Il me dit qu’il devrait faire un régime,
Qu’il s’en est foutu plein la gueule pendant les fêtes.
Il me dit, aussi, que les tisanes aident pour le transite.
Il prend son verre
Et
S’envoie d’une traite la moitié d’un godet de bière,
Comme ça, cul sec,
Comme s’il avait peur de quelque chose,
Comme si son putain de verre
Allait ramper tout seul vers la sortie
Le privant de son plaisir de ne manquer de rien,
De sa liberté de manger le temps comme bon lui semble.
Il m’accroche le regard avec ses yeux assassins,
Accusateurs et colériques.
Sa tête transpire la haine et il s’en fout.
Les bonnes questions arriveront bien assez tôt,
Quand on sentira qu’il faut apporter les bonnes réponses,
Sans doute.
Mais, ce temps n’est pas encore arrivé pour tout le monde,
Une poignée, peut être,
Je ne suis pas sûr.
« Imer etvas » qu’il me dit.
« Toujours ça de pris » en Allemand.
Je prends mon verre et je fais comme lui.
Je ne suis pas mieux, pas pire.
Quelques fois, le temps passe et ne change rien
Au cours immuable des choses,
Comme ces corps, inertes, sans intérêts, regardant passer le train.
Je saisis mon verre et je laisse le liquide glisser en moi,
Lentement,
Sans savoir quoi dire,
Tout en regardant le comptoir qui brille
Et quelques ombres qui dansent dessus.
Je pense à l’Afrique et aux ventres des lions
Qui se repaissent des victimes
Pendant que la femme et l’enfant fuient
Les rayons du soleil meurtriers,
Juste avant que n’arrive
Le froid glacial
De la Nuit.