mardi 24 mars 2009, par Mireille Disdero
Maintenant elle devait préparer la pompe à l’huile, réunir les fruits séchés de l’automne sur des plats de faïence qui brillaient comme des sous neufs. En s’essuyant les mains sur le tablier, elle appela :
Marie !
Une petite fille blonde avec de grands cheveux sauta de la charrette pour le foin, sous le hangar. Elle fit comme si elle n’avait pas entendu sa grand-mère puis stoppa devant les clapiers. Elle savait qu’il manquait le plus doux, son préféré. Elle imaginait l’odeur du civet aux herbes sauvages, sauvages comme elle, fille des arbres dans lesquels elle se cachait pour rêver… Jusqu’au jour où son cousin était arrivé à la ferme pour lui apprendre le vélo. On fêtait Noël. Tous étaient réunis. La grand-mère avait fini de préparer le grand repas. Chacune de ses filles était arrivée avec sa contribution au banquet. On ne savait plus où mettre les plats tant ils s’accumulaient. Ça sentait bon la chaleur des fourneaux et les rires.
A la fin, la petite fille et son cousin s’étaient éclipsés vers le garage à vélos. « Je vais t’apprendre ». Bien plus tard elle avait mal partout, une entaille sur le front et les mains râpées par une méchante chute mais elle savait dès lors rouler comme les grands avec le bruit du vent dans les roues.
Alors, son cousin et elle étaient partis à vélo sur le chemin de terre dans le soir. Son beau cadeau de Noël d’enfant.