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Fly girls

Histoire (s) du hip-hop féminin en France.

dimanche 20 juin 2010, par Laetitia Tendart

Elles s’appellent Sté, Diam’s, Keny, Keira, Dj Pom, sista Cheefa, AC, Lady Laistee, Wallen, K-Reen , Bintou, Yasmina, Roll-K, Aniès ... et elles ont toutes un point commun : La culture hip-hop.
Le hip-hop, elles le portent dans le cœur et dans les tripes. Chacune d’elle a apporté sa pierre à l’édifice pour donner une identité féminine au hip-hop Français. Envers et contre tout et Tous, elles y sont parvenues. Elles ont mouillé le maillot, brûlé les planches de grandes salles, ont imposé leur flow et leur style. Certaines d’entre elles ont connu une ascension fulgurante tandis que les autres sont restées dans le milieu underground ou travaillent dans l’ombre. Elles ont inscrit leurs noms en lettres capitales dans les champs auditifs et visuels Français.
Sté Strausz (rappeuse) et Antoine Dole (écrivain) racontent dans « Fly Girls » le Hip-hop féminin en France.

AC

Il y a celles qui rappent, celles qui graffent, écrivent, filment, sculptent, dansent, photographient, mixent... Activistes dès les premières heures ou nouvelles débarquées, les « Fly Girls » ont su se frayer un chemin dans un monde plein de testostérones et réussi à apporter des lettres de noblesse au mouvement, non sans mal.

Lady Laistee

Il faut reclasser les évènements dans leur contexte, nous sommes dans les années 80 et le hip-hop nait tout juste en France. C’est nouveau et les jeunes accrochent. Des voix s’élèvent des ghettos, la rue révèle ses talents et, du béton, surgissent des artistes. D’emblée, l’ambiance est masculine et virile mais dans l’ombre des mâles, les nanas se préparent à faire leur entrée fracassante dans la place. Une touche féminine, dans cet univers où elles ne sont pas prises au sérieux, nos artistes s’arment et dégainent leur flow, leurs platines. Le hip-hop, elles l’ont dans le sang, alors elles vont le montrer. La rage d’y arriver sera plus forte que tout et le talent reste le maitre mot de ces « vétérans » d’un nouveau genre.

B-girl-anne-nguyen

Sté Strausz et Antoine dressent un portrait de ces nanas du bitume à travers des témoignages, des photos, des récits, des anecdotes. On découvre ainsi au fil des pages les premières fois, le trac de Bam’s qui doit faire ses preuves face à RZA, la dextérité de Béa Anjua qui confectionne des bijoux uniques, la montée d’adrénaline de Lady Alezia qui reconnait que dans le graffiti « la période vandale est un passage obligé ». On se rapproche un peu plus d’elles, elles nous semblent familières, on pénètre dans cette infime partie de leur univers qu’elles ont accepté de dévoiler. On entre dans leur passé, on sourit, on s’étonne, on s’émeut.

Max l’Or

Filles, femmes, mères, on les imagine prises entre couches et biberons, un taf, un petit ami, des potes ... le stylo, la bombe, la caméra, le mic en main, prêtes à retranscrire, dénoncer, taguer l’ambiance urbaine. Il y a celles qui militent ardemment comme Keny, celles comme Roll-K qui assument leur sexualité et en parlent sans complexe, assez crûment et préviennent : il est « Inutile de jouer les Don Juan quand tu pénètres [leur] donjon » (Sadomasopalace). Toutes différentes les unes des autres, on prend plaisir à lire d’avantage, même si on regrette l’absence de Casey ou de Nemesis.

Roll-K

On referme les pages avec l’envie de réécouter du bon son féminin bien Français, de découvrir celles qu’on ne connait pas et enfin soutenir ces amazones urbaines. On leur souhaite bien entendu de continuer à égayer nos murs, à nous faire chanter et danser.

Non, Sté "Le hip hop ne sera jamais mort".

Dj Pom

"Fly Girls : Histoire(s) du hip-hop féminin en France" de Sté Strausz et Antoine Dole
123 pages / Au Diable Vauvert
25 euros
Photos © Emmanuelle Tricoire


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