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Milk Coffee and Sugar : doux et corsé

vendredi 27 novembre 2009, par Keira Maameri

En sortant du concert de MILK COFFEE & SUGAR je me dis que Bruce Clarke a trouvé des collègues dans le monde du slam et du rap français : Gaël Faye (Le milk coffee) et Edgar Sekloka (le sugar).

Dans son livre "Dominations" Bruce Clarke explique, entre autre, qu’il est possible de trouver un espace d’expression contestataire, à contre courant de la pensée dominante. Ces MC’S ont choisi de ne pas rester passifs et de prendre le micro pour dénoncer la société de consommation dans laquelle nous vivons, le néo-colonialisme, l’embrigadement mental que l’on s’inflige...

J’ai moi même souvent parlé du hip hop conscient mais là on peut dire qu’on atteint un réel niveau de conscience de soi, du monde dans lequel on vit, de ce qu’on peut accepter de faire pour arriver à ses fins, de notre rôle à jouer dans cette société qui nous laisse une petite marge d’action pour pouvoir dire "j’essaie au moins de changer les choses à mon niveau".

Milk Coffee and Sugar, qu’est ce que c’est ? L’alliance des deux artistes Edgar et Gaël, le premier qu’on connaît plus en tant que slameur dans Chant d’encre et écrivain ("Coffee") et le second en tant que rappeur. Ce sont deux artistes qu’on va cataloguer de conscients ou intelligents et que par conséquent on mettra dans la case des artistes chiants. C’est très mal connaître ces deux jeunes hommes car ils savent nous attraper par là où nous sommes sensibles, c’est à dire la musique. Un doux mélange de cuivre, guitare, basse, synthé aux couleurs jazzy, hip hop et africaines. Ainsi, je n’ai pas peur de dire que Milk Coffee and Sugar est un genre de « The Roots » à la française !

C’était un mardi venteux sur Paris et la chaleur se trouvait à la boule noire, au milieu d’un public amassé en nombre où on pouvait constater que tous les âges, tous les sexes et genres se côtoyaient en bonne harmonie.

En guest sur scène comment ne pas mentionner Beat Assaillant, ce rappeur américain qui fait carrière en France...

Chacun ira de sa chanson préférée du concert mais mon moment à moi aura été la réponse faite au titre Banlieusards de Kery James, c’est à dire Alien : à travers ce morceau, Milk Coffee and Sugar nous rappelle qu’on a beau vivre dans une société capitaliste, ce système n’est pas une réponse évidente pour tous. Contrairement à Kery James qui pense que nous, « banlieusards » devons obtenir les mêmes « jouissances » capitalistes que les autres, Edgar et Gaël nous proposent une autre alternative...

(Quelques extraits de la chanson Alien ) :

Parce qu’ils veulent faire de moi un soldat au compte chèque solvable,
Je vous le dis, je suis condamné à l’échec

**

Si réussir c’est un salaire un pavillon sous hypothèque
Permettez-moi d’être condamné à l’échec

**

J’veux pas brûler des voitures, j’veux en construire et puis en vendre
Mais les voitures ne sont que des bibelots de notre consommation
Et ne méritent aucun égard dans la révolte de nos chansons

**

Où est mon HH rebelle qui fumait du hasch
Maintenant le rap prend les allures d’un sermon de DRH
Il nous encourage à faire carrière et gagner des sous
De boire toutes ces conneries fait mal au crâne
Vite faut qu’on dessaoule

**

Je n’accepterai jamais les règles qu’ils ont fabriquées
Je n’accepte que les rêves que mon cœur veut abriter


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