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Le bruit cristallin d’un talon aiguille sur le macadam.

lundi 24 janvier 2005, par Franca Maï

Emballé, c’est pesé...

L’agonie de la truie qui couine en une litanie perçante ne percute que le plat de l’assiette vide. On oublie la douleur de la bête pour se remplir la panse. Plaisir immédiat.

Comment l’animal a-t-il été tué ? ... Noyé dans de l’eau bouillante, tabassé au gourdin, électrocuté en masse, asphyxié dans des camions surpeuplés ? ...

Tout comme certains hommes musardent dans les faubourgs peu éclairés de la ville à la recherche de sexe monnayé, combien se posent la question de savoir comment les frangines de sang atterrissent sur le trottoir et dans quelles conditions. Ils se contentent de payer un service. Un billet contre de la chair fraîche. Puis ils rentrent chez eux, vidés de leur sève embrasser leur femme et enfants. Plaisir immédiat.

Qu’en face d’eux, se présente une jeune fille nubile à peine sortie de l’adolescence ne leur pose aucun problème métaphysique. Après tout, n’a-t-elle pas choisi ce métier et ne contribuent-ils pas par leur geste « altruiste » à l’obole de la misère humaine ? ... L’hypocrisie des consommateurs à la libido peu créative.

Sachant que la Loi du 18 mars 2003 est de mettre fin aux troubles causés à l’ordre public et de lutter contre le racolage, les activités parallèles des proxénètes se sont multipliées dépassant les frontières du visible et de l’entendement pour nager dans les sphères fangeuses et abruptes des réseaux organisés. Les plus barbares.

Des chemins de traverse baptisés Enfer, où des femmes pesées et soupesées comme du bétail, n’ont que le choix de se taire par crainte de représailles. Ne pas subir la mort anticipée, comme les truies assassinées salement.

Peut-on parler de choix, lorsque l’on constate que la plupart des filles venant d’ici et d’ailleurs, sont kidnappées, violées, droguées puis lâchées dans des campements clandestins ou des studios de fortune, muselées et encagées par des maîtres-gigolos ?

Le démantèlement des réseaux n’est pas à l’ordre du jour et ne le sera jamais. Il engendre une économie juteuse que les trafiquants et les corrupteurs ne sont pas prêts à sacrifier mais les PV, les humiliations, les coups-bas pour les travailleuses du macadam pleuvent régulièrement, les empêchant de boucler leur fin de mois et de régler la cantine de leurs enfants. La société les maintenant dans une précarité sociale et sanitaire signifiée.

Alors que la Belgique, les Pays-bas ou l’Allemagne réglementent et reconnaissent la prostitution comme une activité légale, la France flirte avec la tolérance et l’intolérance cadrées, dépendant d’un arbitraire policier.

Avant l’avènement du patriarcat, la prostitution était sacralisée, élevée au rang de profession honorable. Les péripatéticiennes étaient des prêtresses de l’amour. Dès que la société a cessé d’être matriarcale et paganiste, la femme a été décrétée impure et source de persécution.

Le plaisir du pubis qui chante est devenu synonyme de chair à broyer.

Légaliser la prostitution est certainement la seule échappée oxygénante pour protéger l’exploitation des filles de sexe minute.

La bombe à parasites se doit d’être puissante et sans concession pour éliminer les cancrelats mercantiles de la chair.

Après tout une femme peut disposer de son corps comme elle l’entend, à partir du moment où ce choix ne lui est pas imposé.

Et puis une capitale illuminée de lucioles de nuit, est moins triste qu’un dortoir-musée fantomatique. Le bruit cristallin d’un talon sur le macadam tient en haleine l’insomniaque dans le monde des chimères.

N’en déplaise à ceux qui s’insurgent à l’air libre mais qui consomment en catimini. Bardés de lois mal pensées et sans capote.

1 Message

  • > Le bruit cristallin d’un talon aiguille sur le macadam.

    25 janvier 2005 11:29, par bertrand de born

    Encore une fois Franca fait mouche et touche, elle tranche à vif dans les maux de notre société...Les fleurs du macadam vont et viennent mais s’éloignent des centres villes qui deviennent peu à peu des centres vides...L’affreuse réalité des réseaux de la prostitution souvent proche de la pédophilie (tant les jeunes filles sont plus que jeunes) rend les conditions de vie de ces "filles joies" plus que dégueulasse...L’esclavage sexuel est un fléau et ces messieurs légiférants qui envoient ces filles hors des périphériques pour mettre de l’ordre (ah la notion de pureté me fait gerber) sont responsables de la dégradation de leurs conditions de travail et de vie...Je ne sais pas si la réouverture des maisons closes serait un mieux mais je pense que les pays-bas ont, encore une fois avec les tabous, quelques longueurs d’avances sur la gestion de ces problèmes...A l’heure de l’europe du business, ne serait-on pas capables de z’yeuter sur ce qui se fait de mieux chez nos voisins et frères...C’est si difficile d’être humain et de venir en aide à ces filles souvent déracinnées qui ne veulent qu’une chose, vivre tout simplement vivre, sans le poid et les menaces de salauds voraces et cupides...J’ai un profond respect pour qui vend son corps car c’est le commerce le plus intime, celui de la chair à vif, celui qui laisse des séquelles d’un client à l’autre, celui qui brûle à chaque passe et demande toujours plus d’envie d’éxister, de survivre...

    Messieur, pensez-y quand vous paierez, pensez à ce que vous faîtes de votre libido...Vous pourrez, qui sait, demander juste son nom et oser affronter son regard...

    voxx populi

    Voir en ligne : http://www.myassa.net


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