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YaniSs Odua en interview

jeudi 20 juin 2013, par Séverine Capeille

YaniSs Odua vient de fêter ses vingt ans de carrière et il nous offre avec son nouvel album « Moment Idéal » un véritable petit bijou musical. A cette occasion, il répond à nos questions.

Séverine Capeille : Après 20 ans de carrière, c’est véritablement le « Moment idéal » pour un album de ce nom ? Un moment de transition, le temps de faire un bilan, avant d’aborder les 20 prochaines années ?

YaniSs Odua : C’est pour moi le « Moment Idéal » parce que ça fait très longtemps que je voulais travailler un Album Live, j’ai aussi eu la chance de croiser des gens sur ma route qui me disaient apprécier ce que je faisais comme musique et qui me demandaient à quand un autre Album. Donc je pense que c’est effectivement le « Moment Idéal » de le sortir … Un moment de transition, oui. Le temps de faire un bilan, non pas vraiment, je pense que c’est un peu trop tôt pour ça, parce que j’espère effectivement avoir la chance d’être là à faire de la musique encore dans 20 ans ;)

Le titre de l’album fait en réalité référence à la chanson éponyme consacrée à une femme. C’est une belle déclaration d’amour mais pourquoi avoir choisi de mettre en avant le thème de l’amour plutôt que celui de l’engagement ? Ce n’est pourtant pas le thème qui domine sur l’ensemble de l’album (« Moment Idéal », « Proposé de passer », « J’remercie le Ciel »).

J’ai choisi de mettre en avant le thème de l’Amour plutôt que celui de l’Engagement parce que l’Amour est une force qui ne se monnaye pas, ne se touche pas et en plus, qui ne se contrôle pas ! A l’inverse de l’Engagement qui lui, malgré le fait qu’on ne puisse pas le toucher, peut-être corrompu, donc contrôlé… Voilà pourquoi j’espère que c’est L’Amour qu’on retiendra.

Il me semble que cet album prend largement en considération la jeunesse. Dès le 2è titre, « Rabat-joie », tu alertes les adultes quant à l’exemple qu’ils donnent : « on a besoin de leaders, pas de perturbateurs (…) l’éducation commence par soi ». Ce message te tient visiblement à cœur. Te sens-tu plus impliqué en vieillissant ? Es-tu véritablement inquiet pour les prochaines générations ?

Oui, je me sens impliqué, mais c’est de tout temps. Je me souviens de l’époque où je me révoltais contre certaines situations. J’avais tendance à accuser les plus grands qui n’avaient rien fait pour empêcher ou changer les choses, le temps passe et aujourd’hui, nous sommes plus grands… Oui je m’inquiète des conditions dans lesquelles nous sommes déjà nous, donc quand je pense aux plus jeunes, nous somme censés leur apprendre, leur transmettre, construire ou bâtir quelque chose qu’on pourra leur léguer, mais quand je regarde, nous avons encore beaucoup à faire ! Donc il est peut-être encore temps de faire quelque chose…

A propos de jeunesse, le titre « Leading Di Youths » est en featuring avec Richie Spice. C’est sa première collaboration sur un album francophone. Peux-tu nous raconter votre rencontre ?

Eh bien Richie Spice est un artiste que j’apprécie depuis longtemps, j’aime ses choix musicaux et ses messages, donc quand on était en Jamaïque on a profité de l’occasion pour lui proposer de faire un morceau ensemble tout simplement et il a accepté !

Niveau featuring, on retrouve également Tiken Jah Fakoly pour un morceau résolument ‘Africa’, C-Sharp, LE groupe révélation 2012 en Jamaïque et Jonathan Contreras, jeune artiste découverte, venu poser son flow latino sur un gros Hit Rumbaton. Excepté Safiata Condé, les artistes féminines sont peu représentées. C’est un choix ou un concours de circonstances ?

C’est vraiment un concours de circonstances, parce qu’on a souhaité inviter plusieurs artistes féminines, mais elles étaient toutes en pleine élaboration de leurs propres albums donc compliqué à caler malheureusement…

Le casting de musiciens est tellement impressionnant que je n’hésite pas une seconde à le citer intégralement :

Kirk Benett : Batteries (Elephant Man, Busy Signal, Mr Vegas, Capleton...)
Aeion Hoilett : Basse (Morgan Heritage, Jah Cure, Tarrus Riley, C-Sharp...)
Wayne Armond : Guitare (J. Cliff, Chaka Demus, Alpha Blondy, Dawn Penn No,No,No...)
Ranoy Gordon : Guitare (Stephen Marley, Busy Signal, Richie Spice...)
Lloyd ’Obeah’ Denton : Claviers (The Gladiators, Beres Hammond, Buju Banton...)
Dean Frazer : Saxophone (B. Marley, D. Marley, Beenie Man, Lauryn Hill, Bounty Killer...)
Uziah "Sticky" Thompson : Percussions (Bob Marley, Sinead O’Connor, Joe Cocker...)
Sherieta Lewis & Sherida Sharp : Choeurs (Mavado, Busy Signal, Sly & Robbie, R. Virgo...)
Dwain ’’Wiya’’ Campbell : Arrangements et Mix (C-Sharp)

Ma question est simple : Comment as-tu pu réunir autant de talents ?

Eh bien la réponse sera toute aussi simple : grâce à Clive Hunt, réalisateur de cet Album, qui s’est occupé du casting des musiciens ! Clive avait une idée précise de comment devait sonner chaque morceau avant qu’on ne commence à enregistrer le 1er instrument, donc il a fait appel à chaque musicien un par un.

Puisque nous sommes au moment des listes impressionnantes, voici quelques chiffres te concernant : 20 ANS de carrière professionnelle, 600 concerts dont BERCY, ZENITH, OLYMPIA..., plus de 3 millions de vues sur Youtube, 400 000 albums vendus (feat. Inclus), 45 000 albums solo vendus (dont 15 000 en label indépendant). Ce succès te rend-t-il serein ou est-il au contraire un peu stressant et déstabilisant ?

Quand j’entends tout ça, je n’ai pas l’impression qu’on parle de moi !!! Non, tout ça ne me parle pas, je fais de la musique parce que j’aime ça, j’ai de la chance que la musique que je propose plaise à d’autres personnes, ça me permet de chanter plus loin que sous ma douche et c’est un privilège que je savoure chaque instant ! Donc pas de quoi stresser surtout, ou de se sentir déstabilisé…

Comment expliques-tu l’absence du reggae dans le paysage médiatique ?

Eh bien je pense qu’au niveau ventes, il subit la crise comme beaucoup d’autres styles musicaux...

Mais ça c’est au niveau ventes parce que sinon, n’oublions pas que c’est une musique qui a toujours été placée au niveau Underground, donc elle à l’habitude d’évoluer de manière autonome, c’est une musique qui vient du ghetto comme on aime bien nous le rappeler, donc quand on vient du ghetto, on a pas trop l’habitude d’attendre sur qui que ce soit ! Et Dieu merci, on a déjà eu la preuve qu’il y a et qu’il y aura toujours des amateurs de Reggae dans le monde entier…

J’en profite pour remercier tous ceux qui le défendent avec ferveur contre vents et marrées depuis tout ce temps, jusqu’à aujourd’hui…

Le premier single de l’album, « Rouge Jaune Vert », est déjà un tube quotidiennement relayé sur les réseaux sociaux. Le clip est tout à fait représentatif de ta personnalité et de ton enthousiasme pour réunir les gens. Tu demandes qu’on « laisse place au bonheur ». Quelle serait ta définition du bonheur à notre époque ?

Ma définition du Bonheur est relativement simple :

Le respect de son prochain comme si c’était nous-même,

Essayer de tirer le positif dans chaque situation (Quotidiennement)

Profiter de la vie comme elle est et non pas comme on voudrait nous faire croire qu’elle est !!!

La dernière chanson de l’album, « Elle », est magnifique. Un hommage réussit tant dans le rythme que dans le texte. Alors juste merci, au nom de toutes les femmes, de toutes les mères, et de tous les fils qui les aiment.

Merci à vous, Merci à Ma Maman, toutes les Mamans, et toutes les futures Mamans…

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MOMENT IDEAL

TRACKLIST

01 Rouge Jaune Vert
02 Rabat-Joie
03 Rumbaton
Feat. Jonathan ‘Racko’ Contreras
04 Moment Idéal
05 Leading Di Youths
Feat. Richie Spice
06 Laissez Rouler
07 Music is my Life Feat. C-Sharp
08 Proposé de Passer
09 Madinin’Africa Feat. Tiken Jah Fakoly & Safiata Condé
10 Mes Principes
11 J’Remercie le Ciel
12 Elle

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