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Coup de blues au rayon hygiène et beauté

mardi 6 mai 2008, par Marlène T.

Un mardi matin. Automne. Ciel gris.
Les feuilles tombent.
Mes cheveux aussi,
Un peu…

Je conduis mon caddie, accoudée, presque avachie. Parcours des yeux ma liste d’achats, entre dégoût et résignation. La vie ne m’inspire pas grand chose aujourd’hui. J’amoncelle les articles utiles, futiles, alimentaires, qu’importe. Remplir pour éviter le vide. Abyssale. Pousser le chariot. Difficilement. Parce que bien entendu il a fallu que je tombe sur celui qui part en couille, qui vrille, qui coince.

Il y a surtout des vieux qui font leurs courses aujourd’hui. Evidement, en pleine semaine, à cette heure là…
Je me sens vieille.
Je me sens moche.
Alors entre le gel douche et les protections périodiques, je fais une pause au rayon cosmétique. Besoin d’un ravalement de façade.

Blush, lipstick, mascara. J’observe incrédule les innombrables possibilités qui me sont offertes. J’attrape un rouge à lèvres rose-pulpé-ultra-longue-tenue et avise l’étiquette de prix. Putain presque douze euros ! Conversion rapide en pots de yaourts. Je repose le truc. Trop fauchée pour être belle.

Puis je capte mon reflet dans le miroir sournoisement placé là par des commerçants mal intentionnés. Visage terne sous l’éclairage cru du néon. Eh merde ! J’embarque le gloss flashy. Tant pis pour le prix. Est-ce qu’il le vaut bien ? Probablement pas. Coup d’œil à gauche, à droite, et le voilà dans ma poche. Je termine mes achats la peur au ventre, comme un braqueur de banque. Impression d’être épiée, suivie, suspectée. Prête à mettre les mains en l’air à la moindre injonction.

A la caisse l’hôtesse me sourit mécaniquement. Je lui réponds, crispée. Mes aisselles puent la culpabilité moite. Je remplis les sacs avec un peu trop d’empressement. Mes joues sont en feu. Signer le chèque. Récupérer ma carte d’identité. Et me TIRER d’ici. Très vite.

Je pousse mes commissions le long de l’alignement des caisses. La sortie me semble affreusement loin. J’accélère, tant bien que mal mais la roue avant gauche se fout en carafe juste au moment où :
« Madame s’il vous plait. »
Je me retourne. Bordel, un VIGILE !
Son regard dur se plante dans la détresse du mien. J’entrouvre une bouche muette. Expliquer ? M’excuser ? Et qu’est-ce que ça changerait ? Il esquisse un quart de sourire.
« Tenez madame, vous avez oublié ça à la caisse. »
Un paquet de tampons.


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