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Et ils se perchèrent, pour Fred Chichin... Non c’est pas vrai

Un texte écrit par Andy Vérol

jeudi 10 janvier 2008, par Le Collectif Sistoeurs

Comme des petits bruits des bulles de salive mousseuse qui éclatent, en panache, sur le sol rutilant du centre commercial. Par exemple, maintenant tu t’en fous que je sois juste là, à faire le tour des Trois Fontaines tous les jours, ondulant entre la FNAC, Auchan, et Nicolas. T’imagines pas que vivant, parfois, on fait plus que ça... Que les gens payent moins pour toi... Tout le monde se paie dans ce monde. Personne ne produit rien. Je t’achète ton service au guichet ou via la feuille d’impôts. Je ne comprends toujours pas les gens qui trouvent les impôts sur le revenu trop chers.

Savent-ils que c’est 1000 fois plus légitime que demander à un clochard de payer 5,5% de TVA sur le prix de sa baguette à 0,90 centimes d’euros ?

On s’en fout je sais... Alors Fred. Je te connais pas. C’est même pas grâce à cette chanson pourrie des Mitsouko que j’ai choisi l’pseudo Andy...

J’aurais pu mettre Valérie Roubignol comme pseudo... à la place d’Andy Vérol...

De toute façon, tous les jours, je fais plus que me lever à 11 heures -midi, la gueule dans l’cul, l’alcool et les migraines. Ensuite, je vais sur le PC. Je "navigue" sur l’internet, et je mange des oeufs ou des patates. Après j’écris. Après je vais aux Trois Fontaines.

T’as raté ça Fred, les soldes aux Trois Fontaines, janvier 2008. Tu aurais du essayer de tenir pour tenter le coup. Moi pour guérir la migraine, j’ai choisi de boire. Quand j’ai mal. Je bois. Dès le matin. Je fume plus de clopes, mais j’aime bien les joints, les anxiolitiques, renifler ma propre haleine suffirait à m’enivrer... J’allume presque plus la télé. J’ai presque arrêté la télé. Parce que j’ai détesté la télé, après l’avoir aimée... Et puis l’autre Napoléon IV, et son peuple de cons, ne cesse de me rappeler qu’il va me sanctionner, à force de tourner dans le centre commercial les Trois Fontaines. Je crois qu’il a envie de me baffer quand je bois comme ça, le président. Il boit qu’avec Poutine lui, ou la pute là que quelqu’un lui a dit qu’il fallait sanctionner encore.

Alors par exemple Fred.

Le principe est le suivant. Il faut que tu le saches, au même titre que ceux qui lisent. Les gens se perchent lorsqu’ils possèdent, lorsqu’ils ont un cocon, qu’ils ont des relations. J’ai rêvé qu’on m’abandonnait mille fois. Mais moi c’est vrai. Ils rêvent aussi, les gens perchés, qu’on les abandonne, mais ils sont fermement attachés aux parois des immeubles qu’ils ont contribué à construire.

Pour te dire une chose, moi, quand je tourne avec mon casque de MP3 gueulant sur mes oreilles, au centre commercial les Trois Fontaines, je les vois perchés, accrochés aux murs, aux vitrines...

J’ai vraiment la sensation qu’ils sont tous morts les gens. Fred.

Je crois qu’ici, dans les villes nouvelles, les banlieues, les petits, les gros logements des centres villes, les gens sont bien morts. Ils sont liés avec ces cordages. Ils sortent la carte bleue.

Ils disent que l’école c’est moins bien alors que 90% des gens arrêtaient l’école après le certificat d’études, à 12 ans maximum, avant.

- C’était mieux de connaître le nom des départements français par coeur ?

C’est bizarre comme j’ai l’impression qu’ils sont morts les gens. Fred (Je sais que tu aimais Napoléon IV à la fin de ta vie, que tu savais pas que c’était la fin de ta vie... Tu étais perché toi aussi à ce moment-là).

Et les autres vivants.

J’ai l’impression qu’ils sentent la viande faisandée, que leur chair de consommateurs est infecte... Ils me regardent moi, comme un mort... Si je leur disais que je suis romancier, que j’ai des milliers de lecteurs, les gens perchés essaieraient de se libérer de leurs chaînes qui les attachent fermement aux parois des villes... Ils essaieraient peut-être pour être de nouveaux vivants...

Sans carte bleue, sans certitudes, sans cet air méchant et indifférent qu’il me propose quand je tourne en rond, aux Trois Fontaines, à Cergy-Pontoise... Fred.

Andy Vérol et Hirsute


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