lundi 8 novembre 2004
Il y a ce que nous étions. Et puis, il y a ce que nous sommes devenus. Il y a le temps des chansons, en colo. Et puis le temps des beuveries alcoolo. Il y a les châteaux de sable, sur les plages. Et puis les cérémonies de mariage. Les lettres au père Noël et puis les lettres impersonnelles. Entre les deux, presque rien. Quelques poussières de temps, à l’échelle de l’humanité. Rien. Et pourtant. Il y a une vie. Une étincelle spatio-temporelle. Un monument dans le firmament de la toile. Un astre qui s’impose, sous-entendu, sous-tenu en deux clichés, dans une pose d’éternité. Il y a juste quelques années. Lumière.
Ils sont là. Nous sommes là. Car eux, c’est nous. Leurs rides, ce sont les nôtres. Leurs sourires aussi. Ces minois tendus vers l’objectif sont notre miroir, renvoient à notre condition. Nous sommes des mortels. Des équilibristes sur le fil de l’étoile fuyante. Les pas sont incertains. L’ombrelle de l’espoir est serrée dans la main. On part bien droit puis le temps tasse. Alors, sous les projecteurs, c’est la mort que l’on tabasse. On laisse des traces. Synopsis.
Dans une fraction de silence, les clichés figent les acrobates de l’existence. Le temps défie les apparences. Musique d’ambiance : le tam-tam de nos errances. Des prises de vue sous la souris. Des prises de vie sous leurs sourires. Deux cartes faciales postées nonchalamment, pour dire au monde que l’on a grandi. Pour défier les fuites du train de la vie. Deux arrêts, hagards, pour témoigner d’une histoire.
« Quand j’étais petit » est une bougie dans la tempête, une magie de l’Internet. Une nuée de poussières de temps. Rien. Et pourtant. Comme son frère « Un jour dans la vie », il cadre les instants. Fixe l’éphémère. Dope les sentiments. Pour rien. Juste pour aimer les gens.
Séverine Capeille
Voir en ligne : Quand j’étais petit