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La nuit s’en ira plus tard

mardi 11 janvier 2011, par Mireille Disdero

En attendant, la lune grimpe aux arbres des talus, l’humidité dépose une pellicule de froid sur sa peau. Il lui tend son coupe-vent, enferme ses mains dedans.

Passage d’une voiture blanche. Tache métallique claire qui traverse la nuit et déplace l’air devant eux, un instant, avant de retourner au néant. La bande d’arrêt d’urgence est étroite. Ils y partagent un petit morceau de nuit, long. L’autoroute, comme une ligne de cocaïne, les garde ensemble, éveillés. Elle s’en ira plus tard, demain, quand un avion irlandais décollera vers le nord et dans le vent. En attendant, ses pas qui tournent en rond crissent sur les gravillons du bord de la chaussée. Par moment, on les dirait vivants, pourtant on les écrase sous les semelles.

Elle pense à la pellicule de nuit qui vient dormir sur leur peau, là, maintenant, alors qu’ils sont encore éveillés et qu’une longue route les attend, avant la maison. Elle s’en ira après, quand il faudra grimper dans la carlingue irlandaise et voir, par le hublot, la terre rouge de chaleur s’éloigner alors qu’on l’aime et qu’on la sent capable d’autre chose. Elle rêve et se dilue en fredonnant une chanson de Lhasa, Llorando, De cara a la pared… Une voix.

Maintenant, lui et elle fixent les phares qui surgissent sur l’autoroute. Un véhicule de secours s’immobilise au fond de leurs pupilles. La nuit est belle, faite pour être aimée. Une musique dans la tête. Mi hija quédate conmigo un rato. La nuit s’en ira plus tard.


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