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Violences conjugales : le tabou du cri ultime

mardi 12 octobre 2004, par Franca Maï

Des gorges ensanglantées, des corps lacérés de coups de couteau, des visages explosés par des armes à feu, des rapports sexuels imposés, des rétines révulsées par le point d’interrogation final : Pourquoi ?

Une femme, tous les deux jours, cet été, est morte suite à des violences conjugales. 29 meutres. Ca se passe en France, peut-être dans votre voisinage, peut-être même chez vous.

Le leitmotiv : la rupture. Ces femmes souhaitaient pour la plupart se séparer de leur conjoint. Elles désiraient voler de leurs propres ailes, elles imaginaient capturer le souffle de l’indépendance. Quelquefois, elles en aimaient un autre. Et ces droits-là étaient intolérables pour la personne délaissée.

Drame passionnel est un raccourci, une caution pratique pour rester aveugle et se boucher les oreilles, lorsqu’au travers un mur, le cri tétanisant de la trouille percute le silence.

Combien de violences journalières subies avant que l’homicide conjugal n’obtienne sa conclusion fatale ?

Combien de hurlements occultés ?

Combien de regards apeurés, fuyants, mis sur le compte d’un mal-être ?…

Combien de marques et de bleus sur la peau délibérément confondus avec une œuvre d’Art abstraite ?…

Après tout, ne nous mêlons pas des affaires des autres. Chacun son fardeau, n’est-ce pas ?… Ce qui se passe dans les maisons à l’achèvement d’une nuit éthylique, relève de l’intime. Et puis une femme qui se fait frapper, c’est qu’elle aime le contact du rude !…Je peux capter ce chuchotement quelquefois à la commissure de vos lèvres.

Excepté, un jeu érotique basé sur le sado-masochisme voulu et consenti par les deux partenaires, ces femmes qui n’entrent pas dans cette catégorie -je le précise ici- subissent une tyrannie domestique journalière. Elles sont pétries de terreur et s’enferment petit à petit dans un mutisme et un isolement qui ne devraient en aucun cas échapper à notre vigilance altruiste.

Nous sommes donc tous coupables puisque nous laissons des familles quelquefois entières se décimer sans bouger le petit doigt, alors qu’au fond de nos consciences, nous devinons exactement le calvaire subi par ces femmes et leur progéniture.

Aucun être au monde n’appartient à un autre. La possession, la jalousie ou la passion ne sont pas des excuses, simplement des prétextes pour commettre un crime.

Une femme doit avoir le choix de quitter son homme sans terminer en petit tas d’os calcinés.

Actuellement, l’Etat français est dans l’incapacité de fournir aux citoyens et aux citoyennes une comptabilité exacte des homicides pour violences conjugales.

L’indifférence continue sa danse de massacre.

Le sang des femmes ne provient pas seulement de leurs menstrues...


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