lundi 10 mars 2014, par Marianne Desroziers
Sa seconde peau. Noire, transparente, lisse, brillante, un rien satinée, finement ajourée, élastique et délicate, parfaitement unifiée. Laissant apparaître un grain de beauté. Laissant deviner le bleu d’une veine. Laissant voir l’ombre d’une cicatrice ancienne.
Elle l’avait choisie comme on choisit un bon vin ou un parfum de luxe, avec lenteur, application, délicatesse. Mais avec sérieux aussi. Comme une experte. C’était une affaire de première importance. Elle n’avait pas droit à l’erreur.
Elle avait pris tout son temps pour sélectionner sa seconde peau. Cela avait duré presque une heure. Elle en avait observé plusieurs du coin de l’œil, comme par en-dessous, sans oser vraiment, pas certaine qu’elles en vaillent la peine. Elle en avait comparé trois ou quatre, qu’elle trouvait de meilleure facture. Puis elle avait jeté son dévolu sur l’une d’elle. Elle l’avait touchée, caressée, respirée, écoutée vibrer sous ses doigts.
Ses doigts. Ses longs doigts fins impeccablement manucurés. Ses doigts qui couraient si bien sur la seconde peau. Des petits crissements à la limite du supportable.
Ce qui s’était passé entre elle et sa seconde peau était de l’ordre du coup de foudre, de la rencontre mystique. Elles étaient faites l’une pour l’autre. Après qu’elle eut choisi sa seconde peau, sa seconde peau l’adopta.
La seconde peau de Madame, celle qu’elle offrira aux hommes de passage qui parfois s’attardent. Une paire de bas de soie noire.