mardi 2 novembre 2004, par Franca Maï
L’indécence serait de se taire.
Après tout, voyez comme ils courent.
Essoufflés, entendraient-ils le souffle
D’une bouche refermée ?
Mais c’est là, chaud et rouge
A couler de votre cuir chevelu
A se répandre sur le macadam
A coller la sueur salée en vos oripeaux
La ligne était pourtant droite
Le blanc immaculé de la neige poudreuse
Miroitait la quiétude d’une route facile
Et pourtant
Il se dresse devant vous
Bavant comme un rapace assoiffé
Ce véhicule étincelant
Aux roues non dressées
Et vous comprenez qu’un frein n’y fera rien
Le vertige inévitable
De la chair éclatée
Les tôles froissées feulent
Et les lucioles rouges de l’ambulance
Soulignent le bleu des veines
Le son de l’alarme
Berce vos chimères
En une mélopée lancinante
Votre destin prometteur vient de fuguer
Vous aviez dix-neuf ans
Un trou dans la chaussée
L’indécence serait de se taire.
Après tout, voyez comme ils courent.
Essoufflés, entendraient-ils le souffle
D’une bouche refermée ?