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Le coup de boule du String sur la mode

samedi 8 novembre 2003, par Séverine Capeille

Le string est partout. Il s’affiche sur tous les fessiers, qu’ils soient féminins ou masculins, bombés ou bio-dégradés. Incarnant théoriquement une volonté de discrétion et de transparence, il sort facilement de ses gonds, jupes, jupons et pantalons. On le soupçonne d’avoir convaincu des stars (Mike Jagger ?), on le remarque sur les plages, on l’utilise dans les pubs... Il reflète une époque sens dessus dessous, métaphorise l’ambiance sociale - tendue comme un string - rappelle le triomphe du limité sur les idées larges... Bref, Sistoeurs tire la ficelle d’alarme et met le string sur le ring.

Se pencher sur la question du string n’est pas simple, on est exposé à en voir de toutes les couleurs. Un premier constat s’impose : entre le string et le Tanga, la frontière est mince. Ca se joue à quelques centimètres de tissu et il faut savoir choisir son camp. Pour les femmes, un Tanga est à mi-chemin entre la culotte et le string. Pour les hommes, le Tanga est beaucoup plus proche du slip que du string. Ce premier point éclairci, il s’agit d’aborder le sujet avec finesse, en collant à la fesse.

Strip string

Qu’il est loin le temps des silhouettes en forme de sabliers, des corsets trop serrés ! Que de chemin parcouru depuis les slips à poche et les culottes en coton ! Il y a eu une véritable révolution en dessous des tables. Les centimètres carrés de tissus ont perdu beaucoup de terrain depuis Sardou et ses « femmes jusqu’au bout des seins ». Pas vraiment une révolution de sans-culottes, mais il s’en est fallu d’un fil.

Le phénomène date des années quatre-vingts. Tandis que le romantique Pierre Bachelet se dit qu’« elle est d’ailleurs », la femme empile des strings dans son caddie. La mode file du mauvais coton : elle devient très sexy. La lingerie se fait érotique. Côté garçons, c’est le grand retour - il existe depuis le onzième siècle - du caleçon, au grand dam de Thierry Lhermitte qui persiste à afficher son slip kangourou dans Les Bronzés. Il faut attendre les années quatre-vingt dix pour voir les hommes investir des lignes latines et moulantes, influencées par la mode « gay ». C’est la marque Scandale qui donne le coup d’envoi du string et du slip sexy pour hommes, bientôt suivie par Dim ou Athena. En 2001, les « ventes de string auraient progressé de 27% tandis que le slip était en recul de 6% ». Le fossé se réduit, le fessier se resserre. Même la chaîne de magasins Marks & Spencer, connue pour ses collections très « british », décide (octobre 2003) d’introduire de la lingerie sexy pour homme dans ses rayons.

Dès lors, le « maillot de bain réduit à un simple cache-sexe qui laisse les fesses nues » (définition Larousse) concerne tout le monde (à croire que la parité ne tient vraiment qu’à un fil...) et les créateurs ne manquent pas d’imagination pour multiplier les modèles. A côté du string classique ou du string ceinture (plus échancré), le string anneau (qui se dégrafe sur le côté), le string fermeture éclair, le string à lacet, le string résille, le string transparent, le string maille... se retrouvent dans les collections. La raison de cet engouement collectif réside essentiellement dans une volonté de transparence. Si les « chaussettes ne se cachent plus », les marques de sous-vêtements émergeant d’un jean ou d’une jupe sont désormais exclues. En revanche, il n’est pas rare de voir dépasser les strings ou les Tangas des pantalons taille basses...

Dessous dessus

Les dessous jouent à cache-cache entre l’interdit et l’exhibition, la comédie et la vérité nue, la ficelle et le naturel. Ils témoignent de l’évolution des mentalités, renseignent sur les statuts de l’homme et de la femme dans la société, racontent les progrès technologiques. Ils brillent actuellement par leur fantaisie débridée. Car les dessous ont retourné leur veste.

Nous sommes dans l’ère de l’inversion vestimentaire. Certains couturiers balayent les idées reçues et exhibent les dessous dessus. Il suffit de regarder Madonna, habillée par Jean-Paul Gaultier, pour se faire une idée. En outre, depuis les années quatre-vingt-dix, les marques s’affichent. Le logo est placé non pas dans l’élastique de la ceinture mais sur le devant, éclatant de tous ses feux sur le minuscule support. Et là, on se souvient que la définition du carnaval, c’est l’inversion des valeurs...

« Lâche-moi le string ! ». C’est sans doute ce que disent les ménagères qui font leurs courses à la Samaritaine. L’un des plus célèbres designers de slips français, Stéphane Plassier, y distribue en exclusivité son modèle de slip kangourou pour femmes. De leurs côtés, les hommes s’accrochent à leur slip. En juin 2003, Jean-Paul Gaultier (encore lui) signe sa nouvelle collection par un « Gommez vos préjugés » et présente ses modèles vêtus de simples peignoirs entrouverts sur des slips kangourou. La mode n’a jamais autant été... sens dessus dessous. Comme notre époque ?

La France en string ?

Se pencher sur la question du string, c’est définir des limites. Celles qu’il ne faut pas dépasser. C’est éclaircir les principes de séduction, lever le voile des sous-entendus. C’est interroger les valeurs : le prix d’un string n’a absolument rien à voir avec la largeur du tissu, c’est bien connu. C’est aussi s’exposer à une volonté de changement, replacer les idées au centre, camoufler les parties honteuses... Bref, c’est faire de la politique.

Le langage s’enrichit alors de ce nouveau concept. En mai 2002, José Manuel Durao Barroso, Premier ministre portugais de centre droit, déclare que « Le Portugal est en slip », illustrant ainsi la disette budgétaire de son pays. De ce fait, les dessous - terme de la fin du siècle dernier qui se substitue à celui de linge de corps - font la Une des journaux. L’expression métaphorique s’étend rapidement - en Anglais, « slip » veut dire « glisser » - et se révèle judicieuse pour ceux qui ont tout perdu.

Alors, à une époque où le tabac augmente, où les médicaments ne sont plus remboursés, où les loyers flambent, où les jours fériés sont supprimés..., il est bien légitime de se demander si, à cet arrière train là, on ne va pas tout droit vers une France en string pour la France « d’en-bas »...

1 Message

  • > Le coup de boule du String sur la mode

    23 décembre 2004 11:45, par bertrand de born

    To string or not to string...that is a thong question ! disait le poête et je dirais même plus, tel un Dupont des fameux Dupond(t) "tant va le string à l’eau qu’à la fin il nous lâche..."

    Et oui c’est la mode et je me tâte pour y céder mais serais-je vraiment sexy dans ce "sous-vêtement" qui porte bien sa fonction.

    Non seulement les femmes sont soumises à la dictature du "moins disant" sous vestimentaire mais, nous, les hommes devons tôt ou tard céder à notre part de féminité en copiant nos "sistoeurs" au nom de l’égalité....assssssssssssssssseeeeeeeeeeeeeeez !

    Assez, vous dis-je, lachez moi le kangourou, j’en ai plein le slip de vos calbutades et autres tendances qui s’imposent... Je ne demande rien d’autre qu’un peu de confort pour le peu de masculinité qu’il me reste, un poil de maintien, une once de bien être...en mot du soutien pour mon "bien".

    De toute façon, aujourd’hui ,je resterai nu sous mon "baggy"....et pour une fois j’aurai vraiment une ficelle d’avance sur tous les aficionados de la mode....

    ....Mais...mais....C’est qu’il caille dehors, vite un Damard !

    Lettre du C.R.C.M.*

    *Collectif pour le Retour aux Culottes de Grand Mère. (..et accesoirement à la lingerie fine, aux bas de soie et à la vignette auto mais aucun lien...en fait on en discutte encore.)


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