mercredi 15 juillet 2015, par Mireille Disdero
Dès les premières lignes de ce polar « des rizières », le lecteur est invité au cœur de l’Isan, dans le Nord-Est de la Thaïlande, où il partage avec l’auteur ce moment magique où les vieilles paysannes cancanent encore discrètement en arrière-cuisine tout en s’affairant à cuire le riz gluant sur leur brasero. Pour quelqu’un qui ne connait pas le pays, c’est un véritable baptême où il lui est permis de plonger dans la vraie vie des gens sans passer par la case « farang » ou « touriste ». Pour les autres, c’est un petit régal du début à la fin.
Au fil du récit, le lecteur fait la connaissance de Prik, 45 ans, ex-inspecteur à Paris ayant retrouvé ses racines maternelles siamoises. Aidé de ses cousins, il se reconvertit paysan et travaille maintenant la terre. Tout se complique quand, en labourant, il découvre le crâne d’un… farang. Qui est-il, comment et pourquoi est-il enterré là, sans sépulture ? L’histoire le dira, mais pas tout de suite !
De nombreux déplacements (L’Isan, Bangkok, Pattaya, Paris, Milan…) et rebondissements se succèdent avant que l’intrigue ne soit révélée. Enrichi par des personnages attachants et bien campés, le récit va bon train. L’enquête, originale, est solidement construite. Mais la cerise sur le gâteau, pour le lecteur, reste cette immersion dans la culture et la vie des gens en Thaïlande. On sent à travers les mots de l’auteur qu’il connaît et apprécie profondément le pays et plus particulièrement l’Isan.
La vaste plaine d’Isan se parait à cette époque de toutes les teintes de vert que comptait la Création. Un océan de vert, comme aimait à le dire Prik. Les cousins et Prik, assistés de Dunlop et de trois autres gars du village, avaient encore plusieurs journées de repiquage. Ce travail était dur et fastidieux, enfoncés dans la boue jusqu’aux genoux, sous les averses cataclysmiques de mousson ; il fallait bien s’y coller cependant et puis, le soir, on dormait à poings fermés.
Alors, tout le plaisir du lecteur se concentre dans cet échange avec l’auteur qui distille et savoure le suc du pays, tout naturellement.
A lire, à partager… Jusqu’aux prochaines enquêtes de l’inspecteur des rizières.
Cet éditeur publie également une collection Reflets de Thaïlande dans laquelle vous pouvez retrouver Cabarets, de Simon Kolton (photographies) et Mireille Disdero (textes) : Récits brefs et photographies prises dans les coulisses de spectacles de cabarets mettant en relief la beauté des transsexuels thaïs (L’Éditeur).