mardi 7 avril 2015, par Le Collectif Sistoeurs
Une vision décalée qui permet à Mireille Disdero d’aller puiser au-delà de l’apparence, dans la « vraie vie des gens » et de poser des mots et une histoire sur les visages. Sur scène, face aux applaudissements, elles s’affichent magnifiques. Mais dans l’agitation des coulisses, elles deviennent plus belles encore, car elles tombent les masques. Alors affleure leur existence, la vraie, fragile et sans fard, comme un souvenir des marais salants de l’enfance.
Cabarets de Mireille Disdero (textes) et Simon Kolton (photographies) - Editions Gope février 2015, Collection Reflets de Thaïlande N°5 (livre format numérique à télécharger ICI, Reflets de Thaïlande)
Martine Helen (rédactrice littéraire au magazine Gavroche, Bangkok, Thaïlande)
Lady Night
C’est la nuit très tôt, au Cabaret
Même quand crachent les couleurs
On entend des rires, des cris étouffés
Et la porte claque sur l’arrière-scène.
À l’envers des corps, Exhibition.
Dans leurs peignoirs, les artistes trans,
Katoeys ou Lady-boys démaquillent le jour
Mais elle, énorme sirène alanguie
S’expose nue sur le plancher.
Ni femme, ni homme mais Lady
Style déesse de la nuit
Vêtue de fond de teint jusque sur les seins
Elle enfile ses rêves sur une corde raide.
Look ! Ma chair explose dans ton regard.
Devant leur miroir, les autres l’ignorent,
Fument un bout de nuit en silence
Regards envolés vers le plafond.
Mais le ciel noir, derrière tout ça ? Pour les chiens.
My baby’s gone, quelques volutes de sèches
N’arrêteront pas le déluge de la mousson,
C’est la vallée des larmes.
Mireille Disdero