mardi 9 novembre 2004, par Séverine Capeille
On les retrouve un matin
Avec du sang plein les mains
Parce que personne n’a téléphoné
Pour les en empêcher
Personne ne les a écoutés
Quand ils voulaient parler.
Ils sont là, froid
Avec du sang sur les doigts,
Ils sont là, figés
Avec leur sang coagulé
Les suicidés.
Ce matin-là ils ont mis fin
A une vie de chagrin.
Vous vous demandez pourquoi
Ils en sont arrivés là :
Ils paraissaient heureux
Quand vous les voyiez un peu
Avec des hauts et des bas
Mais qui n’en a pas ?
Que s’était-il passé
Pour arriver à cette extrémité ?
Les suicidés.
Ils vivaient dans la solitude
Parmi vous, la multitude
Ils n’avaient pas assez d’amour
Mais vous, vous étiez sourds
Ils n’avaient pas de quoi manger
Mais vous vous en foutiez,
Du reste ils ne l’ont pas montré
Sûrement par fierté
Les suicidés.
Ils ont cédé leur place
Vous les trouvez lâches
Pour avoir eu le courage
De choisir l’heure du voyage,
Le courage de tirer
Pour pouvoir s’en aller.
Vous ne les comprenez pas
Mais on ne vous en veut pas.
Un ras le bol de lutter
Dans un monde sans pitié
Peut-être par lâcheté
Peut être par fierté
Les suicidés.