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Sizzla : chante et tais-toi !

mercredi 5 novembre 2003, par Séverine Capeille

Encore un album dans les bacs. Le prolifique Sizzla Kalonji vient de frapper encore une fois. Une vingtième fois. Chiffre rond pour une fulgurante et fumante ascension qui a propulsé ce Jamaïcain de vingt-trois ans au rang des artistes incontournables dans le paysage ragga international. Reconnu par tous les crews et désormais indiscutablement connu du grand public, il n’aura fallu à Sizzla que six ans - 1997, Black Woman & Child - pour en arriver là. Alors « Respect », comme on dit là-bas.

Entre musique...

Le CD Light Of My World (Jet Star, avril 2003) n’a pas même fini de tourner que Rise to the occasion (Greensleeves, septembre 2003) est déjà sur le marché. Les compositions, bariolées de consonances hip-hop - Blemish, d’influences R’n&B - Need, ou de hardcore qui prend au corps - Just through my love, laissent place à un nouvel album tout aussi éclectique. Sizzla est capable de tout, et il le prouve. Il adresse de positives claques aux rythmes poussiéreux, dévoilant ses multiples influences - soul, blues, rap, latino - pour mieux retourner les situa-sons. Un opus en forme d’obus lancé à la face du monotone. Sizzla étonne.

Elevé par des parents rastafariens et issu de la communauté Bobo Ashanti, Sizzla se montre généralement un prêcheur plutôt... « endiablé ». Mais, dans la lignée de Light Of My World, Rise to the occasion parle moins des sujets controversés auxquels l’artiste nous a habitués que d’amour pour les femmes. Il confirme ici sa toute récente tendance à dévier de ses cibles naturelles : la corruption de Babylone, l’oppression de la nation noire... Les lyrics sont désormais plus optimistes. Dix-sept mélodies marquent la parfaite maîtrise d’un Sizzla résolument plus sympa.

Avec des titres comme Nice and lovely, True love, The One ou All I need, c’est à se demander si le fauve n’est pas « fall » amoureux... Jah merci (traduction approximative de l’expression « Dieu merci »), Hype ou These are the days démontrent que Sizzla a encore le ragga hardcore à cœur. Ainsi, il déverse ses bombes hybrides et déchirantes, ses appels dichotomiques, flammes de l’amour et feux de la guerre contre Babylone. Ce dernier album est une réussite et vient couronner une production solo époustouflante, partie immergée d’un iceberg vert-jaune-rouge composé d’un nombre stalactifiant de 45 tours qui forment son succès auprès de tous les sound-systems.

... Et polémiques.

Artiste prolifique ? Peut-être un peu trop. Certains critiques s’accordent pour dire que toutes ces sorties d’albums dans un laps de temps très court nuisent à la crédibilité de l’artiste. Une sélection plus réfléchie assurerait un accès direct au meilleur de son œuvre. Sizzla s’en fout. Sous son turban de bobo dread, il imagine déjà un éventail de nouveaux sons, s’illumine dans sa passion, prêt à tout, tout apprêté de ses convictions. Une lourde suspicion de reggae-business pèse sur lui. Il ne dément rien. Il travaille.
En Jamaïque, la musique s’élève du chaos social quotidien. Elle est de partout et la concurrence est rude. Dans la compétition, les messages de paix et de tolérance valsent. Les mélodies sont étouffées par la fureur de certains propos bobos. Comme Capelton, Sizzla semble nourrir un racisme tenace envers les blancs, un machisme féroce envers les femmes et une haine barbare envers les homosexuels. Son album Black History (2001), lui vaut, entre autres, de nombreuses critiques et relance divers débats. Car finalement, les « more fire » sont adressés à qui, à quoi ?

Quand Sizzla fait un concert en France, les briquets s’allument. Les pouces blacks et blancs font simultanément vibrer les pierres et produisent la lumière. Son public le sait bien : le racisme de Sizzla ne vise pas les occidentaux mais les représentants d’une société capitaliste qui l’oppresse mais dont il bénéficie quand même largement. Sur son désir ardent de tout brûler, il faut écouter les textes des chansons pour se renseigner. En effet, Sizzla n’entretient pas de rapport avec les médias et n’accorde pratiquement jamais d’interviews. Evitant également toute campagne promotionnelle, le succès fulgurant de l’artiste est d’autant plus surprenant, de cette trempe, de cette corde vocalement flamboyante.

Kalonji le bien nommé : une voix volcanique

Le cinéma de Sizzla : une voix sur un diaporama de racines africaines. Percussions qui heurtent Babylone. Les feux d’un éclat de douleur sur les ardeurs d’une rythmique Nyabinghi : « Babylone is burning ». Tout est là.
Fatis Burrell, Bobby Digital, Richard Bell... Les meilleurs producteurs s’intéressent au troublant Kalonji. Ses accents d’écorché ne cessent d’intriguer. Entre prières à Jah Rastafari et colères, Sizzla se révèle particulièrement sensible et inspiré et sa voix peut se montrer aussi extrémiste que ses idées. Capable de changer dix fois d’intonation au cours d’un même morceau, il flirte avec les graves et les aigus, explore les ampleurs, séduit les sonorités farouches, conquiert les tensions de la bouche. Ses expériences vocales, ses embrasements gosiers, font l’unanimité.

Sizzla insuffle. Kalonji souffle. Il aspire aux hymnes vertigineux, rejette les accords trébuchants, entre croches noires et danses blanches. Son esthétique vocale oscille entre reggae roots et dancehall revendicatif, allégorie du rythme, du ballottage entre les certitudes et les doutes, entre les racines et les déchirements. Il fait vibrer les irrégularités sur la gamme de ses inflexions accentuées.

Ce Bobo Ashanti ne peut pas être ignoré. Si le personnage agace par la virulence de certains propos, l’artiste n’en reste pas moins brillant. Ses lyrics, sa musique, ses expériences vocales sont en constante progression et se dirigent vers la consécration de son nom. Pour la petite histoire, Kalonji signifie « victoire »...

14 Messages de forum

  • > Sizzla : chante et tais-toi !

    10 juillet 2004 15:04, par Tchaok
    je trouve ta traduction de Sizzla impressionnante de vérité chaque mots sont gravé, c’est la mélodie qui le suis et non le contraire comme beaucoup, en tout cas je suis content de savoire qu’il y a des connaisseurs et des connaisseuses et éspère encore avoir à vibrer pour se génie du son rastafary !!!!je suis un type tombé par hasard sur se site mais c’est le meilleurs résumé du plus puissant merci.
  • > Sizzla : chante et tais-toi !

    25 décembre 2004 00:37, par la guess
    ok ! le truc est oooh là ! certain disent que Sizzla meme une mauvaise cabale par rapport à ses propos un peu raciste, mais je pense kil faut rendre à César ce qui lui appartient ; Sizzla est bon, il faut le dire ! le "Jugement day" c’est pour bientot alors il faut ouvrir les esprits et montrer la voie du Père. C’est ce ke fait Sizzla ! pliss foss au prophète.
  • > Sizzla : chante et tais-toi !

    18 octobre 2006 00:07, par !!!!
    est ke sizzla est mort ??? g besion dune reponce urgente
  • > Sizzla : chante et tais-toi !

    9 janvier 2007 16:58, par DreadAgainstSizzla&Capelton

    Sur cet article, tres bien écrit, j’aurais quelques reproches a faire quand a l’interpretation des paroles de Sizzla. Ce chanteur est profondement rasciste, il appel a bruler les blanc, les homosexuels et a parfois des réactions simplement digne d’un homme du moyen age. La communauté bobo ashanti est une communauté de rasta radicaux, que l’on pourrait comparer a l’islamisme radical qui regne en Iran, et Sizzla est, au fond, un fou.

    Sa musique s’eloigne de plus en plus du veritable reggae et deviens de plus en plus commerciale, avec des sons vraiments mauvais où seule la rythmique est interessante. Ayant quelques uns de ses albums, je peut dire ouvertement que sur ses cd, seule 1 ou 2 chanssons sont biens, sur une quinzaine... Ce chanteur produit de la musique de tres mauvaise qualité et contribu jour apres jour a faire passer les rastas pour des sectaires, rascistes et homophobes qui ne pensent qu’a bruler du blanc et a soumetre les femmes a l’autorité de l’homme.

    • > Sizzla : chante ! Et toi : tais-toi ! 28 mars 2007 12:14, par cham
      Arrête la beu mec ! Tu vois des racistes là où il n’y en.... plus ! En effet, Sizzla a eu une période "black supremacy" mais d’une part les blancs dont il parlait sont les business men jamaïcains, et d’autre part cette période est finie. Pour en revenir à son style de moins en moins reggae, Sizzla a sorti plus de 70 albums (officiels ou non) et s’il y a certes une tendance à voir de plus en plus de dancehall, ta reflexion sent la frustration. D’une part il fait encore énormément de roots, d’autre part le dancehall est une musique à part entière, et concernant Sizzla, il trouve que c’est le meilleur moyen de parler aux ghetto-youths. Désolé s’il s’adresse moins à toi, grand acheteur occidental avec des problêmes bien différents. Notament concernant son homophobie : Remettons le contexte en place : en jamaïque, l’homosexualité est un crime passible de 10 ans de prison (au maximum). De plus, Sizzla prône le "righteousness" pour sortir de la misère : bien manger, bien se comporter, respecter les femmes (et non les dominer), et, c’est vrai, refuser l’homosexualité. Tu fais un procès d’intention à qqun en pleine guerre civile, et tu lui reproches les lois et traditions de son pays. De plus : que disent l’Eglise, la Mosquée, La Synagogue, W.Bush ou 98% des chefs d’états du monde à propos de l’homosexualité ? Après c’est facile de s’en prendre à un chanteur qui dit ce qu’il pense quand tout le monde chie sur la gay-pride... Moi j’suis à donf dans Sizzla, plus que jamais. Et j’ai aucun problême avec les homos. Strictement aucun : chacun fait ce qu’il veut. Mais j’ai un gros problême avec l’homosexualité... Chacun son caca !

      Voir en ligne : site officiel de Sizzla

  • > Sizzla : chante et tais-toi !

    15 février 2007 18:51
    tu as raison dans se ke tu dit mai n oubli pas le vrai esprit rastafari a mon avis il c détourné de son chemin avec tout c vieu biz toi meme tu c
    • > Sizzla : chante et tais-toi ! 24 février 2008 22:42, par David
      J’ai jamais vu un seul rasta dire que l’homosexualité doit être toleré.Ce mouvement est née en Jamaique et las bas les règles sont stricts. La philosophie rasta est une façon de vivre de manière trés étroite avec nos sentiments (j’entends ici des sentiments "pures" tel que l’amour).Il me semble évident que le coeur d’un européen soit beaucoup moins endurci que celui d’un rude boy jamaicain.
  • > Sizzla : chante et tais-toi !

    4 novembre 2007 06:05, par didj
    moi jsui 1 grand fan de sizzla é juska maintnt c le meilleur résumé ke g lu sur lui . ce ke je di c ke pour moi , il fo arreter de juger ce chanteur , on c pa skil a enduré dan ca jeunesse é skil vi tou lè jours, é il di fort ske tou le monde pense tou bas . jsui sur ke meme lè homo , sil le pouvais aurè aimé etre hétéro ... c peu etre pa de leur faute apres tou. le système actuel est celui de satan !! é je pense ke franchmnt sizzla c 1 vrai possédé de la music , la music é lui ca fai 1.
  • Sizzla : chante et tais-toi !

    14 mai 2008 13:02
    Pour moi ce serait Shut Up ! Il à pas l’air très futé ce mec. La haine n’aboutit à rien. Tolerance for ever !!
  • Sizzla : chante et tais-toi !

    23 mai 2009 20:17
    Oui Sizzla chante et tais-toi. Ta voix est unique et ta connerie aussi. Mon seul regret, ne t’avoir jamais vu sur scène ! Mais c’est vrai que tu me donne des frissons. Laet...

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