Sistoeurs

Accueil du site > Poésie > La peur pue comme la mort

La peur pue comme la mort

poème d’Osemy

lundi 19 février 2007, par Le Collectif Sistoeurs

La peur est amère comme une vie sans amour.
La peur pue comme la mort.
La peur fait rouler dans nos veines un froid d’outre-tombe.
La peur charrie dans nos sangs des fantasmes plein de larmes
Et les rend épais comme une lave glacée.

La peur tient mon corps bien trop éloigné du tien - je devrais me chauffer au soleil de ton altérité, m’ouvrir à la caresse de ta virilité et jouir de t’avoir croisé.
La peur tient mon âme bien trop éloignée de la tienne - je devrais t’inviter à ma table, goûter la joie de mots qui ne sont pas les miens et rire du pain partagé.

La peur est entrée un jour, il y a longtemps et je ne sais plus quand, dans mon ventre, dans mes côtes, dans ma tête, à coups de poings, à coups de ceinture, à coups de pieds, à coups de trique.
La peur s’est enfoncée dans mes reins à la force des cris, à la force des menaces, à la force des diktats.

La peur tapit mon esprit dans un coin sombre de moi-même, elle me replie sur moi comme un linceul sur un corps.

Elle me ligote les mains que je voudrais tendre, elle me gifle la joue que j’aimerais que tu embrasses, elle me tord le coeur et me ronge les tripes, en me laissant muette.

Sournoise, elle est là à attendre.
Attendre que je croie qu’elle ne m’attend plus.
Et me saute à la gorge, cette salope !
S’accroche à ma nuque, me mord comme un chien et ne me lâche plus.
Elle est là et me musèle, m’écartèle, vilain sosie, ombre hideuse qui me bouche les yeux de son reflet immonde.

La peur se glisse dans mon appartement et me fait halluciner des hordes immobiles et menaçantes que le moindre de mes souffles peut déchaîner.
La peur se faufile entre mes jambes et les fait se tenir fermées, plus closes que la porte d’un couvent.

La peur est une dictature qu’on ne peut combattre que par la vie.
La peur est un tyran qu’on ne peut démettre que par l’amour.

Le premier pas vers toi, timidement, esquissé, à peine dévoilé.
Le premier mot vers toi, doucement, murmuré, à peine prononcé.

Tu as pris ce premier pas et tu as pris ce premier mot, Et tu les as tressés de tes doigts si agiles en une guirlande pleine de sourires que je ne comprenais pas, Et tu l’as mise autour de mon cou.

La peur s’est envolée.

Sans rien me demander, tu es reparti, et tout , soudain, était plus léger.

Tu m’avais laissé un mot sur l’oreiller.

Ce mot c’était "FRATERNITE"

source : La louve rôde


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Newsletter | Nous contacter | Qui sommes-nous ? | SPIP
Les articles sont publiés sous licence Creative Commons.
Ils sont à votre disposition, veillez à mentionner l'auteur et le site émetteur.