dimanche 19 décembre 2010, par Franca Maï
J’ai eu la chance de tourner avec Jean Rollin. Je dis chance car c’est lui qui m’a permis de retrouver le chemin des plateaux à la suite d’un grave accident de voiture en me confiant le rôle d’Elisabeth dans son film culte Fascination.
Nous nous amusions beaucoup et les scènes se construisaient dans l’onirisme, l’improvisation, le surréalisme et les obsessions d’un réalisateur libertaire et atypique. Son regard gardait toujours ce scintillement propre à l’innocence : celui d’un rêveur qui poursuit le mythe des femmes vampires comme pour désengorger la mort et se gausser des épouvantes engendrées.
Influencé par la peinture, il a offert au cinéma français des scènes d’un dadaïsme de toute beauté et une œuvre prolifique que l’on ne peut ranger dans aucun tiroir. Sa manière à lui de crier : « Ni Dieu, ni maître ! ».
La vie qui joue sa partition à un rythme infernal nous a éloignés, bêtement. Trente ans plus tard, nous nous sommes retrouvés grâce à la magie du téléphone. C’était... il y a quelques mois. Nous avons alors partagé et découvert notre prose respective et Jean m’a aiguillée sur ses romans singuliers dans lesquels j’ai retrouvé la cohérence de sa quête fantastique.
Nous devions nous revoir en chair et en os.
Un rendez-vous manqué.
Regrets éternels.
Adieu Jean et longue route au pays des songes.
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