vendredi 25 septembre 2009, par Mireille Disdero
Calme, heureuse (comme une ânesse qui respire l’été), sans rien faire d’autre que d’exister, je suis assise à la terrasse d’un café de la place Richelme, à Aix.
L’après-midi donne des signes de fatigue. Pas moi, je carbure au café italien. La même couleur basanée dans mon regard.
Je pense à quelqu’un, je n’en parle pas. J’y pense et avec… Envie d’une grande ville qui tombe les masques et les fringues, le soir.
Face à moi, Héloïse, que je n’ai pas revue depuis longtemps. Impression d’une conversation interrompue hier à peine. Durant des années, on a funambulé sur des parallèles. Le moment où, contre toute logique, elles se croisent est arrivé. Pendant qu’elle file aux toilettes, j’observe mes prochains de tous mes pores. Une dame commence : Fait trop chaud pour les vieux comme moi. Je lui souhaite un bon livre, à l’ombre d’un lit froid. Quand Héloïse revient, elle me fait l’apologie de la clim dans le café. Je lui souris. Les femmes me reluquent, on les dirait attirées. Une très belle, plus très jeune mais chargée d’un éclat bleu sous le cil me lance un sourire admiratif, en passant devant le café. Je me penche sur moi-même pour déceler l’accroche.
Mais je pense à quelqu’un, je n’en parle pas. J’y pense et avec… Envie d’une grande ville qui tombe les masques, le soir. Et envie de cette sensation sans les mots, avec les mains, avec tout ce qu’on possède sur cette foutue terre d’énergie et de trace d’infini.
Et je sais pourquoi les femmes me remarquent. Mais je n’en parle pas. J’y pense.