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Marcus Gad – Rhythm of Serenity

dimanche 9 février 2020, par Le Collectif Sistoeurs

Fruit d’une collaboration inédite dans l’histoire du reggae français, le deuxième album de Marcus Gad intitulé Rhythm of Serenity met en lumière une musique qui prend son temps, celui de la réflexion, et impose sa propre signature artistique.

Le chanteur calédonien est un des enfants de Midnite, ce groupe des îles Vierges qui a secoué le monde du reggae dans les années 2000, devenu culte en une décennie avec sa musique low tempo lové dans les basses, son chant psalmodié telle une prière qui finit par vous envoûter, ses concerts de trois ou quatre heures au goût d’ovni, ses dizaines ( !) d’albums sortis chaque année… L’influence affleurait déjà en 2017 dans Chanting, le premier album de Marcus Gad, qu’il a défendu à une bonne centaine de reprises sur scène, en France et en Europe. Dans son approche musicale, il y a quelque chose de très organique, une volonté d’être en relation avec les éléments, de créer une atmosphère spécifique.

Cela n’a pas échappé à l’Américain Andrew “Moon” Bain, l’un des piliers de la famille de musiciens et producteurs baptisée Zion I Kings, qui a beaucoup collaboré avec… Midnite et son chanteur Akae Beka, décédé en novembre 2019. C’est lui qui a pris l’initiative de contacter Marcus, il y a deux ans, pour lui proposer de travailler ensemble. « Un rêve devenait réalité », résume le jeune homme. « Ce n’est pas donné à tout le monde de créer de la musique avec des artistes qui t’ont influencé. C’est une grande chance ». Pour donner corps à cette collaboration, la démarche était forcément différente de celle qu’il connaissait. D’abord parce qu’elle a débuté à distance, de part et d’autre de la planète, mais surtout parce que les partenaires de Marcus lui fournissaient des instru « clé en main ». A lui d’entrer dans leur univers, avec sa personnalité, sa sensibilité.

La compatibilité s’est avérée totale. Évidente, même. Cette méthode de travail basée sur l’instant, avec une approche naturelle de la musique, convenait parfaitement au chanteur de 29 ans qui possède déjà un solide bagage. Et pas seulement en termes d’expériences musicales. Lui qui préfère parler de « Kanaky » plutôt que de Nouvelle-Calédonie et a grandi sur ce territoire français d’outre-mer, à 16000 kilomètres de la métropole, est venu au reggae « naturellement » : il faut dire que les rythmes de Jamaïque ont trouvé dans cet archipel du Pacifique sud un terrain pour prospérer. Ils font partie du quotidien, et se sont mélangés au paysage rythmique local, en particulier au kaneka. Ce style endémique compte lui aussi parmi les sources d’inspiration de Marcus, « au niveau des messages, des sonorités, des mélodies », assure-t-il, rappelant au passage ce qu’il doit à A7JK, un groupe de kaneka populaire qui l’a aidé dans son ascension artistique (et qu’il avait invité en retour sur Chanting). Premier EP Soul Talk destiné au marché domestique en 2015 ; le suivant, Purify, en 2016.

De l’Inde qu’il découvre à 18 ans et à laquelle il rendait hommage dans l’EP Enter A Space en 2019, à l’Ethiopie où il séjourne trois fois longuement, en passant par l’Amérique centrale, Marcus Gad est animé par une insatiable soif d’apprendre : la permaculture, les méthodes de vie en communauté… Il cherche la connaissance sur le terrain plus que dans les livres et les salles de classe, mettant dans ses voyages « pieds nus, en stop et sans argent » le même sérieux qu’il aurait mis dans des études universitaires. Parcourir le monde ne l’a pas éloigné de ses racines affinitaires. Au contraire, cela n’a fait que renforcer son attachement à la terre kanak, ses tribus et leur culture, dont il veut être « un porte-parole digne ». Avec l’album Rhythm of Serenity, il ne manque pas d’arguments.

Focus

Rhythm of Serenity « Quand Moon est venu avec des riddims, je les écoutais et, une ou deux heures plus tard, je passais au micro pour enregistrer avec ce que j’avais gratté sur un papier entretemps. Brut. Rhythm of Serenity a été fait comme ça, écrit en moins d’une heure, et quelque chose de magique s’est passé pour nous qui étions en studio quand le morceau a été chanté. C’est pour ça qu’on a choisi d’en faire le titre de l’album. Et puis « le rythme de la sérénité », ça représente bien ce qu’on fait : du reggae calme avec un message spirituel. Une musique qui apaise, pour être serein. C’est un bon étendard pour cet album. »

Pouvoir

« C’est ma première chanson en français – en général je trouve l’anglais plus fluide en effet. Mais je voulais ici m’adresser à mon peuple, aux miens en Nouvelle-Calédonie. Pouvoir est un cri du cœur pour les peuples indigènes, d’ou qu’ils soient, pour qu’ils conservent leurs traditions, qu’ils restent ce qu’ils sont, qu’ils gardent la foi. Elle est dédiée au peuple kanak. C’était essentiel pour moi que ma première chanson en français témoigne de cette histoire, de cette culture et de sa présence dans le monde. »

Tracklist :

1 – Rebel Form Of Soul
2 – Take Some Time
3 – Become A Nation
4 – Pouvoir
5 – Overcome
6 – Rhythm of Serenity
7 – InI Royal Feat. Blakkamoore
8 – Oh Mama
9 – Cane & Cotton 10 – Honoring The Soil
11 – Live Life
12 – Leggo Your Ego
13 – Nature Like Scripture


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