Le Show des NTM, ce soir commence par un visuel qui ne passe pas inaperçu : un mur de son imagé : Poste radiocassettes géant qui rappelle les années quatre vingt et l’époque du H.I.P.H.O.P. Dans ce décor exceptionnel, se fondent à merveille les fidèles DJ Naughty J et DJ James perchés sur des plates-formes gigantesques. Ensuite, c’est une déferlante de décibels qui s’abat sur un public encore dubitatif qui attend de voir si ce come-back sera à la hauteur du passé.
Comme au siècle dernier nos deux dinosaures prouvent qu’à 41 ans pour Kool Shen et 40 ans pour Joey Starr, ils n’ont pas perdu leur rage. C’est le célèbre « Seine Saint-Denis Style » qui ouvre les festivités, suivi de « On est encore là » et « Pose ton gun ». Notre duo charismatique est présent, pêchu, « prêt foutre le Souk et tout l’monde est cor-da » et un doigt pour le CSA.
Le public est divers, il y a les plus jeunes qui s’enflamment dans la fosse tandis que la quarantaine observe, chante, danse calmement ou ferme les yeux pour se remémorer le temps passé. S’enchainent les grands classiques… Car « tout n’est pas si facile ». A mesure que les sons passent, les décors changent et on voit alterner les clips, graffitis, feuilles de Cannabis… avec une autorisation spéciale de fumer lors de l’interprétation de « Passe le OINJ », piétinant ainsi outrageusement la loi Evin ! L’ambiance monte et ils en rajoutent une couche en mettant « la Fièvre » aux fans qui hurlent de plus en plus fort. Les NTM rappellent qu’ils ne sont plus dans la révolte mais en résistance avec « Paris sous les bombes ».
Extinction des projos, Joey appelle la foule à allumer briquets et téléphones pour « Qu’est ce qu’on attend ». Au fond de la scène, l’écran crache du feu et c’est la débandade ! Les quadragénaires n’osent pas se déchainer, alors Joey invite ceux qu’il nomme « les personnes du troisième âge qui sont dans les gradins » à participer et à en avoir pour leur Thune ! La foule se lève timidement et « la punition » tombe sur des airs de « Chapi-chapo », « l’île aux enfants » ou encore « Peter et Sloane ». La foule acclame. Ce soir « y’a du monde sur la corde à linge » et les mecs sont accompagnés de trois choristes qui reprennent en chœur les refrains de « Laisse pas trainer ton fils » et d’« Un ange dans le ciel » en hommage à Vivi, l’ancienne danseuse et compagne de Shen. Ce soir ils interprètent leurs tracks solos laissant ainsi à chacun la scène. Pour animer le show, entre deux intermèdes, une basse et une guitare électriques desquelles sort le fameux « Murder she wrote » de Chaka Demus and Pliers. Au rayon guest star, Lord Kossity est de la partie. Il est accueilli par un tonnerre d’applaudissements et la tension monte d’un cran avec « Ma Benz ».
Nos deux compères s’éclipsent un moment et cèdent le mic à EKLIPS qui va animer et chauffer la HTG au beat box. C’est une caisse résonnante et vivante qui va nous entrainer au cœur de la West Coast en reprenant les titres phares de Dre. Viennent ensuite « Chacun sa mafia » - reprise en chœur par la foule qui réplique « Chacun sa mille-fa, aujourd’hui ça s’passe comme ça » - et « Assassin de la police » : les fans font « wouwou ». Toujours aussi grande gueule Joey Starr et un des membres du crew s’en prennent à la "tasspé » assise dans le noir et qui nous guette tous. Le public s’interroge et Kool Shen, plus posé mais toujours aussi sec, nous donne son nom : Fichier et son prénom : Edvige en référence au projet de loi sur l’identité.
Ça s’bouscule ! Joey Starr, en maître incontesté du Live, vocifère et chauffe le public avec un son qui rappelle ses origines. Entre Carnaval et Gwoka, c’est avec Nathy qu’il s’élance sur scène, tenant dans une main « sa pisse de païens », et promettant de ne pas la balancer à la gueule de son public (en référence à Booba qui, le 4 Octobre dernier, à l’occasion du concert Urban Peace au stade de France, a jeté sa bouteille de Jack Daniels sur ses fans) parce que « On est des gens bien, pas vrai ? » et le public répond en chœur « Ouais ! ». C’est parti pour un tour à gauche, à droite, en arrière, en avant. La fosse suit le mouvement, saute et... pète la scène ! Joey Starr est content, il aime le bordel et ça tombe bien, le public aussi. Et rebelote pendant que les mecs de la sécurité remettent l’ordre et repêchent des filles suffocantes et en sueur. Les techniciens s’affairent et en un tour de bras, la scène est refaite, et c’est reparti pour les dernières minutes d’un beau et bon concert qui aura duré plus de deux heures.
Tandis que les projecteurs s’éteignent, la foule tape du pied, allume les briquets, scande NTM. Les voilà qui réapparaissent et terminent le show avec « Check the flow », « Pose ton Gun » et « That’s my people »version Ragga fast style.
Kool Shen et Joey Starr sont restés complices sur scène avec toujours les mêmes rôles. L’un qui bouge et qui dérange. Il jouera la carte de la provoc’ en envoyant un « j’vous encule, la presse ». L’autre plus calme et cinglant. Ils ont prouvé qu’ils demeurent- et Joey Starr ne s’en est pas caché - les maîtres en la matière.
NTM nous aura donné un concert inoubliable à base de « pow pow pow pow ». Dans les yeux du public, on pouvait lire un mélange de satisfaction et de fierté de les avoir vus ou revus peut-être pour la dernière fois.
C’est encore dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures confitures dit le dicton... Eh bien, nous, on confirme.