Le musée du quai Branly fait la part belle au Jazz. Il présente jusqu’au 28 Juin 2009, une exposition intitulée « Le siècle du Jazz » qui retrace sur plus de 1000m2 l’épopée de ce courant musical. Les férus et les amateurs y découvrent à travers des affiches, des revues, vinyles, photographies, peintures, livres, films, un siècle de musique passionnante... Né au XXème siècle aux USA, il tire son origine des « work songs [1] », du « ragtime [2] ». Il arrive en France dans les bagages de l’armée Américaine lors de la première guerre mondiale et depuis, il ne cesse de se développer et parcourir le monde.
Petite visite au musée...
Rien n’est laissé au hasard, une « line time » qui vous transporte aux différentes époques du Jazz. De l’époque des « cake-walks [3] » à celle de l’Original Dixieland Jazz Band en passant par Boris Vian, Coltrane, Bud Powell, Herbie Hancock (artistes Blue note), Matisse, Spike Lee, Keith Haring, à Toni Morrison. Tout un panel d’artistes venus d’horizons divers qui ont flirté de près ou de loin avec le Jazz.
"Line time" Sem (Georges Goursat) Couverture de "White bottom" 1927
Jazz et Étymologie...
Son étymologie est sujette à controverses. Pour certains, elle viendrait d’Afrique via l’argot des esclaves américains. Pour d’autres elle tirerait son origine du « Jasm » qui signifie sperme et indiquerait l’énergie. Néanmoins au début du siècle, il désigne clairement les relations sexuelles.
Thomas Hart Benton "Portrait of musician" 1949.
Jazz, mots et caricatures...
Quand on parle des débuts du Jazz, on ne peut néanmoins s’empêcher d’être choqué par la lecture de revues avilissantes, des dessins caricaturaux de l’époque et par l’emploi de termes racistes qui hier ne choquaient personne mais qui seraient sûrement censurés aujourd’hui.
Paul Colin "La revue nègre"
Jazz, affiches et cinéma...
Des affiches de « Bird » (retraçant la vie de Charlie Parker), film de Clint Eastwood, « Mo’ Better Blues » de Spike Lee (véritable enchantement pour le sens). Des extraits de films et dessins animés.
Affiche du film "Mo’ better Blues"( Spike Lee) sortie 1990
Keith Haring 8-24 Juil 1983
Jazz et femmes...
Toutes les grandes figures du Jazz féminin sont représentées. Certes, un grand attrait pour Joséphine Baker et moins pour de grandes divas comme Dinah Washington, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan ...
Carl Van Vechen "Portrait of Billie Holiday" 1949
Jazz et révoltes ...
Le Jazz, c’est aussi l’histoire de la diaspora noire, de ce fait, l’exposition n’exclut rien et présente sur ses murs des militants tels que Les Black Panthers, Angela Davis...
Angela Davis
Cette exposition met en lumière le jazz dans tous ses états et son évolution. Si vous êtes passionnés, (vous remarquerez que certains artistes méritaient plus d’espace dédiés à leur art) ou néophytes comme moi, vous y trouverez sûrement votre compte et chercherez sûrement à améliorer votre culture Jazz.
Miles Davis Jurgen Spohn "3 nights of living music and minimal art 1969
Larry Rivers "America’s n°1 Problem 1969 Michael Lange "Fall in Jazz Summer music"1982
[1] Chants de travail : Les esclaves chantaient pour se donner du courage face aux durs labeurs qui leur étaient attribués. Des refrains en général rattachés à la vie quotidienne, voire à double sens : certains chants indiquaient la route aux fuyards. Exemple : Le Jourdain était en vrai le Mississipi, la terre promise (états du nord des USA)
[2] Ragtime : « Rag » signifie chiffon. Le ragtime est un mélange de musique Africaine, Antillaise et Européenne.. Un rythme « syncopé » qui est composé de mesure 2/4, ¾ et 4/4. Un temps mis en pièce. Il fera son entrée dans les bals et salons de la société blanche assez rapidement.
[3] Cake-walks : Danse des esclaves du sud des Etats-Unis. Les propriétaires d’esclaves organisaient des concours de danse et une part de gâteau était attribuée au gagnant.