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Blacko en showcase exclusif à Lyon

mardi 24 mars 2015, par Lisa Poyel

Il est l’« ex futur membre du groupe Sniper, enfin c’est bizarre ! ». C’est ainsi que Blacko se présente entre deux chansons, lors de son showcase exclusif à Lyon, le 20 mars dernier au New Hollywood (NH Club*).

Je me suis déplacé de Paris, en haut de la métropole
Je suis arrivé ici, j’ai retrouvé quelques frères créoles
De voir les gens rassemblés dans la bonne humeur
Tu peux me croire, ça me met du baume au cœur
J’ai pris le micro, je me suis mis à chanter

Envoie la musique !

Karl Appela, alias Blacko, est accompagné de DJ Mike One. Il avait déjà fait salle comble lors de son passage à Lyon en février au Ninkasi et il revient pour un showcase survolté au New Hollywood. Il fait d’abord une entrée fracassante en chantant « Zamalia », dont le refrain est repris par une foule enthousiaste.

Zamalia
la Réunion lé la !
974 soldat !

Il est vrai que le titre date de 2006, et qu’il s’agit désormais d’un classique extrait du troisième album du groupe Sniper, « Trait pour trait », qui avait été numéro 1 des ventes seulement deux semaines après sa sortie. Le ton est donné. Blacko est un ancien.

« Avec mes dreads sur la tête, c’est que le papi est là quand même un petit peu ! »

Et comme s’il voulait montrer que le temps passe, il enchaine avec l’un de ses tous derniers succès, « Accroché à mes rêves », dont le clip officiel atteindra bientôt les deux millions de vues sur Youtube. C’est le troisième morceau de son EP « Le temps est compté », sorti en début d’année sur Itunes. Un succès fulgurant qui répond de bien belle façon aux paroles de la chanson :

La vie est mon professeur, et je suis son élève
Elle m’a appris à être patient et à comprendre
Que tout vient à point à qui sait attendre

L’artiste s’adresse régulièrement à son public. Il montre son micro et rappelle en freestyle :

Si j’ai repris ce truc-là dans les mains, c’est pas pour faire n’importe quoi.
Ecoute-moi,
Moi je rappe pour les gens d’en bas
Un peu à la manière de Robin des bois
Si t’as trop de bling-bling et de merdes sur toi
On n’est pas dans le même camp !
Quand je prends le microphone
Je ne rappe jamais pour les glands !

Envoie la musique mon frère !

Plus engagé que jamais, Blacko a des messages à faire passer, que ce soit en freestyle ou avec le refrain d’une chanson qui a durablement marqué les esprits, comme « Ferme les yeux et imagine-toi » :

Ça n’arrive qu’aux autres on n’réalise pas tant que ça ne nous touche pas
On sait très bien c’qui s’passe ailleurs mais on ose se plaindre
Relativise ferme les yeux imagine-toi
Tu verras comme ta vie est belle.

Privilégiant la simplicité au Bling-bling et l’optimisme aux discours pleurnichards, l’artiste assume sa singularité. C’est ce qu’il confirme quelques minutes plus tard, en chantant « Le temps est compté », morceau éponyme de son dernier EP :

Je continuerai de chanter haut et fort
Attaché à mes valeurs, les défendre jusqu’à la mort

Ce titre affiche plus de sept millions de vues en quelques semaines sur Youtube.

Un véritable triomphe qui se fête… serviette blanche à la main ! Blacko enchaine en sautant énergiquement et entraine le public avec lui. Tout le monde se baisse… puis se relève… se baisse… puis se relève… Bref. C’est une ambiance pleine de rebondissements. Car la légèreté laisse rapidement la place à la lucidité avec le titre « La rue, c’est pas ma mère ». Une chanson qui se distingue une fois encore des discours dominants dans le milieu. Des propos pertinents et courageux :

La rue, c’est pas ma mère
Aujourd’hui, je ne peux que regretter
La rue, c’est pas ma mère, non
Quand j’repense à tout c’que j’ai fait
La rue, c’est pas ma mère
Mama, j’aurais dû t’écouter
La rue, c’est pas ma mère, non
Oh, oh yeah yeah yeah yeah

J’en ai passé des heures posé à rien faire
Posté dans l’hall au quartier
À fumer des spliffs, déconner, discuter
Regarder l’temps passer
Le soir, j’allais manger avec l’équipe
Alors que la mama avait tout préparé
Trop souvent absent, je rentrais quand elle se levait
Pour aller travailler
À l’époque, on disait qu’on tuait le temps
Mais, finalement, c’est bien lui qui nous tue
Une adolescence sur le ciment
Finalement, beaucoup de temps perdu
Oui, je m’excuse, maman
Pour toutes ces fois où tu étais inquiète
La rue m’a coûté du temps, tellement de temps
Oh, ma p’tite maman, comme je regrette…

Blacko a mûri. Les années ont passé. Il est désormais lui-même un père de famille susceptible de rencontrer des difficultés. Il se livre avec sincérité :

« Moi, je ne veux pas jouer le vieux de vieux mais j’ai 36 piges et j’ai trois filles. Je n’aimerais pas que dans 14 ans ma fille aille en boite et qu’elle soit là à bouger en disant ‘ je suis en kit sur la coco ‘ ».

Il fait ici référence au succès musical du titre « Coco » du californien OT Genasis, dont le refrain n’est rien d’autre qu’une déclaration d’amour à la cocaïne :

I’m in love with the coco
I’m in love with the coco
I got it for the low, low
I’m in love with the coco

Là encore, Blacko ne craint pas de clasher le rappeur américain et de fermement s’opposer à cette tendance actuelle qui vise à minimiser les dangers de cette drogue. Dans un freestyle détonnant, il élève sa voix contre cette dédiabolisation et se révèle ainsi, par un étonnant renversement de situation, le vrai, le véritable rebelle face à la question.

Négro,
Moi j’t’emmerde avec ta coco
Tu mets ça dans la poche de mes gosses,
Je te jure j’deviens un papa loco
Je viens dans le hall, je charge mon gun…

Moi j’t’emmerde avec ta coco
Mets ça dans la poche de mes gosses…

Ma petite fille explique moi qui t’a donné ça ?
Est-ce que c’est papa, finalement, qui t’as appris ça ?…

Ça va être quoi après ? Parler d’héroïne ?
Qu’est-ce qui se passe ? Je sens que le diable nous taquine
Moi ça me chagrine
Pourtant je suis un mec peace
Je viens du milieu ragamuffin…

Moi j’t’emmerde avec ta coco
Moi j’t’emmerde avec ta coco
Mets ça dans la poche de nos marmots,
On devient des parents locos…

Ce sera quoi après ? Je me pose la question
Il m’parle de sa cocaïne, mais fais bien attention…

Moi j’t’emmerde avec ta coco
Moi j’t’emmerde avec ta coco

Mets ça dans la poche de mes enfants
J’te jure j’deviens un papa loco
Je charge mon KRRR, je viens dans ton hall et ciao amigo…

Moi j’t’emmerde avec ta coco
Moi j’t’emmerde avec ta coco
Mets ça dans la poche de nos gosses et on devient des parents loco
Parce que nous on avance avec notre cerveau…

Il est intéressant de constater que Blacko a choisi de terminer son show avec ce morceau, et plus particulièrement avec cette dernière phrase : « On avance avec notre cerveau ». Au-delà de la qualité de sa prestation scénique, de son énergie débordante et de ses capacités vocales, il faut effectivement souligner l’intelligence de ses prises de position et de ses propos. Loin de vouloir se conformer aux discours pseudo-rebelles rabâchés depuis des lustres, il prend le risque de l’authenticité. Un risque largement récompensé par un public conquis et désormais très impatient de découvrir l’album « Dualité » prévu pour mai 2015.

* Un événement organisé par Dem style Events


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