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La Vengeance des mères de Jim Fergus, traduit de l’anglais (Usa) par Jean-Luc Piningre

samedi 7 avril 2018, par Cathy Garcia

"La Vengeance des mères" est sortie en 2016, la suite, seize ans après, de Mille femmes blanches, paru également aux éditions Cherche-Midi, un best-seller qui racontait l’incroyable échange proposé en 1875 par le chef cheyenne, Little Wolf : mille chevaux contre mille femmes blanches pour sceller la paix entre les deux peuples. L’échange est accepté par le président Grant, mais en dépit de cet accord, l’armée américaine ne tarde pas à massacrer la tribu cheyenne, seules quelques femmes blanches échappent au carnage.

Dans La Vengeance des mères, elles sont rejointes par d’autres recrues de ce programme mille femmes blanches qui entre temps n’existe plus, voire est même censé n’avoir jamais existé. Nous les découvrons au travers de plusieurs journaux intimes : celui de Molly McGill, qui était emprisonnée à Sing Sing après avoir tué un mari violent et alcoolique qui venait de battre à mort leur petite fille de 6 ans et celui des sœurs Kelly, deux jumelles irlandaises aux cheveux roux comme les flammes de l’enfer, quasi les seules rescapées du précédent massacre où elles ont perdu leurs bébés. Horrifiées par le comportement atroce de l’armée américaine, les rares rescapées ont définitivement tourné le dos au monde dont elles venaient et les nouvelles arrivées, prises elles aussi dans la tourmente, vont choisir de se ranger aux côtés des Cheyennes, jusqu’à prendre les armes avec les Lakota et les Arapahos, contre l’État fédéral qui après avoir une fois de plus manqué de respect aux traités et accords de paix*, s’est engagé dans l’extermination radicale des tribus encore libres des Black Hills, ceci avec l’aide d’éclaireurs Crows et Shoshones, tribus traditionnellement ennemies des Cheyennes.

Ces femmes guerrières ont existé, des "blanches" alliées à des indiennes, comme Pretty Nose, que l’on voit en photo sur la couverture, un portrait de Layton Alton Huffman qui date de 1878. Dans cette version romanesque de ces faits bien réels, les journaux des sœurs Kelly et de Molly Mc Gill couvrent la période du 9 mars au 25 juin 1876, la bataille en question est celle de Rosebud Creek dans le Comté de Big Horn qui s’est déroulée le 17 juin 1876 avec des guerriers menés par Crazy Horse.

Dans ces journaux, il sera question entre autre d’une aristocrate mais non conformiste anglaise, Lady Hall qui a suivi les traces de sa bien-aimée, de Lulu la française, d’Astrid la Norvégienne, de Maria la Mexicaine, d’Euphemia la "Black White Woman" et de bien d’autres femmes toutes plus braves les unes que les autres, blessées et parfois terriblement par la vie. Les unes espérant pouvoir tout oublier, tentent une nouvelle vie auprès des Indiens et qui cherchant la paix d’une vie simple et paisible trouvent la guerre et les autres qui ne peuvent rien oublier sont déjà en guerre, assoiffées de vengeance.

Comme dans le volume précédent, La Vengeance des mères est un chant d’amour à la culture indienne et à la liberté. L’auteur, ami de Jim Harrison, sillonnait l’Ouest des États-Unis avec son père durant toute son enfance, ce qu’il a vu de la condition de ce peuple l’avait profondément marqué et il n’a cessé depuis de se passionner pour lui, partageant son profond amour des grands espaces et le respect de la nature.

* "Depuis 1778, 371 traités avaient été signés avec les Indiens, la Loi d’"Indian Appropriation Act" adoptée par le Congrès le 3 mars 1871 permet de rompre avec l’ancienne politique des traités avec les tribus indiennes qui était pratiquée depuis la période coloniale. la Loi ne reconnait plus les nations indiennes indépendantes mais seulement les individus. En adoptant l’"Indian Appropriations Act", le Congrès met fin à cent ans de traités avec les tribus et lui permet d’affirmer son emprise sur les Indiens. Cette loi modificative réaffirmait toutefois la validité de tous les traités conclus avant le 3 mars 1871 avec les différentes tribus indiennes. Mais les règlements et dispositions adoptés après 1871 vidèrent de leur substance les traités, qui furent interprétés par les Américains dans un sens qui leur était favorable."

Source : http://medarus.org/NM/NMTextes/nm_06_02_indianwars_7.htm

La Vengeance des mères de Jim Fergus, traduit de l’anglais (Usa) par Jean-Luc Piningre - Cherche-Midi éd., 22 septembre 2016. 464 pages, 22 €.

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Jim Fergus est né à Chicago d’une mère française et d’un père américain. Il vit dans le Colorado. Journaliste réputé, il écrit des articles sur la gastronomie, la chasse, la pêche et la nature dans les magazines Newsweek, The Paris Review, Esquire sportmen, Outdoor Life, etc. Après son premier roman Mille femmes blanches (le cherche midi, 2000, vendu à près de 400 000 exemplaires en France), La Fille sauvage (2004), Marie Blanche (2011), Espaces sauvages (2011), Chrysis (2013) et Mon Amérique (2013)


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