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Kenyon en interview

dimanche 27 octobre 2013, par Le Collectif Sistoeurs

Les Sistoeurs ont rencontré Kenyon au Festival Urbatropics.

Sistoeurs : Sur scène en ce moment, défends-tu ton dernier album, « Étude de cas » ou ta dernière mixtape ?

Kenyon : Alors, « Étude de cas » est sorti en 2011 et en septembre j’ai sorti une mixtape, le « cas local volume 2 » alors je défends la mixtape. Le week-end dernier j’étais en Belgique, ce week-end à lyon, le week-end prochain en Suisse, et ainsi de suite...

Sistoeurs : La nécessité de devoir être toujours en déplacement était une motivation pour faire ce métier ou c’est plutôt un inconvénient à tes yeux ?

Kenyon : Non, ce n’est que du bonheur au final, voyager, rencontrer du monde, vivre de sa passion, c’est positif. Le seul négatif qu’il peut y avoir c’est galérer dans le train, manger un peu n’importe comment… mais ce ne sont pas vraiment des contraintes.

Sistoeurs : Tu t’es fait connaître par le Buzz Booster. Est-ce que tu penses que tu en serais là sans le Buzz Booster aujourd’hui ?

Kenyon : On n’en est jamais là où on est si on enlève un bout du puzzle. Même si je n’estime pas que le Buzz Booster ait contribué à tout ce que j’ai pu faire, forcément, ça a joué, on a fait des dates importantes. Je ne peux pas l’enlever de mon histoire. C’est une étape importante qui a été jouée à un moment.

Sistoeurs : Alors, en quoi le Buzz Booster a-t-il vraiment été un plus ?

Kenyon : Ça a été un plus déjà par rapport aux dates des concerts. J’ai par exemple fait la première partie de Busta Rhymes en 2002, la première partie de Barrington Levy au cabaret sauvage, donc ça m’a donné une bonne visibilité et une satisfaction de gagner : on se dit qu’on est capable de faire quelque chose, que ce qu’on fait vaut au-delà de chez nous. Oui ça a apporté beaucoup de choses.

Sistoeurs : Par rapport à tes collaborations - tu as bossé avec DJ Netik entre autre - est-ce que, sur la mixtape, il y a des gens avec lesquels tu as continué de bosser ou ce sont de nouvelles personnes ?

Kenyon : Depuis le premier album, ce sont toujours les mêmes personnes qui ont mixé mes projets. Du premier son jusqu’à ceux de la mixtape. Pour les beatmakers c’est un peu pareil, (instrus) toujours la même équipe, le même microcosme, moi j’enregistre tout chez moi, je compose avec les beatmakers là-bas, donc ouais, c’est la même équipe.

Sistoeurs : Avec Nemir, vous vous êtes connus quand ?

Kenyon : En 2011, au moment du buzz booster. Lui, il était là en tant que speaker, il a fait un show, et moi je le connaissais de réputation puisque je savais qu’il avait gagné l’année précédente, mais sans trop connaître ce qu’il faisait. Et c’est en le voyant en live que j’ai pris une grosse grosse claque. Moi j’étais arrivé en retard, il y avait mes potes qui regardaient et ils m’ont dit « là, il se passe un truc, vraiment ! » et je l’ai rencontré, il m’a invité sur des projets… Mais, oui, tout a commencé au buzz booster.

Sistoeurs : Du coup, c’est une connexion humaine, au-delà la musique.

Kenyon : Ah oui, complètement. Au moment où on s’est rencontrés, on s’est dit qu’on allait faire un truc ensemble, il m’a invité sur son Ep et là il est sur la mixtape. C’est vraiment une aventure humaine.

Sistoeurs : C’est quoi pour toi la définition d’une rencontre ?

Kenyon : Moi je suis assez humaniste, j’aime bien les gens en général. Un des avantages de ce métier, c’est de rencontrer des gens. Une bonne rencontre c’est des gens avec qui on a des accroches, des choses en commun, que ce soit d’un point de vue artistique ou pas. Némir en l’occurrence, il fait partie de ces gens-là. Une rencontre très peace, très simple et naturelle. Ce sont des échanges, on évolue ensemble. La musique c’est ça, des échanges. Il va m’inspirer sur des trucs et moi j’espère inspirer des gens, parce que ce sont des gens qui m’ont donné envie de faire de la musique. Des gens qui m’ont fait rêver, qui m’ont inspiré, qui m’ont donné envie d’essayer moi aussi. Le but c’est de pouvoir se produire et ça peut ensuite inspirer des vocations chez les plus jeunes.

Sistoeurs : Entre le studio et la scène, tu préfères la scène ?

Kenyon : Oui, entre les deux, c’est la scène, oui. Nous, on a commencé par-là, dans les halls des MJC, à droite à gauche on testait des morceaux sur scène avant de les enregistrer, donc ça a toujours été la scène en priorité. Et puis le côté émotionnel est tout autre. Sur scène, il y a l’adrénaline, les gens qui te donnent de bonnes vibes.

Sistoeurs : Tu as quel âge ?

Kenyon : J’aurai 24 ans au mois de décembre.

Sistoeurs : Et tu avais quel âge pour la sortie de ta première mixtape ?

Kenyon : 17 ou 18 ans je crois, il me semble que c’était en avril 2008. Je l’avais écrite et enregistrée en 2007.

Sistoeurs : Quel regard tu portes sur ton parcours ?

Kenyon : Ça fait plaisir de voir que ça évolue. Si on fait de la musique dans l’attente de quelque chose, c’est cuit. Il ne faut rien attendre, on fait ça parce qu’on est passionné, par réflexe, c’est quelque chose de naturel et positif.

Sistoeurs : Tu te vois où dans 10 ans ?

Kenyon : J’espère continuer à faire de la musique ! C’est ce qui est bien avec la musique, il n’y a jamais d’aboutissement, c’est une recherche permanente.

Sistoeurs : Et tu donnes plus d’importance à la musique ou à tes textes ?

Kenyon : C’est indissociable ! Objectivement, dans la musique, au-delà des textes, c’est le flow et la musicalité qui comptent le plus. Regarde, on écoute du rap américain sans comprendre ce qu’ils disent, ça prouve bien que la musique est une force qui dépasse les textes. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Les rappeurs que je préfère sont des gens avec des plumes. Mais pourtant, je dirais que le plus important, c’est le flow parce que ça fait passer des choses, même si on ne comprend pas la langue, et c’est ce qui rend le truc universel.

Sistoeurs : Et tu travailles comment ? Tu pars d’un flow et ensuite tu écris ?

Kenyon : Souvent, oui, c’est ça. J’ai des mélodies et je mets des mots dessus. Mais quand je rap, je construis vraiment un truc ligne après ligne, donc ça dépend de la vibes.

Sistoeurs : Tu peux citer quelques noms de rappeurs qui t’ont impressionné ?

Kenyon : En France, il y a des artistes comme les sages poètes, les artistes du Saïan… Aux Etats-Unis, Method man, Damian Marley…

Sistoeurs : Est-ce qu’il y aurait des featurings auxquels tu rêverais ?

Kenyon : En France, j’ai collaboré avec quelques mecs du Saïan, Sir Samuel… Aux États-Unis, il y en a tellement avec qui je voudrais bosser… Et si non, avec des gens comme Nneka aussi, car j’aime beaucoup ce qu’elle fait. Elle n’est pas arrêtée à un style, elle peut être très reggae, ou très soul, ou parfois à la limite du rock, des trucs un peu plus "rough"… Il y a plein de gens… ! ça pourrait être aussi avec quelqu’un comme R. Kelly… Il y en a beaucoup !

Sistoeurs : Ton public est plutôt francophone ou tu commences à avoir un public à l’international ?

Kenyon : Il est essentiellement francophone. Je suis déjà allé jouer à Londres ou au Portugal par exemple, mais c’est vrai qu’il y a la barrière de la langue. C’est là qu’on en revient au flow que j’évoquais plus haut, c’est là qu’il se passe quelque chose d’universel. Généralement, ce sont des super expériences qui se sont bien passées. Mais la plupart du temps je fais des dates en France. Et c’est grand la francophonie, il y a l’Afrique, les Antilles, le Canada… J’aimerais déjà pouvoir voyager dans ces territoires-là où je peux me faire comprendre et aller chercher tous ces gens-là.

Sistoeurs : Tu défends la langue française ?

Kenyon : Je ne suis pas particulièrement engagé par rapport à la langue française parce que je sais reconnaitre à d’autres langues des qualités aussi, par exemple la langue anglophone, on est obligé d’admettre qu’il y a une musicalité dans cette langue. Moi, le but, c’est de faire sonner la langue française comme une langue américaine. On en a la possibilité, le Saïan le faisait par exemple. J’ai déjà rappé avec des américains et ils ont su reconnaitre que, ben ouais, ça sonne bien quoi ! En fait je défends la langue française malgré moi ! je suis francophone malgré moi !

Sistoeurs : Quels sont tes projets ?

Kenyon : Le prochain album va arriver en 2014. Là, il y a la mixtape disponible. Merci à vous.

Le site de Kenyon : http://www.kenyonmuzik.com/


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