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N pour M

mercredi 27 août 2008, par Mireille Disdero


Je sais qu’en venant au collège, dans sa voiture noire parfumée au jasmin de synthèse, elle écoute Mother Rose, de Patti Smith. Je devine qu’elle fume dans la rue sa dernière blonde avant d’écraser nerveusement le paquet entre ses doigts.

Aujourd’hui j’ai placé son bureau tout au bord de l’estrade. Quand elle va se pencher pour nous raconter des salades, table, copies et ordi basculeront avec elle. Hum. J’ai envie qu’elle perde pieds sous mes yeux. J’attends ce moment, la fixant obstinément. Sans se douter de ce qui l’attend, elle intercepte mon regard puis extirpe de sa manche les fonctions linéaires de la veille. Du réchauffé. Je la hais.

Soudain le miracle se produit. En rogne contre moi (comme quoi l’obstination finit par porter ses fruits), elle s’appuie sur le bureau pour jeter la craie rouge en direction de ma gueule d’amour. Quittant inopinément l’estrade, le bureau l’entraine alors dans la marée agitée de la classe. C’est la mêlée ! Elle perd la face, le cul en désordre vers le ciel, tandis que dans un tumulte houleux nous découvrons son string noir. Fini les maths, les privilèges. Elle est dans l’arène parmi nous. Je referme mes bras comme si de rien... Elle étouffe ! Peu à peu pourtant elle se redresse, l’air mauvais. Les bons en maths et les cireurs de bottes l’aident à replacer le bureau avec ses joujoux de prof.

17 heures. Je suis le dernier à m’éclipser.

Pendant que lentement je sors de la classe, je sais qu’elle lit dans mon dos - sur le blouson - un message à la craie rouge que je viens de tracer pour elle :

Je vous M

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