lundi 28 août 2006, par Séverine Capeille
Christine Dujardin le dit elle-même : elle peint sans jamais avoir pris de cours, elle peint l’Afrique sans jamais s’y être rendue. La peinture fait partie de sa seconde vie, celle des rêves…
1/ Bonjour Christine, pouvez-vous vous présenter ?
Je peins depuis la mort de mon père (une sorte de révélation), pour chaque thème, j’utilise une technique différente (collage, acrylique, huile, peinture sur verre…). J’essaie d’exprimer un sentiment à travers mes persos, celui que je ressens au moment où je crée. J’expose dans des lieux culturels ou artistiques. J’aime Matisse, Le douanier Rousseau, Monet, Picasso, Michel Ange, Bonnard, Gauguin …
2/ Vos tableaux sont emprunts de dureté et de douceur. Comme vous ?
On peut dire que la douceur fait partie de moi quant à la dureté, elle exprime les difficultés que j’ai rencontrées jusqu’à présent. C’est aussi ce que je perçois dans la vie du peuple noir.
3/ Comment vous est venue cette passion pour l’Afrique ?
La passion ne s’explique pas, elle n’a pas de raison. Je dirai que l’Afrique comme la peinture fait partie de moi. C’est un instinct, il est là et vous envahit. Sans doute vient-il du fait que j’ai des enfants métisses.
4/ Les femmes africaines sont très largement représentées dans vos tableaux. Entre la « douceur sucrée » et la « guerrière », il y a la « réflexion ». J’aimerais que vous nous parliez de ce tableau : à quoi pense cette femme ?
Cette femme doit prendre une décision importante concernant la suite du déroulement de sa vie.
Elle doit trancher : vivre en apesanteur entre le quotidien et ses rêves ou s’affranchir de ses obligations et ne faire qu’une. Une personne à part entière. On peut dire qu’elle cherche son émancipation. C’est une Femme ….
5/ Les hommes sont souvent des guerriers massai. Qu’ont-ils de si fascinant ?
J’aime leurs attitudes hautaines et fières. Ils ignorent les frontières et restent à l’écart du progrès. Ils sont en conflit permanent avec les autorités pour protéger leur identité.
6/ J’ai longuement regardé ce tableau que vous appelez « L’esprit de famille ». Il y a une simplicité et une profondeur déroutantes. Si vous deviez le définir en quelques mots, vous diriez… ?
De la naissance à la mort et quelques soient les circonstances, l’éléphant est entouré de l’affection des siens. La solidarité et le sens de l’entraide permettent aux éléphants de traverser dans l’harmonie leurs étapes de vie, l’enfance, la puberté, la jeunesse, la maturité puis la vieillesse.
Les éléphants ont un instinct maternel particulièrement développé. Si un éléphanteau meurt, la mère restera auprès du petit pendant des jours avant de le laisser.
Ce tableau je l’ai peint pour une famille, c’est leur esprit.
7/ Seriez-vous d’accord pour dire que les éléphants symbolisent à peu près tout ce que les humains négligent : la mémoire, la sagesse, la constance, la maîtrise de soi… ?
Mais aussi la fidélité, l’entraide, l’affection, l’intelligence, la paix, l’obéissance, la force, le sens de la famille. Ils ont un sens de la communication qui dépasse celui de la parole par des contacts auditifs, visuels ou tactiles, ce sont de grands joueurs. J’aimerais être une éléphante.
8/ Vous aimeriez pouvoir voyager dans le temps ?
Oui et dans certaines circonstances j’aimerais l’arrêter.
9/ Vous exposez jusqu’au 31 août 2006 à La Croche (64 rue de Charenton, 75012 Paris). Quels sont vos projets ensuite ?
Du 15 septembre au 30 octobre au Bar expo 911 (3 rue Ferdinand Duval, 75004 Paris, Métro St Paul)
Du 1er au 30 novembre au Jokko Bar (www.villagedesarts.com) (5 rue Elzévir, 75003 Paris, Métro St Paul)
10/ Je vous laisse le mot de la fin…
Mon rêve le plus cher est de pouvoir provoquer un frisson chez une personne à la vue d’un de mes tableaux.