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MYASSA

Interview de Bertrand de Born, chanteur de Myassa

mardi 14 décembre 2004, par Séverine Capeille

Cinq fois. C’est le chiffre. Je l’ai écoutée cinq fois la chanson en live de Myassa. Cinq fois de suite bien sûr. En « boucle » comme on dit. A cause du refrain, je crois. Et puis la voix. Ses avancées ductiles comme des vagues… Un drôle de groupe Myassa. Qui vous laisse un je-ne-sais-quoi, un mélange de chaud et de froid. Qui vous pose l’imaginaire et la réalité, entre la télé et le plateau-repas. Quatre musiciens et un chanteur, domiciliés secteur 204, dans une cité qui s’appelle Edena. Cinq passionnés. C’est le chiffre. Le reste n’est pas quantifiable. Il y a du mystère, de l’émotion, de la rage, de l’humour, de la folie, de l’engagement, de la mélancolie, de l’espoir… et puis des gouffres hallucinants. Le Rock surtout. Le Rock qui vous prend.

Pouvez-vous nous présenter le groupe ? Comment vous êtes-vous rencontrés, et comment est né Myassa ?

Nous existons depuis 1999… Nous venons tous de groupes différents et de styles divers et variés… En fait Denis (basse), Dany ( batterie) et Eric (guitare lead) avaient formé un groupe et cherchaient un chanteur… Ils m’ont invité à faire un ou deux titres avec eux, un genre de « featuring » comme on dit chez les « majors » (je chantais à l’époque dans un groupe de néo métal, Kala azar, et avais fait quelques dates avec le groupe de Dany….c’est comme cela que nous nous sommes connus.). Depuis on ne se quitte plus !

Myassa, au fait, ça veut dire quoi ?

Il fallait un nom qui sonne et qui siffle Myassa est venu comme une évidence après quelques inhalations d’herbes folles et deux trois visions « bad trippantes »… De plus, je crois qu’un fleuve africain se nomme le « Nyassa », le « M » sonne mieux donc « Myassa »… C’est aussi une explication plausible mais à vrai dire je ne me souviens plus bien…. Au fait, vous êtes qui ?

Comment qualifieriez-vous votre album « Myassa La Plage », enregistré en concert acoustique le 1er juillet 2004 au Café de la Plage ?

Je ne le qualifierais pas vraiment… C’est le hasard qui nous a amené à réaliser cette performance étrange d’adapter nos morceaux électriques et saturés en une version « unplugged » loin de nos « attentats sonores habituels »… Nous devions, dans le cadre d’une soirée faire quelques titres acoustiques (la salle du « café de la plage » -Paris- était trop petite)… Nous en avons profité pour faire une prise live au cas où…. C’était probant, on l’a gardé… Maintenant nous alternons les deux ambiances ce qui nous permet de jouer dans toutes les configurations possibles avec des atmosphères spécifiques à chaque set.

Dans vos chansons, il y a le rêve et l’imaginaire, l’amour et la mort, la réalité et le virtuel… tout ça brassé entre l’énergie et la mélodie, entre le Didjeridoo et la batterie… Des morceaux explosifs, des tempêtes, et puis des passages au ralenti… Vous avez une recette pour créer cette belle alchimie ?

Nous sommes tous un peu schizophrènes, surtout moi et les « autres » qui sont dans ma tête… mais je ne le dis pas trop fort car ils vont se réveiller…

Euh oui… En fait nous avons tous des expériences diverses et une culture musicale variée ce qui nous permet de poser des ambiances radicalement différentes d’un morceau à l’autre sans chercher à adhérer à un style précis… L’essentiel est d’amener celui ou celle qui écoute à plonger avec nous dans l’histoire et le monde que je tente de décrire… La recette se réalise quand le groupe et le public se retrouvent dans le morceau au point de non retour… ici en bas à droite, derrière le « gouffre aux hallucinations »….Vous ne trouvez pas qu’il fait froid ici ?

Quelles sont vos influences ?

HAAAAAAAA…. Je hais cette question !
Mais parce que c’est vous, je vais tentez d’y répondre… euh…. ben… c’est à dire… des trucs quoi !
Pour ma part, car les autres membres ont leurs idoles, j’ai été un élève assidu du grand maître Mouldar-Tagarashnu un illustre chanteur soufi de la fin du 20ème siècle.
Pour le reste, mon écriture s’est enivrée de tout ce que la littérature compte de poètes maudits et autres naïades de la Star academy….il fait vraiment froid ici !

J’ai frissonné sur le live acoustique de « Sarabande Marine ». Il y a un lien pour écouter cette chanson sur votre blog, mais ça ne marche pas…

Quoi, ça ne marche pas… putain de technologie… normalement vous faites http// :www.myassa.net ensuite vous descendez sur la radioblog et là en cliquant dessus ça marche… ah mais, des têtes vont tomber à mon retour… si, si, je vous le jure ça ne se passera pas comme cela….Vous pouvez monter le chauffage, je caille !

Quels sont vos projets ?

Nous sommes enfermés dans notre ghetto douillet situé en secteur 204 à Edena-city pour réaliser notre premier album « nouvel air ! ? », je pense qu’il sera prêt au printemps… Quand à la forme qu’il prendra je dirai que c’est une affaire d’opportunités… Les labels ne courent pas les rues et l’argent se fait rare pour des groupes qui veulent défendre une musique autre que celle que l’on vous « dégueule » par la boîte à images… De toutes façons, il sera en perdition sur la toile et vous n’aurez qu’à lancer l’hameçon… C’est si simple aujourd’hui et tellement plus convivial.

Que pensez-vous de la polémique actuelle du P2P et de ses conséquences dramatiques sur des mômes livrés à la vindicte du public en tant que pirates ?

Nous le sommes tous et moi le premier !
En fait, je pense tout d’abord que le disque est en train de mourir.
Je ne dis pas qu’il n’y en aura plus car il restera l’objet de collection à l’instar des vinyles que l’on aimera avoir et toucher. Les groupes travaillent leurs pochettes jusqu’à la folie et c’est bien mieux pour la créativité.
Bref, le disque ne sera plus un objet pour faire du fric mais simplement une partie de la communication de l’artiste, un simple point de visibilité. Cela nous amène au Net et au mp3 qui circulent encore plus vite que les disques et permettent de faire connaître les artistes à la vitesse de la lumière à travers notre globe… C’est ça l’avenir, et le but du mp3 est de remplir les salles de concerts car c’est le live, le vrai sans intermédiaires (ou très peu) qui fera la différence entre un groupe de potes qui donnent tout sur scène et le produit made in « majors » qui sent bon la rentabilité à court terme et la culture au ras des chiottes.

Que pensez-vous d’un homme tel que Pascal Nègre qui n’aurait pas signé des artistes majeurs comme Brel ou Morrisson ?

La même chose que celui qui a pour éthique, de vendre du temps de cerveau humain disponible à Coca cola… C’est la même démarche, on fait un produit qui va plaire au plus grand nombre avec le moins d’investissement possible en argent et en « acte artistique » et on le matraque jusqu’à ce que les gens pensent que rien d’autre n’existe… D’ailleurs ces deux messieurs travaillent ensemble non ? Bien sur ils vous diront que leurs bénefs vont à « la création » aux « jeunes talents »… Allez, allez gave moi d’Eden flou mec, vas y encore et bourre à donf ! Ca y est, vous m’avez énervé… et ce froid qui me glace !

Pouvez-vous nous raconter un événement marquant de votre enfance ?

Je sautais de flaques en flaques dans une cour de ferme, c’était en hiver, j’étais heureux avec mes bottes en caoutchouc rouge de chez carrefour, j’aimais mes parents et le gigot du dimanche aussi mais pas les bisous de Tata Margueritte qui piquaient la joue… beurk ! Donc, je sautais dans les flaques joyeusement et soudain la dernière flaque fut un trou de deux mètres de profondeur… Une eau saumâtre peuplée de vers et de branches mortes… je suis ressorti seul dégoulinant, pleurant, vomissant ma ration de miel pops… Ma mère m’a mis à poil et je suis resté dans la voiture nu et grelottant sous les quolibets de mes amis… Ils n’ont pas ri longtemps, ils sont tous morts dans l’accident de car qui les ramenait chez leurs parents… Ce n’est pas de l’eau qui coule sous votre chaise ?

La femme idéale posséderait quels traits de caractère ?

Cela dépend des options que l’on me vendra chez le constructeur… vous savez c’est délicat de trouver une « femme idéale »… Je suis tellement difficile et exigeant… Pour être sérieux je vous dirai qu’elle doit être cultivée, aimer le vin et la bonne bouffe et surtout qu’elle me fasse rire… Les autre détails se découvrent au fur et à mesure… euh, vous faîtes quoi ce soir ? Je connais une table exquise à deux pas d’ici et c’est bien chauffé…

Si je vous dis cheval et Nietzsche quelles sont les réflexions qui vous viennent à l’esprit ?

Euh...
C’est à la fin de la vie de Nietzsche je crois… il avait complètement perdu toute notion de sa personnalité, c’était la fin et en même temps l’apothéose de ses lettres folles qu’il signait « Dyonisos »… Bref, il avait embrassé le cheval d’un fiacre qu’un cochet avait frappé devant lui…. Acte d’amour ultime sur fond de cœur brisé ou simple démence d’un homme au bord du chaos… Je ne sais pas mais j’aime assez cette sensation de point de non retour et de dérapage fatal… C’est proche de notre univers Myassesque en moins bien écrit. Je n’ai pas la prétention d’égaler Nietzsche……Comme lot je veux bien une couverture il fait si froid dans mon corps !

Racontez-nous votre dernier rêve.

Trop de sexe et de débauche : je n’ose pas mais c’était magique et tellement jouissif… C’était une soirée ultra branchée où je ne vais jamais (pas les bonnes baskets) en règle générale…Il y avait cette femme fascinante qui me parlait de ma vie sans même me connaître…elle voulait tout de moi même l’absolu, c’est vous dire… Lorsqu’elle m’a embrassé, j’ai senti le froid prendre d’assaut toute ma bouche et là j’ai compris que j’étais mort et elle aussi… mais nous avons fait quand même l’amour dans la neige fraîchement tombée… Y a pas à dire, l’enfer est pavé de bonne intentions !

Quel est votre livre de chevet ?

Les champs magnétiques d’André Breton

Pourquoi ?

C’est le merveilleux exemple de la dynamique surréaliste… On pousse les phrases jusqu’à l’absurde, jusqu’à l’ivresse et cela donne des métaphore formidables voir des fragments de vérité qui vous sautent à la gueule alors que c’est complètement incompressible… On a l’impression que ce livre vous raconte des secrets et vous donne la formule magique… J’appelle cela la mystique des mots, j’adore !

La musique, c’est… ?

Tapez 1 pour « ma vie » - Tapez 2 pour « un hobby » - Tapez 3 pour « ma réalité ».

Un message à faire passer pour terminer ?

« Moins de TF1 et plus de bouquins… et éteignez vos télés ! »

Visitez le site du groupe : Myassa .

4 Messages de forum

  • > MYASSA

    15 décembre 2004 11:34, par julie

    Je viens de lire cet article....ce gars semble quelque peu barré mais lorsque l’on vit dans un univers comme çà, c’est pas étonnant...alors longue vie à Myassa...

    Julie

    • > MYASSA 21 décembre 2004 01:46, par Gonzo
      T’es complétement rincé mon petit gars... En tout cas ne change rien, tant qu’il y aura des maux il y aura nos hurlements Et cet air qui me glace... Je m’en empresse d’aller écoutez votre son
  • > MYASSA

    17 décembre 2004 09:14
    Le salaud ! je m’appelle Bertrand, et je suis du Born ! J’aurais du déposer le nom !
  • > MYASSA

    21 décembre 2004 23:36, par Crocodile dundee

    Didjeridoo ??

    Il visualise aussi le chemin dans sa tête ?

     ??

    Oups, encore trompé de site..


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