Un texte écrit par Sandrine Favari
samedi 24 avril 2010, par Le Collectif Sistoeurs
La première « écho » est une révélation. Entendre son cœur battre en moi, ça me met…une claque ! D’ailleurs, je n’arrive pas à prononcer un mot à la confirmation du verdict prévu pour fin avril. Puis le chemin se fait dans ma tête, les préoccupations quotidiennes évoluent, et ça commence par un souci d’esthétique : « il ne faut pas que je pète ! », alors je m’enduis scrupuleusement de crème anti-vergetures tous les jours. J’ai de la chance. Je vis une merveilleuse grossesse, ce qui n’est pas de cas de toutes. Nausée, remontée gastrique, malaise, hémorroïde, infection urinaire, poussée d’acné et autres réjouissances d’une grossesse : connais pas.
Les mois passent au rythme du travail intensif au volant de mon Kangoo musical sur les chantiers et des rendez vous chez le gynéco. La nouvelle suscite beaucoup d’intérêt autour de moi et les clients, les collègues, la famille et les amis viennent donner expérience, conseil et compassion. Je sens qu’on me respecte d’avantage en tant que femme. Le futur Papa, lui aussi, me facilite énormément les choses. Il me trouve belle et apporte toute son attention au petit être que je couve de caresses sur mon ventre qui s’arrondit.
Vers mon quatrième mois, une mauvaise nouvelle vient ternir le tableau. La prise de sang nécessite un contrôle plus poussé pour déceler une éventuelle trisomie 21. Là, on réalise qu’on tient à son bébé et qu’on n’envisage pas de le perdre. On me rassure en me disant que, passé les 30 ans, l’examen est chose courante, mais la nouvelle me noue la gorge pendant 24 heures. J’ai rendez vous à l’hôpital quelques semaines plus tard pour l’amniocentèse. Grâce aux résultats, je redeviens sereine, j’ai confiance et tout reprend vie quand on m’annonce en même temps que c’est une fille. Je le sentais au plus profond de moi.
Les mois défilent à toute allure. Je cesse le travail moins d’un mois avant la date d’accouchement. Il me reste à attendre les contractions douloureuses qu’on a tant abordées en cours avec la sage-femme. Puis un soir, à 21h, elles sont là…
Dans le doute, je prends sur moi, quatre heures durant à la maison. Tantôt allongée sur le canapé à respirer profondément, tantôt à faire les cent pas pour essayer d’atténuer chacune d’entre elles. Je décide de prendre un bain pour voir si ça me détend… mais rien n’y fait. Je préviens mon homme, on charge la valise, direction la clinique. Il est plus de minuit, le personnel soignant me prend en charge : c’est bien le jour J. Je suis dilatée à quatre centimètres. Je souffre et je vais devoir aller vers les dix... Heureusement nous sommes en 2010 et la péridurale va m’épargner quelques heures de calvaire. J’arrive même à m’assoupir sur la table de travail. Sarah, la sage-femme me rend visite toutes les heures pour vérifier l’évolution du col et me rassure.
Il est environ 6h30 du matin et je sens à nouveau les contractions, l’instant fatidique est proche. Le travail commence. Il s’en suit un enchainement d’efforts presque insurmontable. Les poussées soulagent la douleur des contractions et la tête du bébé avance millimètre par millimètre. Vers la fin, j’ai tellement mal que je perds confiance, j’ai l’impression que je ne vais pas y arriver. Sarah est là, elle me voit et le ressent. Elle donne une énergie incroyable pour m’encourager et me dit qu’elle sera là pour quelques efforts supplémentaires.
Je sens son corps nu sur ma peau, c’est un moment d’exaltation. Papa est là, ému, fier et courageux, il filme l’événement. Tout est calme maintenant, on respire tranquillement. Une nouvelle vie vient d’arriver sur terre et je suis mère.