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Moirure

mercredi 31 mai 2006, par Cathy Garcia

et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde

cette sensibilité
un peu idiote
l’humide d’un trop plein
de beauté
l’envie d’un regard
amoureux
petit cinéma personnel
qui fait salle comble

l’indécrottable romantisme
cet élan qui fait gicler
de nous-mêmes le meilleur

cet enfant en nous qui veut plaire

mais le monde peut bien hurler
il y a des crocs qui jamais ne lâchent

accueillir donc
ouvrir se fondre à l’appel
briseur de sirènes
se couler dans le courant
d’une non-réalité
s’allonger sur le fond
et du coup sur les formes

danser la danse dissolue
des algues amnésiques

des traces des marques des signes
à tâtons je cherche
puis ne cherche plus
trouve la paix
sur les ailes d’un délire
un sourire qui s’étire
comme chat reptile
œil vif

cheval blanc
brin d’herbe entre les dents
guérisseur

ouvrir la fenêtre

du bout des lèvres happer la lune
la laisser fondre sous la langue
manger la nuit
recracher ses étoiles
ces milliards de soleils dans les yeux
dans nos yeux
toujours noirs

et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane

feu
averse
vapeur
la traversée
l’entre-deux mondes

je sens la force qui émane
des anciens sillons
je sens la chaleur
des entrailles
la rougeur organique
les flux de la peur
et du désir
qui tressaute

les muscles épices
le regard perforateur
du cheval écarlate
trempé de sueur
qui se cabre

juste le souffle
pour dompter
ce cheval fou
ce cheval ivre
de cette puissance
qu’est vivre

et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde


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