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L’oiseau fusillé

jeudi 18 novembre 2004, par Séverine Capeille

L’horizon se meurt
La ligne de fuite est coupée
Emportée dans l’échappée
Des pas du déserteur
L’oiseau n’ose
Pas passer.

Le désert est plombé,
Vois, l’oasis du bonheur
Piétiné, sali, sapé
Par la clameur
L’oiseau, oh,
L’oiseau,
A si peur.

Les bras gesticulateurs
Les mains serrées, levées
On entend le chœur
Tragique de la fureur
L’oiseau n’ose
Plus chanter.

Le ciel endeuillé
Vois, l’horrible noirceur
Le fer assemblé
Contre la blancheur
De l’oiseau traîné
Par l’égorgeur.

Dans la boue du déshonneur
La taloche de la télé
Réalité des fossoyeurs
Cablés pas accablés
L’oiseau défiguré
De sa grandeur.

A tire d’ailes, tombé
A contre cœur,
L’oiseau libre plombé
Eponge sa sueur,
Face à l’assaut
L’oiseau s’efface
En beau seigneur.

Saigné comme par erreur
De son trou sur le côté
Pénètre la froideur.
Frappé d’infirmité
Sous les rires persifleurs,
Dieu, l’oiseau prie
Et l’oiseau pleure.

L’effronté écarté
La tête baignée dans la couleur
Rouge. L’oiseau fusillé
N’a aucun défenseur.
Ses paupières fermées
Il paye de sa pâleur
Sa folie, sa candeur
Son rêve de voler
Dans les hauteurs.

2 Messages de forum

  • > L’oiseau fusillé

    20 novembre 2004 08:18, par regis
    Toujours très beau mais le réalisme fait froid dans le dos
  • > L’oiseau fusillé

    29 octobre 2006 18:19, par Jean-Pierre Desthuilliers alias Adamantane

    Ces oiseaux ne sont-ils
    Que copeaux de nuées
    Varlopés par le fer
    Acéré des orages ?

    Leur envol délébile
    Peut-il se transmuer
    Si leur aile a souffert
    De heurter le nuage ?

    Le souffle ainsi-soit-il
    Aux psaumes englués
    Est-il crainte d’enfer
    Ou désir de naufrage ?

    Est-ce serment futile
    D’ornements dénué
    Que l’oiseleur profère
    Aux portes de la cage ?

    Combien d’orbes faut-il
    Graver pour écrouer
    Dans une nasse d’air
    Ces oiseaux de passage ?

    Parole volatile,
    quels aveux dénoués
    À cris rauques suggèrent
    Leur trace sur la page ?

    Beaux oiseaux vous faut-il
    En nos yeux refluer
    Comme larme à l’envers
    Pour signer le message

    Qu’un assassin subtil
    En l’art du bien tuer
    Grave aux bois des calvaires,
    Aux cadavres sauvages ?

    Voir en ligne : Langage des oiseaux


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