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Les hommes qui volent.

mardi 21 décembre 2004, par Franca Maï


3 tentatives de suicides par jour
1 suicide tous les 3 jours
Les personnes incarcérées se suicident 7 fois plus que les personnes libres
La moitié des suicides a lieu la nuit
Le samedi est le jour où se produit le plus grand nombre de suicides
60% des personnes incarcérées qui se suicident sont en attente de jugement
1/3 des suicides ont lieu dans le premier mois de la détention
90% des suicides ont lieu en maison d’arrêt

61 000 détenus pour un nombre de places limitées à environ 48 600
(statistiques source prison.eu.org)

La société -cette mère maquerelle- engendre des monstres à la tête hybride et ne sait comment les cadenasser. Gavant de sous-culture et formatant sa propre chair à un idéal imposé, elle marque la différence pour ses préférés bien repus et disciplinés en s’étonnant candidement que les réfractaires, les exclus, les affamés, les asociaux, les fous disjonctent de la boîte crânienne. Alors, dans une danse implacable et en représailles, elle construit des forteresses oppressantes qu’elle dissémine sur son noble territoire, les entassant à trois dans 9m2, dans une hygiène déplorable, allongés 20 heures par jour, faute d’espace.

Elle croit ainsi voiler son impuissance en façonnant une décharge nationale d’horizontaux.

Enfermer des individus, leur imposer une promiscuité animale, les priver de leurs droits élémentaires, les immobiliser ne contribuent en aucun cas à une quelconque rédemption. Le temps suspendu qu’est la prison et la détention asphyxiante en des cages carcérales, engendrent une dérive lente et lancinante conduisant souvent à la récidive. La peur du dehors.

La machine qui devrait punir en réparant les âmes cassées se transforme en une machine à démolition et à exclusion.

Classe 1 : suicides pour troubles mentaux (18%)
Classe 2 : suicides sans motif apparent (33%)
Classe 3 : suicides par honte ou remords (7%)
Classe 4 : suicides par peur des conséquences juridiques de l’incarcération (16,5%)
Classe 5 : suicides pour perte ou angoisse de perte familiale (18%)
Classe 6 : suicides par intolérance à la vie carcérale (8%)
On se suicide plus en prison qu’en liberté et davantage dans les prisons françaises que chez nos voisins européens
(statistiques source prison.eu.org)

Parfois, les quelques respirations en apnée se produisent dans des cours de promenade de 18m sur 10m, conçues sans banc, sans urinoir, sans abri, trop petites pour les détenus. Leurs pas répétitifs cognent le ciment comme les sabots d’équidés piégés par le macadam mouillé.

Est-ce au moment où le soleil affiche ses rayons bienfaiteurs que l’idée naît de s’envoler à jamais ?

Pour taire le silence.


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