dimanche 16 mai 2010, par Flô Bouilloux
Écolo VS Équitable.
J’ai acheté du Thé Earl Grey Leader Price Équitable. Déjà, acheter du thé c’est pas très écolo puisque le thé vient forcément de l’autre bout de la planète. Bon, mais on n’est pas non plus prêts à renoncer à tout, alors laissons cela de côté. Reste tout de même une remarque : les sachets de thé sont chacun dans un emballage plastique ! Pas recyclable en plus ! Ce thé est censé être plus cher parce que les petits producteurs du bout du monde sont mieux payés. Mais n’est-il pas plus cher surtout à cause du plastique ? Passons...
Les sachets de Thé Earl Grey Leader Price PAS Équitable sont, eux, dans des emballages papier qui peuvent se recycler. Je me retrouve donc à devoir choisir entre le petit producteur ou la planète. C’est un peu cornélien comme dilemme. Comme je n’aime pas les dilemmes, je préfère acheter la boîte de Thé Anglais PAS Earl Grey et PAS Équitable où les sachets ne sont PAS emballés.
L’histoire du riz Bio ou comment les bobos sont trop des faux-culs.
L’autre jour, j’avais envie de cuisiner. Il faut bien préciser que c’est très rare... Toute contente, j’ouvre le placard et tombe sur le paquet de riz Bio (en pastique, mais bon, passons...). " Chouette ! Je vais jouer à la bobo ! " Je commence à faire bouillir l’eau. Je verse le riz dans l’eau et là que vois-je ? Des trucs qui flottent ! Le riz est au fond, ça c’est sûr. Mais alors qu’est-ce qui remonte avec les remous de l’eau en ébullition ? Je m’approche pour observer d’un peu plus près : il y a des tous petits trucs noirs et des trucs blancs plus gros qui ressemblent étrangement à des grains de riz. Au bout d’un moment, je me rends compte que ce sont des charançons avec leurs œufs... Berk ! J’ai d’abord un geste de recul.
Puis je me reprends en main. Après tout ils sont morts et apparemment depuis longtemps, vu que le paquet était totalement hermétique. À ce moment-là, je me souviens de ma grand-mère qui me racontait des histoires de paysans qui raclaient la couche de la viande où les mouches avaient pondu avant de la faire cuire. Alors je me dis : " Bon, ça suffit maintenant, tu vas pas faire ta chochotte parisienne, tu viens de la campagne, t’en as vu d’autres, des asticots dans les cerises à la moisissure dans la confiture, ça ne va pas te tuer. Après tout, tu as voulu du Bio, tu as du Bio ! C’est pas si dégueux, tu vas bien trouver une solution. De toute façon, c’est soit ça, soit tu ne manges pas. Et en plus, il ne faut pas gâcher ! Il t’a coûté assez cher ce riz ! " Je prends mon courage, et une passoire, à deux mains et enlève tous les intrus en remuant bien pour être bien sûre qu’ils soient tous remontés à la surface. Au final, il n’était pas mauvais du tout ce riz.
Quelques jours plus tard, je déjeune avec des filles ultra-Bio. " Tiens, je vais leur raconter mon histoire de néophyte du Bio, ça va les faire marrer, elles doivent avoir l’habitude ! " À peine arrivée à la description des charançons, elles bondissent presque de leur chaise, me disent qu’elles auraient jeter le riz direct à la poubelle et me trouvent super courageuse de l’avoir mangé ! J’ai l’impression d’être l’héroïne d’un film d’action juste parce que je n’ai pas voulu gâcher mon riz. Alors voilà, c’est ça les bobos ? Ils veulent le Bio et l’argent du Bio ? " Sauvons la planète ! À bas les pesticides ! Mais je vous préviens que si je trouve un insecte dans mon assiette, je balance tout ! "
Sauvons la planète ! Recyclons !
Il y a vraiment des moments où le tri sélectif, ça me saoule. Évidemment quand je dis ça à mes amis écolos, ils manquent de s’étrangler. " Non mais ça va pas ! Avec le retard qu’on a en France en matière de recyclage, si tout le monde réagit comme ça, on n’est pas prêts de sauver la planète ! " Ah bon ? C’est avec le tri sélectif et le recyclage que vous voulez sauver la planète ?
Sur le chemin qui me conduit du métro à mon boulot, je passe devant des panneaux d’affichage public. L’une des affiches vante les mérites du recyclage. C’est une affiche qui reprend le style des publicités des années soixante : il y a un homme tout sourire avec devant lui une cafetière et qui dit : " Recycler ma vieille cafetière, c’est mon geste pour ta planète ! ". Comme quoi le recyclage c’est génial ! Je peux acheter une nouvelle cafetière même si l’ancienne fonctionne encore, c’est pas grave puisque je la recycle ! Utiliser les codes des publicités du début de l’ère de la société de consommation pour promouvoir l’écologie c’est quand même gonflé... " Achetez ! Consommez ! Tant que vous recyclez, tout ira bien ! La planète sera sauvée ! "
Bon, je ne devrais peut-être pas... Je devrais peut-être écouter ce qu’on me dit et ne pas me poser de questions, mais je n’arrive décidément pas à m’en empêcher... Où vont tous les déchets que je mets dans ma poubelle jaune ? Sont-ils réellement recyclés ou est-ce que je me fatigue à tout trier pour rien ? Et sur tout ce qu’on jette, tous les objets électroménagers : les grilles-pains, les cafetières, les télévisions,... et tous les objets électroniques : les téléphones portables, les ordinateurs, les lecteurs MP3... quel pourcentage de ces déchets est réellement recyclé et comment ?
Parfois j’ai l’impression d’être un peu bête, de ne rien y comprendre, d’être vraiment à côté de la plaque, quand je commence à me dire que pour faire moins de déchets, pour polluer moins, pour sauver la planète, il suffirait peut-être de consommer moins... " Non, mais ça va pas bien, tu délires là ! Notre société est basée sur la consommation, c’est la base de tout. Déjà que la croissance est au plus bas, imagine la catastrophe si on arrêtait de consommer ! " Oui, j’imagine très bien...