Sistoeurs

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Les suicidés

mardi 9 novembre 2004, par Séverine Capeille


On les retrouve un matin
Avec du sang plein les mains
Parce que personne n’a téléphoné
Pour les en empêcher
Personne ne les a écoutés
Quand ils voulaient parler.
Ils sont là, froid
Avec du sang sur les doigts,
Ils sont là, figés
Avec leur sang coagulé
Les suicidés.

Ce matin-là ils ont mis fin
A une vie de chagrin.
Vous vous demandez pourquoi
Ils en sont arrivés là :
Ils paraissaient heureux
Quand vous les voyiez un peu
Avec des hauts et des bas
Mais qui n’en a pas ?
Que s’était-il passé
Pour arriver à cette extrémité ?
Les suicidés.

Ils vivaient dans la solitude
Parmi vous, la multitude
Ils n’avaient pas assez d’amour
Mais vous, vous étiez sourds
Ils n’avaient pas de quoi manger
Mais vous vous en foutiez,
Du reste ils ne l’ont pas montré
Sûrement par fierté
Les suicidés.

Ils ont cédé leur place
Vous les trouvez lâches
Pour avoir eu le courage
De choisir l’heure du voyage,
Le courage de tirer
Pour pouvoir s’en aller.
Vous ne les comprenez pas
Mais on ne vous en veut pas.
Un ras le bol de lutter
Dans un monde sans pitié
Peut-être par lâcheté
Peut être par fierté
Les suicidés.

2 Messages de forum

  • > Les suicidés

    20 novembre 2004 08:26, par regis
    On oublie souvent la différence qui existe entre avoir l’intention de mettre fin à ses jours et le réel passage à l’acte...peut t’on parler de courage ,je ne saurai dire mais de "lacheté" certainement pas qd on sait la force de conviction nécessaire. A croire que dans certains cas, c’est plus difficile de se sentir aider et écouter que de mettre fin à sa vie...peut on renvoyer la balle au suicidé qui n’a fait aucun effort ,qui a été lâche...si jamais vous le pensez c’est que vous n’avez jamais été à la rue,désespéré ou plus simplement seul dans la vie.Rien n’est facile,rien n’est simple....
  • > Les suicidés

    22 janvier 2006 00:50, par Griffebleue

    Bonsoir Il y a autre chose aussi que le quidam ordinaire de valeur correcte ne supporte pas chez le suicidé, bien avant de l’accuser de l’âcheté.

    Le suicidé dit Non à la communauté des possédés, sans rémission, sans accorder le pouvoir d’illégitimisation du regard social possessif.

    Une fois mort nul ne peut lui dire, une fois mort nul ne peut se l’approprier comme capital de souffrance rivale : il n’est plus là, sauf comme aveux libre de défaite du groupe, spolié d’un de ses faire valoir.

    Il Non au monde conçu aliénant comme le meilleur par tous et pour tous : le suicidé était trop sensible, il dramatisait...

    Il Non et ne veut plus entendre la lâcheté de l’anbandon et la médiocrité des imbéciles

    Il dit Non à la souffrance collective

    Il dit non au commandement "sacré" du capitalisme de chair : car il se permet de tuer un membre du groupe et se convoite libre !

    Il dit Non et Tue


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