prôna, à cet effet, la nécessité de protéger l’amitié contre tous les risques de la voir basculer dans l’amour, se dissiper en amour, voire en sensualité. Car écrit-elle, « aucun chemin ne conduit de la passion sensuelle à la sympathie profonde des esprits, mais il y en a un qui mène de celle-ci à celle-là » (p.52). Jusqu’à l’éveil tardif de sa sexualité [4], qui lui fit connaître ainsi une adolescence tardive [5] , Lou avait pris l’engagement de refuser les liens sexuels jusqu’à la fin de ses jours. Telle était la raison pour laquelle elle avait dû repousser la sollicitude ultime de Gillot, comme elle s’employa à limiter les excès sentimentaux de Rainer Maria Rilke.

2-Lou et Rainer-Marie Rilke

D’après Angela Livingstone, Lou Andréas-Salomé fut présentée à Rilke par le romancier Jacob Wassermann le 12 mai 1897 à Munich. Cette rencontre fut, pour Rilke, le point de départ d’une confiance sans bornes en un être humain, voire d’une révélation, en raison d’une espèce de proximité de leurs intuitions créatrices. Il éprouvait comme une jubilation magistrale à partager la compagnie de Lou. Celle-ci n’était pas plus indifférente à la personne de Rilke et se laissait conduire, dans cette voie, par un implacable destin. Autant elle s’était davantage attachée au génie de Nietzsche, au grand esprit et au philosophe naissant, autant Rilke, comme tel, c’est-à-dire comme un être humain singulier, revêtit une grande importance à ses yeux. Elle fut même habitée par l’amour, qui vint à elle « sans défi ni sentiment de culpabilité, un peu comme l’on découvre quelque chose de béni, par lequel le monde devient parfait » [6]. En raison de cet amour mutuel, même si celui de Rilke se manifestait de façon fiévreuse, de manière plus enthousiaste et plus enflammée, voire plus envoûtante que le sentiment réel de Lou, celle-ci avait su transfigurer ce poète à son image. D’abord, elle suggéra à son amant-ami de changer de prénom, René, qui lui semblait efféminé, et de se prénommer désormais Rainer qu’elle jugeait plus viril. Ensuite, elle eût une influence considérable sur son style d’écriture : elle l’aida à lui donner une apparence plus mûre.
Rilke, au cours de ces primes moments de leur idylle, vivait comme dans un état d’éternité. Sa fougue poétique, son imagination exubérante, l’inclinèrent à exalter Lou plus que de raison, à la vénérer, à se prosterner même devant elle ; bref, à lui demander sa bénédiction aussi souvent qu’il est possible. En effet, il ne manquait pas de s’agenouiller devant elle, les bras levés aux cieux, pour recevoir la bénédiction de Lou, sa grâce même. Car son cœur d’homme-enfant s’apparentait à une lampe éclairant l’image de la Madone qu’elle était pour lui. Naturellement, elle la lui accordait constamment. C’est pourquoi, il considérait qu’elle était douée d’une générosité sans bornes. Il ne cessait de lui adresser des lettres dans lesquelles il donnait libre cours à l’épanchement de ses sentiments. Or, selon Angela Livingstone, « dans toute leur spontanéité, ces lettres-avec leur déification, leur hyperbole et leurs antithèses-ressemblent à des esquisses pour un recueil de vers à la façon de Pétrarque ; l’émotion infinie est finement équilibrée et façonnée :
Un jour, dans bien des années, tu comprendras tout à fait ce que tu es pour moi. Ce qu’est la source de montagne à l’assoiffé.
Ma limpide source ! Quelle reconnaissance j’aurais pour toi.
Je ne veux voir de fleurs, de ciel, de soleil-autrement qu’en toi… Et le rayon du soleil qui arrive poussiéreux et unique à tes confins se transfigure et se multiple en pluie d’étincelles dans les ondes lumineuses de ton âme (…). Ma limpide source. C’est à travers toi que je veux voir le monde, car, du même coup, je verrai, non plus le monde, mais toi seule, toi, toi ! » [7]. Lou comprit, malgré ses excès sentimentaux et débordants, son enthousiasme enfantin ou d’adolescent encore immature, qu’elle n’avait rien à craindre de Rilke. Il lui était entièrement soumis ; et, donc, elle ne risquait aucunement de perdre son indépendance intérieure, sa chère liberté dont elle était si jalouse. En revanche, selon Angela Livingstone, elle appréciait en Rilke « une délicatesse aristocratique et quasi sacrée ». Mieux encore, écrit-elle « elle aimait sa grâce virile et la façon dont, chez lui, le corps et la personne paraissaient ne faire qu’un. Ils étaient plus proches que des amants ordinaires, assurait-elle, et plus proches que des personnes mariées car… plutôt que d’être deux moitiés cherchant à ne faire qu’un, chacun d’eux était un tout (elle, une femme mûre, lui, un poète ; ou peut-être, tous deux conscients du masculin et du féminin en eux). Ainsi ressemblaient-ils davantage à un frère et à une sœur avant que l’inceste ne devint sacrilège » (p.115).
Pendant cette période heureuse de leur vie commune, toute la poésie de Rilke était emprunte de description corporelle pour traduire leur relation abstraite ; ou encore de métaphore, de méditation abstraite pour exprimer leur relation corporelle. C’est ce que traduit, du moins, ce passage d’un poème de Rilke que Lou rapporte dans son propre ouvrage sur ce grand poète : « Qui pourra dire ce qui nous arrivait ? Nous rattrapions tout ce pourquoi le temps avait toujours manqué. Je mûrissais étrangement dans chaque élan de jeunesse franchie, et toi, aimée, au-dessus de mon cœur, tu avais je ne sais quelle très sauvage enfance » [8].
Cependant, cette idylle prit fin, comme tant d’autres aventures sentimentales que Lou Andréas-Salomé connut tout au long de sa vie. Même s’ils ne se quittèrent pas un instant pendant ces heureuses années, il n’en demeure pas moins que, à l’instar de toute relation humaine, il y avait des notes discordantes entre Lou et Rilke. En effet, pendant longtemps, Lou était insensible aux poèmes de son compagnon, malgré leur musicalité, en raison de leur excès de sentimentalisme. En outre, elle ne considérait pas encore Rilke comme un grand poète, mais seulement un poète au même titre que les autres de son temps. De la même façon que la poésie de Rilke était saturée d’un excès de sentiments, de même certaines de ses lettres paraissaient excessives à Lou. Pire, Rilke souffrait de cyclothymie avec une tendance constante à des crises irrépressibles de dépression et à des états d’angoisse excessifs qui le faisaient retomber dans l’enfance. Ce poète avait une sensibilité à fleur de peau et trop ouvert à toutes les scènes de la vie, à tous les phénomènes de la Nature. Le poème suivant de Rilke traduit bien cette humeur de tristesse et de mélancolie qui le hantait régulièrement au point d’empoisonner son existence elle-même, de lui enlever le sel de la terre ou la clarté lumineuse du printemps nécessaire pour continuer à guerroyer contre les terreurs de la vie : « Je m’écoule, me coule
Comme du sable qui coule entre les doigts.
Soudain m’est donné une multitude
De sens qui tous ont soif de sentir autrement.
A cent endroits je me sens
Enfler et souffrir.
Le plus souvent au milieu du cœur

Je voudrais mourir. Laisse-moi seul.
Je crois que je serai capable.
D’avoir assez peur
Pour que mon pouls éclate » [9]. Selon Andréas-Salomé elle-même, ce qui caractérisait son état d’esprit enclin à la perception des choses tenait au fait qu’il pensait que la Nature, par le truchement de ses créatures, semblait lui infliger un blâme, une malédiction. C’est en ce sens qu’il écrivait un jour ceci, suite à un voyage en Tunisie : « Quand, à Kairouan, au Sud de Tunisie, j’ai été attaqué et mordu par un chien kabyle jaune (pour la première fois d’une vie où le comportement des chiens n’a jamais été sans signification), je lui ai donné raison : il ne faisait que manifester à sa manière que j’étais entièrement dans mon tort, face à toutes choses » [10] .
Rilke balançait donc continuellement entre des états d’auto-flagellation, d’inquiétude ou d’angoisse, de rétrospection ou de remords. En fait, un médecin avait diagnostiqué, sans l’avoir vu lui-même, et au regard des données qu’on lui avait rapportées des changements d’humeur du poète, qu’il devait souffrir d’une pathologie du genre Garchine. Cette comparaison avec la maladie de l’écrivain et aristocrate russe Garchine est expliquée de la manière suivante par Angela Livingstone : « Garchine avait souffert d’angoisse démentielle et au cours de l’une de ses crises, à trente-trois ans, il s’était précipité dans une cage d’escalier : il avait connu cinq jours d’agonie avant de mourir. Et Lou se souvenait maintenant de l’état d’esprit changeant de Rilke, tour à tour surexcité et déprimé, passant d’une excessive pusillanimité à d’excessifs emballements-« ce que toi et moi nommions l’ « Autre » en toi »… cet état [était] un déséquilibre psychique qui pouvait dégénérer en maladies de la moelle épinière ou en démence » [11] . Dès lors, Lou Andréas-Salomé, on peut, sans doute, la comprendre, ne se sentait en mesure de devoir subir les humeurs d’un compagnon, de soigner un grand malade tout au long de sa vie. Aussi, elle s’arrangea pour mettre délicatement fin à leur aventure amoureuse. Ce faisant, une telle occurrence leur permettait de se libérer l’un de l’autre pour envisager des projets désormais divergents. Car, selon Lou, chaque être humain a son propre destin à assumer, son propre chemin à suivre. Il devait, en cette vie, le trouver seul et l’emprunter en conséquence. C’est en ce sens que, dans une lettre, elle lui donna ce conseil : « ce même chemin, suis-le au-devant de ton Dieu obscur ! Lui, pourra ce que je ne puis plus faire pour toi, ni ne le pouvais plus de tout mon être depuis longtemps : te donner la bénédiction du soleil et de la maturité » [12].
Même si Paul Rée n’avait pas réussi à se marier avec Lou Andréas-Salomé, comme il l’avait voulu de toute la force de son âme, il n’en demeure pas moins qu’ils vécurent dans une grande intimité, unis par un lien d’amitié fondé sur la confiance et une fidélité indéfectible. Même quand ils formaient encore la « trinité fraternelle » avec Nietzsche, la cohabitation de Lou avec Rée était de notoriété publique à Sils Maria et ailleurs. Poussée par la jalousie, sans doute, Nietzsche n’hésita pas à écrire au frère de Rée, Georg Rée, pour que celui-ci s’engagea fermement à sortir son frère du pétrin dans lequel son amour aveugle pour Lou l’avait plongé, enfoncé : « chaque fois que j’ai fait à votre frère part de mon jugement très sévère sur le caractère de cette jeune fille, il s’est borné à dire : -Vous avez raison, mais cela ne peut changer en rien mes relations avec elle- Dans une lettre, il l’appelait sa fatalité- Quel goût ! Cette donzelle plate sous ses faux seins, malpropre et malodorante : une fatalité ! » [13]. Comme Nietzsche avait décelé, en fin psychologue et redoutable observateur de l’idiosyncrasie des êtres humains, le caractère incomplet de la féminité de Lou, il considérait raisonnablement qu’elle n’était rien d’autre que la « sœur inséparable » de Rée (L. H. Von Stein du 15 octobre 1885).
Pourtant, Nietzsche s’était montré sincère vis-à-vis de Lou. Il avait été notamment séduit par l’intelligence de cette jeune fille ; et il admirait tout ce qu’elle produisait comme textes poétiques ou non. Gagné par le sens profond de son poème, « Prière à la vie », qui trouvait des résonances dans sa propre conception de la vie, même de son propre destin et des phénomènes, humains ou non, en général, poème que Lou lui avait offert en quittant Tantenburg, il l’avait mis en musique. Ainsi, comme il le reconnaît lui-même, il était disposé à l’accueillir, avec bienveillance, dans son immortalité : « voilà un petit chemin qui nous mènerait tous deux ensemble à la postérité-sans préjuger d’autres chemins » [14]. Il était même prêt à faire d’elle l’élève et l’héritière de toute son œuvre. Mais à ce moment-là, les préférences de Lou allaient vers Rée.
Ainsi, pendant quelques années, au cours de leurs voyages successifs à travers divers pays européens dont l’Allemagne, l’Italie et la Suisse, même sans être mariés, ils défièrent les convenances sociales et morales en partageant le même toit. Cependant, ils devaient choisir avec soin leurs relations pour éviter les médisances et protéger leur réputation. A Vienne ou à Berlin où ils séjournèrent pendant quelque temps, ils recevaient du beau monde, qui constituait un cercle d’amis au nombre desquels il y avait « des naturalistes, des orientalistes, des historiens et un assez grand nombre de philosophes ». Selon Angela Livingstone, ils étaient assez jeunes dont Lou était la plus jeune et la seule femme du groupe. Parmi ces jeunes intellectuels, « beaucoup enseignaient à l’université ; et d’aucuns étaient ou allaient se rendre célèbres par leurs travaux. Les doctes amis se réunissaient, d’abord dans l’appartement du philosophe Ludwig Haller, puis au domicile de Lou et de Rée, pour discuter et se lire ce qu’ils écrivaient… Il en est au moins trois qui devaient par la suite se tailler une fameuse réputation : le Danois Georg Brandes, critique et historien de la littérature ; Hermann Ebbinghaus, qui devait s’affirmer comme l’un des pionniers de la psychologie expérimentale et qui fut apparemment l’un des prétendants de Lou ; et enfin Ferdinand Tönnies, sociologue éminent, le « plus brillant causeur » que Lou eût connu après Nietzsche et qui la courtisa lui aussi, admirant en elle son « extraordinaire intelligence », la « délicatesse de ses sentiments » et son « irréprochable moralité » » [15].

3-Un mariage par compulsion

Certes, l’amitié de Lou et de Rée était destinée à durer aussi longtemps que leur propre vie. Mais, Lou, qui avait passé tout son temps à refuser toutes les sollicitations en mariage des hommes les plus brillants parmi ses contemporains, ne pouvait soupçonner qu’un homme allait modifier son destin. Il s’agissait d’un certain Fred-Charles Andréas, spécialiste des langues orientales et qui enseignait l’allemand à des officiers turcs dans la pension où Lou vivait. C’était en 1886. Cet homme s’imposa à Lou comme une nécessité en brisant sa conception du mode de vie qu’elle s’était imposé. Par une force stupéfiante, il obtint sa main et se fiança le premier novembre 1886. Paul Rée dût se résoudre à accepter une séparation irréparable que Lou ne souhaitait pas du tout. Car, malgré son mariage, elle escomptait garder éternellement l’amitié de Rée ; et elle fut très peinée de perdre cette amitié, en raison de ce nouveau mode de vie qu’elle venait de choisir. D’après Angela Livingstone, leur séparation s’effectua de la manière suivante : « dans le courant du printemps 1887, après une longue nuit de discussion, il la quitta à l’aube d’une matinée orageuse en lui laissant ce billet : « Aie pitié, ne cherche pas »- et elle ne le revit jamais plus » [16].
Toutefois, en consentant à se marier, Lou s’était engagée à se refuser à la possibilité de consommer le mariage avec son époux. Cependant, comment concilier le mariage et ses divers devoirs, ses contraintes avec le modèle d’un modus vivendi qui alliait l’affirmation éminente de soi et le don absolu de soi au monde ? D’après ses propres analyses, son mariage s’effectua comme par compulsion, donc, de façon irrationnelle. Tout se passa comme si elle y était poussée par une force irrésistible, voire plus mystérieuse que le simple sentiment d’amour. Aussi, elle s’obstina, avec une énergie absolue, à ne pas partager la même chambre que son mari ; à plus forte raison, il n’était pas question qu’elle consentit à coucher avec lui. Angela Livingstone rapporte le fait suivant, qui démontre, de façon évidente, l’idée de Lou selon laquelle, on peut bien se marier tout en gardant sa virginité : « elle avait assurément choisi Andréas (parmi les nombreux prétendants qu’elle aurait pu épouser) et décidé de rester vierge ? Mais elle affirma avoir vécu les deux comme des nécessités. Afin de prouver l’absence de choix rationnel dans la question de la virginité, elle rapporta un incident violent datant des premiers temps de son mariage. Un après-midi, un bruit la tira de son sommeil. C’était en fait un raclement de gorge de son mari, qu’elle était en train d’étrangler ! Il avait voulu la posséder pendant son sommeil et, pendant qu’elle dormait, elle avait trouvé la force de l’étrangler. Ainsi devait-elle rapporter l’épisode, tout en laissant entendre que ce fut (de manière assez compréhensible) la dernière tentative de son mari. Puis le silence se fit sur cet aspect de leur relation, que symbolisait son refus de porter une alliance » (p.66).
Lou considérait que son refus de livrer son corps à un homme provenait également d’une autre forme de compulsion. Et la compulsion de son mariage avec Andréas s’expliquait par un phénomène gigantesque qui les subjugua l’un et l’autre ; plus précisément, la violence d’un sentiment irrésistible à laquelle ils succombèrent et, ainsi, s’unir. Mais, cela ne justifiait pas qu’elle devait faire l’amour avec son mari pour la forme ou par convenance ; d’autant plus que, selon elle, il fallait distinguer la sexualité et l’amour conjugal : « mais-par Dieu- je n’ai jamais compris pourquoi des gens se marient quand ils aiment surtout physiquement » (p.67). Lou ne voulait pas surtout, sous la poussée de la puissance sexuelle et/ou des instincts (la force irrationnelle de l’ « animal ») se soumettre totalement à un homme. Car le mariage accompli lui semblait comme une servitude volontaire absolue. Certes, elle voulait, comme femme, être conquise tout en conservant le besoin de continuer à se développer dans la liberté, de vivre ses expériences humaines sous le seul angle de la liberté. C’est ce qui expliquait que, bien que mariée, elle connut une belle aventure « amoureuse » avec Rainer Maria Rilke, y compris, dans les années 1892, avec Georg Ledebour. Celui-ci tomba amoureux et une flamme réciproque s’empara d’eux. Elle aurait pu choisir de l’épouser, après avoir rompu son mariage avec Andréas, de faire des enfants avec lui, dès lors qu’un tel mode de vie est considéré comme normal. Mais, par attachement à sa chère liberté, à une certaine fidélité par rapport à son mari, qui faillit se suicider à cause de cette nième aventure sentimentale de Lou, elle renonça à tout au grand désespoir de Georg Ledebour. C’était donc une telle posture essentielle de sa vie et de son destin et ce choix d’une existence marquée du sceau de la liberté inaliénable de Lou qui avait pu expliquer l’échec des liens d’amitié qu’elle voulait établir avec Nietzsche, alors que celui-ci pensait à un grand amour qui aurait pu conduire au mariage. Mais, à défaut d’un tel grand amour avec Lou, Nietzsche aima d’autres femmes, mûres, auxquelles il resta fidèle tout au long de sa vie.
Etc.

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Pierre Bamony sur Sistoeurs

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photo

Notes

[1] Ce titre figurait, d’ailleurs, sur son passeport russe.

[2] Lou Andréas-Salomé-sa vie et ses écrits (PUF, « Perspectives Critiques », Paris, 1990, p. 23)

[3] Ibidem, p. 23

[4] Elle garda sa virginité jusqu’à 40 ans.

[5] Dans le saisissant portrait psychologique de Lou dressé par Nietzsche, celui-ci avait décelé l’immaturité de la sexualité de celle-ci ; ce qui expliquait aussi certains traits de son comportement qui étaient la part d’ombre, d’inachèvement de sa personnalité ; de son être, par ailleurs, naturellement éblouissant. En effet, selon Nietzsche, Lou faisait preuve d’ « égoïsme infantile, persistant par suite de retard dans sa formation, et d’atrophie sexuelle » (Lou Andréas-Salomé : Mon expérience de l’amitié avec Nietzsche et Rée, -Société Française d’Etudes Nietzschéennes, Imprimerie CH. Testanière, Forcalquier, 1954, p. 28)

[6] Lou Andréas-Salomé-sa vie et ses écrits- (PUF, Paris, p. 113)

[7] Ibidem, p. 114

[8] Lou Andréas-Salomé : Rainer Maria Rilke –Traduit de l’allemand et postface de Jacques le Rider (Maren Sell et CIE, Paris, 1987)

[9] Ibidem, p.17

[10] Ibidem, p.59

[11] Lou Andréas-Salomé-sa vie et ses écrits- (PUF, Paris, p. 136)

[12] Ibidem p.137

[13] Lou Andréas-Salomé, Mon expérience de l’amitié avec Nietzsche et Rée (p. 31)

[14] Lou Andréas-Salomé-sa vie et ses écrits- (PUF, Paris, p. 54)

[15] Lou Andréas-Salomé-sa vie et ses écrits- (PUF, Paris, p.p. 63-64)

[16] Ibidem, p.65


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