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Les courants d’Hair

jeudi 24 mars 2005, par Laetitia Tendart

Pour symboliser la beauté féminine, qu’importe que les cheveux soient blonds ou bruns, ils doivent avant tout être doux et soyeux, s’enrouler autour des doigts sans accrocher, retomber sur les épaules dans un mouvement de cou parfaitement maîtrisé… Alors forcément, en comparaison, les cheveux « crépus », grainés et dénués de grâce, sont longtemps méprisés.

Au début du XXe siècle, les critères esthétiques relatifs à la beauté noire se mettent en place. C.J. Walker, offre une seconde vie aux cheveux crépus. Finie l’époque des cheveux difficiles à discipliner au naturel : apparaissent aux quatre coins du monde des noirs aux cheveux… lisses ! La rédemption.

Défrisé, le « nègre » trouve enfin sa place dans une société qui l’a vilipendé. Les années 60 clament haut et fort : « Black is beautiful ! » alors on suit les courants - d’Hair- et le mouvement s’impose au bout du fer… « Black is Beautiful », c’est clair, mais si on peut éviter le retour du cheveu naturel, on préfère…


Des cheveux chargés d’histoire, ou des livres ouverts sur nos vies.
Pendant les siècles d’esclavage, l’esthétique noire est ridiculisée. Les premiers critères de discriminations physiques relatifs aux noirs apparaissent, concrétisées par des idées péjoratives sur la peau, l’odeur, la sexualité et les cheveux. Avec l’abolition de l’esclavage, les noirs des Etats-Unis appartiennent désormais à l’histoire occidentale et se voient contraints, pour intégrer cette société, d’assimiler les valeurs du nouveau monde. Les noirs transforment ainsi leur apparence physique et sociale. Les ménagères s’activent. Et la débrouillardise paie. Au début du XXe siècle, la veuve C.J. Walker, domestique jusqu’en 1905, commence à fabriquer des produits cosmétiques. Les fers à friser voient le jour, provoquant une véritable révolution. Les « tantines » deviennent des femmes modernes, disent adieu aux nœuds et frisottis qui leur gâchaient la vie. Fini le calvaire ! Fini les moqueries !

Du crépu au cheveu lisse, ou « Chassez le naturel, il revient au galop. »
Le fer à friser est une bénédiction des dieux. Soit. Mais avant de devenir lisse, il faut endurer de longues heures de souffrance. Des heures à laver, peigner, séparer le cheveu avant de l’étouffer avec des tonnes de vaseline. Ensuite, il faut chauffer le fer, peigner et éviter de bouger sous peine de brûlures. On sent la vapeur brûler le cuir chevelu et la chaleur brûler le cheveu. Ca pue. Ca étouffe. Ca oppresse. Des heures à souffrir pour retrouver le cheveu crépu au moindre contact avec l’eau ! C’est alors que, pour pallier à cela, les ménagères ont l’idée de confectionner des lotions défrisantes plus fiables que le fer à friser. Et tout comme le fer, les lotions traversent les frontières.

Les flacons entrent dans toutes les maisons. C’est la gloire du défrisant, le « sauveur » de millions de gens. Un mélange corrosif composé de lessive, de pommes de terre et d’œufs crus qu’il faut appliquer sur les cheveux et laisser agir quelques minutes. Une mixture qui brûle le cuir chevelu, mais peu importe puisque les cheveux sont raides plus longtemps. C’est l’euphorie générale. Même les hommes s’y mettent (Malcolm X, Duke Ellington ...), et certains adoptent le style « conk » (défrisé, court sur les côtés et la nuque, gonflé sur le dessus). Des lotions comme « Kinkilla » et « Kink-no-more » (plus jamais crépus) sont lancées sur le marché. C’est la ruée.

On s’arrache désormais ces produits pour gommer cette négritude qui a longtemps été un handicap. L’Afrique elle-même n’est pas épargnée. Finies les chicottes (tresses nouées avec du fil) et les arabes (tresses plaquées). Le cheveu est désormais révélateur d’un statut social.

Du cheveu lisse au long cheveu, ou l’éternel problème.
Après avoir victorieusement (quoique momentanément) changé la texture du cheveu, il faut trouver un moyen de l’allonger. Certaines valeurs étant associées à la longueur, il faut rattraper la distance. Et pour cela, on crée les rallonges (crin d’un cheval), ce qui a l’avantage de procurer, en plus de la raideur, le choix de la longueur et la couleur. Dès lors, on voit partout des « mamiwatas » (femmes sirènes). Les négresses peuvent concrétiser leurs rêves de longueur (voyez Patra, Brandy, les sœurs Williams ou même Yannick Noah). On a, selon ses humeurs, le cheveu long, lisse, ou court.

« Black power », ou le retour aux sources.
Le rêve en mains, les Blacks exhibent leurs belles tignasses longues et raides. Les années soixante proclament cependant un retour aux sources, donc au naturel. Il s’agit de s’assumer et d’apprécier sa négritude, pour ne pas dire sa « crépitude ». Car le cheveu black est naturellement crépu. Le « renouveau » noir affiche l’afro, le court. De grands noms de la diaspora afro-américaine (Angéla Davis, Malcolm X, Jessie Jackson...) arpentent fièrement les rues avec « la Gouffa ». Mais les données ont changé et un retour au crépu n’est pas du goût de tous. On préfère le cheveu dénaturé. Il est plus doux au toucher.

« Dread » pour l’authenticité, ou mèches rebelles.
C’est avec Marcus Garvey, qui prône un retour sur la terre de ses ancêtres, que les dreads vont véritablement exploser. Pourtant c’est un phénomène qui existe depuis le Ve siècle (selon des croyances Hindouistes, les dreads sont le symbole d’une quête de spiritualité). On s’intéresse à la tendance Dread, et l’on remonte à Ras Tafari, prince africain, couronné Hailé Sélassié. Bob Marley, leader incontesté de la musique reggæ traverse les frontières avec sa crinière. Sa chevelure rappelle celle du lion, donc l’Afrique. A Kingston, les bidonvilles sont pourtant passés au tamis pour raser les rastas qui représentent, pour l’empire britannique, « L’africain primitif revenu à l’état sauvage ». Whoopi Goldberg, Toni Morrison, Lauryn Hill ont adopté les dreads.

« Curl attitude », ou Brushing.
Michael Jackson, dans « Thriller », débarque avec un curly. Mais des contraintes apparaissent. Il faut appliquer quotidiennement un fixateur liquide à base de vaseline. Ca dégouline de partout et l’on ne passe pas inaperçu !

C’est le brushing qui promet aux cheveux de voler au vent. Avec lui, on peut enfin passer la main dans les cheveux sans que les nœuds fassent sursauter, et sans salir son partenaire.

Cheveu synthétique, ou 100% « human hair »
Quand les cheveux synthétiques apparaissent dans les années 80, c’est une révolution. La femme noire est comblée, et l’on voit apparaître les premiers Tissages (qui consistent à coudre des cheveux synthétiques ou naturels sur des tresses). La négresse est aux anges, elle peut enfin passer « ses cheveux » derrière l’oreille.

Les techniques s’améliorant, on passe du cheveu synthétique au cheveu naturel, des tresses à la colle. La cerise sur la gâteau, si l’on peut dire, c’est l’extension. Naomi Campbell, Beyonce et Mary J. Blige en sont des fans incontestés.

"Black is business, ou Black is the color of my true love’s hair".
Selon certaines sources, il semblerait que les femmes afro achètent trois à cinq fois plus de produits capillaires que les autres femmes. Chez L’Oréal, on estime que les ventes de produits spécifiques au consommateur afro représentent 80 à 90% des ventes mondiales. C’est pour cela qu’ils ont fait appel à la star du moment, la sublime Beyonce Knowles, pour attirer la consommatrice afro. Mais personne n’est dupe. « Hot liss » sur un tissage lisse ne peut que lisser ! Parce qu’elle le vaut bien, Beyonce nous ment.

Naturels ou dénaturés ?
Beaucoup d’entre nous reviennent à la chevelure naturelle, mais on observe les regards surpris. On entend souvent « Tu vas craquer, tu te défriseras dans pas longtemps ». Un retour au naturel est qualifié de « radical » ou plus gentiment « roots », comme s’il fallait s’inscrire dans un courant quelconque pour éviter le parcours du combattant qu’entraîne le défrisage des cheveux. Rappelons que de nombreuses femmes se retrouvent les tempes dégarnies pour avoir agressé le crépu avec des tresses fines, des rajouts et défrisages. Que de temps et de douleurs pour tenter de maîtriser le cheveu rebelle avant que de le voir tomber, emporté par le peigne !

Souffrez pour être belles. Souffrez si vous le souhaitez. Stressez devant les lotions, les brosses et les heures à tresser. Moi je crois que la vraie beauté, c’est celle qui se révèle quand on sait s’accepter, tel que l’on est, sans tricher.

32 Messages de forum

  • > Les courants d’Hair

    1er avril 2005 00:33

    Le texte est on ne peu plus interressant cependant la redondance du mot négresse pourrait paraître péjoratif si tous cela ne venait d’une black.

    Néanmoins je vous tire mon chapeau bien bas mademoiselle Tendart

    • > Les courants d’Hair 7 avril 2005 00:20, par marie
      j’ai beaucoup aimé votre texte et je vous remercie de votre réflexion
      • > Les courants d’Hair 22 août 2006 11:42, par La perle

        moi aussi je suis completement d’accord avec ce que tu as écrit... d’autant plus que je suis defrisé et cherche à retrouver mes cheveux naturelle. je vais les couper pour avoir un resultat asse vite...

        merci pour ton texte

        perledesantilles1980@hotmail.com

    • > Les courants d’Hair 6 octobre 2009 17:12, par Roz

      Depuis quand Négresse est il péjoratif ?

      ou pardon, Quand cessera t’il de l’être ?

    • > Les courants d’Hair 6 octobre 2009 17:29, par Toma
      Coucou Moi je dis si tu met des rajouts cest pour permettre a tes cheve detre protégé du froid occidental donc voilaa aussi fo savoir on peut aimer ses cheveux crépus OUBIEN protégé ses cheveux crépus parce qu’on les aime !! IL FAUT SAVOIR...
      • > Les courants d’Hair 18 février 2010 16:21, par MGDP9793
        Hello ! Je ne pense pas que les rajouts protègent les cheveux crépus du froid. Quelle idée bizarre, je trouve. Si tu veux protéger tes cheveux et ton crâne du froid, mets un bonnet, ce sera plus efficace. Bien cordialement.

        Voir en ligne : Les courants d’hair

  • > Les courants d’Hair

    19 avril 2005 10:45, par aries
    super ton article cousine.......don’t stop....
  • > Les courants d’Hair

    20 avril 2005 22:02, par Tantine Anastasie

    bravo laetitia ! je suis d’autant surprise parce que je peux dire que je découvre une autre Laetitia que nous n’avons pas connu. Je suis très émerveillée par ce que tu as écris et surtout contente, parce que c’est bien écrit. Bonne continuation.

    Tantine Anastasie,

  • > Les courants d’Hair

    21 avril 2005 21:34

    je suis très ému en parcourant ton texte écrit de main de maître.je demeure persuadé qu’avec un peu de perspicacité tu pourras gravir toutes les marches qui mènent à la maîtrise del’art de l’écriture.Labor improbus omnia vincit donc ne te relâche pas ;le monde du lectorat sera pendu à tes lèvres.

    Dominique TENDART,ton papa

  • > Les courants d’Hair

    29 avril 2005 13:53, par FRANCOEUR NGANGA EN ECOSSE

    ARSENE FRANCOEUR NGANGA TE DIT BONJOUR DEPUIS EDIMBOURG EN ECOSSE OU JE RESIDE DEPUIS 5 ANS TOI ET MOI AVANT ETE AU COLLEGE ENSEMBLE A NGANGA EDOUARD ET AVIONS HABITER ENSEMBLE A L’IMMEUBLE DES ITALIENS AVEC MA SOEUR ESTELLE ET MON FRERE ROLAND.

    MOI AUSSI J’ECRIT MAIS SUR L’HERITAGE DES ESCLAVES KONGO AUX AMERIQUES. VISITE MON SITE www.ne-kongo.net mon prochain article : L’ORIGINE KONGO DU REGGAE

    MON E-MAIL : saorne@hotmail.com

    gros bisous de FRANCOEUR NGANGA

    • > Les courants d’Hair 25 août 2005 12:09, par Saturnin TCHICAYA TATY
      J’aimerai avoir des nouvelles de ma collègues de classe 10/7 au collège NGANGA Edouard au nom de Patricia KAMBOU, habitait dans le quartier de l’hopital militaire et l’école des cadets à Brazzaville CONGO. Je salus tous les élèves de NGANGA Edouard génération 87 avec le Directeur des études Mr MOUBALA. Saturnin TCHICAYA résident à Bordeaux. email:saturnin.tchicaya@free.fr
  • > Les courants d’Hair

    3 août 2005 16:37, par simone
    le naturel est mort par ta soeur simone sinon article bien ecrit et bonne continuation .cherie qui suis tombe la par hasard 03/08/05
  • > Les courants d’Hair

    10 novembre 2006 21:03, par mymouna
    félicitation pour cet article, ... il m’a redonné la patate et je pense laissez un sursis de quelques mois à mes cheveux avant de les défriser
  • > Les courants d’Hair

    10 décembre 2006 19:13, par hinde
    Bravo pour ton article en plus de riche en info il est revelateur de la dictature de la beaute "blanche et occidentale".
  • > Les courants d’Hair

    5 janvier 2007 16:10, par Mariiz
    Géniale l’article ! Tu viens de m’apprendre d’enormes choses ! C’est clair que les cheuveux afros sont trop agréssé... Je pense que si des artistes comme Beyonce,Alicia,... laissait leurs cheveux naturels ; ça redeviendrait toute suite à la mode !

    Voir en ligne : Merci

  • > Les courants d’Hair

    10 février 2007 21:00, par angie
    j’ai vraimt aimé ton article,il è plein de vérité ke bon nombre de gen naccepte pa . jme sui mm retourvé par moment ken tu parle du lutisation trè frékent du défrisage car j’aimoi ossi utilisé le défrisage dè mon trè jeune age ! mè g arrét sa avait abimé mes cheveux ! dc tte els semaine c la prise de tète pr savoir comment jvè me coiffé et jcompren lesgen ki sont tenté par le défrisage els cheveu"crépu c embétant..voila a+
  • > Les courants d’Hair

    23 février 2007 17:43, par Chad
    Tu as tout à fait raison, acceptons nous comme Dieu nous a créé "noirs" (quelque que soit sa variation) aux cheveux crépus. Je garde mes cheveux crépus dans son état originel (crépus) depuis 3 ans maintenant et même si ce n’est pas facile de les déméler (surtout après le shampoing), pour rien au monde un produit de défrisage touchera ma belle touffe. J
  • > Les courants d’Hair

    1er avril 2007 14:32
    Bravo Laetitia !! Lorsque tu évoquais hier ton texte j’étais très impatiente de le découvrir... et je me suis régalée ! Il est non seulement fort bien écrit mais également très bien documenté et j’ai appris beaucoup de choses sur le calvaire à vouloir dompter le cheveu crépu à travers nos modes !! En effet, je suis blanche avec le cheveu lisse comme une "baguette de tambour". J’ai vécu l’inverse et j’ai longtemps fait subir des permanentes à mes cheveux pour les friser... car je trouve le look "lionne sauvage" génial et puis parce que je rêvais que mes cheveux ne soient plus gras. Bonjour le calvaire de l’ammoniaque et de la journée chez le coiffeur... Et puis mes cheveux sont restés gras à la racine mais ont séché et fourché, il a fallu les couper beaucoup plus courts ... je les voulais longs. Je n’aime pas aller chez le coiffeur, les prix des permanentes ont augmenté et j’ai décidé de revenir au naturel. Je m’accepte comme je suis, consciente que l’on souhaite toujours ce que l’on a pas... c’est le propre de l’homme ... et de la femme (m’a soufflé mon homme) !!! En tous cas, je soutiens particulièrement ton point de vue sur la question et prône le "natural power" car nos richesses naissent de nos différences et ce quel que soit la couleur et le cheveu ! Conjuguons notre façon d’être au lieu de notre façon d’avoir ... A bientôt de se revoir BIG BIZ Isabelle BARBARY
  • Les courants d’Hair

    7 mai 2008 01:56, par Laetitia T
    Ça y est, je craque... Trois ans de crépu et je n’en peux plus. Le Crépu me fait chier. Je passe des heures à les dénouer. J’en souffre tellement que le lendemain, impossible d’effleurer les pointes sans que je sursaute. Quand je me tresse, c’est pire, c’est 10 jours de doliprane et en prime, je dors sur le front ! Depuis quelques jours, je regarde su coin de l’œil les défrisants. I Have a Dream : Pouvoir passer le peigne dans mes ch’veux sans avoir à me dire : Tignasse de M.... Alors si je ne les défrise pas, j’opterai pour les Dreads ( reste encore à trouver le temps de les tourner quotidiennement et d’accepter d’être HORRIBLE, les premiers mois avant la prise !).
    • Les courants d’Hair 5 janvier 2009 23:30, par Monia
      Cet article m’a fait rire mais, je suis d’accord avec vous. J’aimerai donner mon avis sur l’entretien du cheveu crépu et les idées reçues : 1- le cheveu crépu peut facilement être sculpté. Il faut donc laisser parler son imagination ; 2- les produits hydratants, nourrissants ou qui préviennent l’allopécie,les bains d’huiles sont incontournables ; 3- Eviter de peigner les cheveux quand ils sont trop sec (traction douloureuse, allopécie) ; 4- Se renseigner sur les coiffures africaines d’avant. Les adapter si on les trouve extravagantes ; 5- utiliser un peigne à dents larges, voire très larges ; 6- Ne pas faire trop souvent des schampooing (peu hygiénique, il est vrai)car, le cheveu crépu pousse mieux quand il est "négligé" et pas "tiraillé" (voire, les cheveux des Massaïs, les dread locks, ...) ; 7- il existe un type de coiffure appelées vulgairement "tresses au fil" en Afrique de l’Ouest et centrale. Elle rend le cheveu souple en leur donnant un aspect défrisé( qui s’en va après deux jours ou au premier schampooing) et, le peigne passe plus facilement. Elles ne sont pas à réaliser tout le temps car la traction régulière du cheveu entraîne l’allopécie ; 6- le cheveu crépu peut être long. Chez certaines femmes noires, ils dépassent largement le niveau des épaules. Les Fang du Gabon, de la Guinée ou du Cameroun sont souvent comme ça alors qu’elles les ont très crépus ; Beaucoup d’entre nous disent que l’entretien du cheveu crépu est coûteux. Vrai et faux. Vrai parce que l’offre est rare, donc chère. Faux parce que le défrisage entraîne tôt ou tard une allopécie qui nécessite des soins intensifs...Coûteux ! J’aime imaginer des petites filles apprenant la coiffure africaine comme elles apprennent à cuisiner. Cela donnerait plus tard, des femmes se coiffant entre amies autour d’un bon commérage et d’un bon plat comme c’est encore le cas en Afrique. Cette occupation fait partie de l’univers féminin africain. Beaucoup de choses sont enseignées (notamment aux jeunes filles) ou échangées. De plus, elles apprendraient dès leur plus jeune âge à se familiariser avec cette texture capillaire. Adultes, elles n’auraient pas d’argent à dépenser pour ça et, passeraient un moment agréable. Enfin, il est très important que les coiffeuses du cheveu crépu se renseignent auprès des vieilles femmes africaines (les villageoises de préférence). Elles en savent beaucoup.
    • Les courants d’Hair 18 février 2010 16:27, par MGDP9793
      Salut ! Je comprends ton agacement. J’ai parfois ressenti la même chose à l’égard de ma chevelure mais je crois que ton problème, qui est selon moi celui de beaucoup de femmes aux cheveux crépus, c’est, peut-être, que tu n’utilises pas les bonnes méthodes pour t’occuper de tes cheveux et que ça tourne à l’enfer. Comment les démêles tu ? Secs ? Mouillés ? Les coiffes tu tous les jours ? Avec quels produits ? As-tu déjà visité le site "Cheveux sauvages", très intéressant, très bien fait et plein de bons conseils ? Je te propose aussi de faire un tour sur mon blog. http://cheveuxcrepusarretonslemassacre.blog4ever.com/ Bien cordialement.

      Voir en ligne : Les courants d’hair

  • Les courants d’Hair

    4 octobre 2009 10:13

    J’ai craqué, défrisé et recoupé cause cheveux cassé au plus haut point !

    LaetMC :-(

    C’est reparti pour un tour de crépu !

  • Les courants d’Hair

    6 octobre 2009 15:15, par the geisha nun
    Dieu m’a ainsi faite... Qui suis-je donc pour me plaindre aupres de lui ou denigrer son oeuvre ?
  • Les courants d’Hair

    6 octobre 2009 15:31, par tetelle 972 (qui vient de couper 14ans de cheveux défrisés pour son (...)
    Super article ! félicitation à son auteur en avance sur son temps ! L’histoire du cheveu noir nous rappelle à quel point la marche sera dure et longue pour que l’Homme/la Femme noir(e) s’accepte tel(le) que Dieu l’a créé(e)... C’est cependant grâce à des personnes comme toi que l’on avance lentement mais surement... Alors MERCI !
  • Les courants d’Hair

    6 octobre 2009 19:09, par emm.
    Merci pour votre article, bien documenté. Je voudrais cependant préciser qqch, je ne suis pas d’accord sur la douceur : les cheveux crépus coiffés en afro, courts, ou en dread sont très doux ! Il ne s’agit pas de la même douceur que celle de certains cheveux lisses, mais ils sont aussi doux, moelleux, un vrai bonheur à toucher ! Certains cheveux lisses, longs et fins s’emmellent aussi très facilement et nécessitent bcp de temps passés à les coiffer... enfin, la majorité des crânes de Noirs sont beaux, avec un joli bombé sur l’arrière,( ce qui est plus rarement le cas des crânes de Blancs), ce qui autorise les crânes rasés ou cheveux coupés très court, et ça peut être très élégant si c’est bien porté... donc oui, acceptons-nous comme nous sommes, et nous arborerons chacun notre beauté singulière...
  • Les courants d’Hair

    7 octobre 2009 01:00, par Poupin’T.

    J’aimerais ajouter mon petit bémol (oui, j’ose !) ; un certain agacement m’anime de plus en plus. Article très documenté et très riche, je ne dis pas le contraire, félicitations. Mais pourquoi reprocher SYSTEMATIQUEMENT aux femmes noires qui défrisent leurs cheveux de le faire ? Pourquoi SYSTEMATIQUEMENT une femme noire qui défrise ses cheveux rejetterait sa "négritude" ? Dans le même esprit, pourquoi on ne dit rien aux femmes blanches qui font des tresses ou des dreadlocks ?

    Tout simplement parce que chacun est libre d’adopter le look qu’il veut !

    Certes, je ne dis pas que pour toutes c’est juste une question de look (cf. les Noires qui décolorent leur peau), mais il faut arrêter de généraliser et de lancer sans arrêt ce débat culpabilisant. Je ne dis pas pas ça spécialement pour moi, j’ai les cheveux frisés, et très fournis, et suis en mode "touffe". Je défrise le devant et la nuque tous les 4-6 mois (pas plus) uniquement pour avoir la liberté de les plaquer quand je veux faire un chignon serré par exemple. Devrais-je en avoir honte ? C’est mon choix ! Et je suis très fière de ma coupe "touffe", symbole de ma personnalité et de ma différence.

    S’il vous plait, cessez de faire passer TOUTES les femmes noires qui défrisent leurs cheveux pour des "bounties".

    Je suis triste d’avoir le sentiment d’être l’une des seules à penser ça...

    • Les courants d’Hair 19 octobre 2009 04:05, par Alice

      Il faut arrêter de faire des parallèles entre le défrisage chez les femmes noires et le port des tresses africaines chez les femmes blanches. Les femmes blanches qui portent des tresses ne le font pas dès qu’elles ont un statut social élevé. On imagine mal Elizabeth II se rendant à un dîner officiel avec des dreedlocks ! Les femmes blanches ne portent pas de tresses africaines ou un afro quand elles occupent des postes de pouvoir. On imagine aussi très mal Michelle Alliot-Marie avec des nattes à l’africaine. Quand les femmes blanches ont des coiffures africaines, c’est souvent qu’elles ont un métier où les conventions ne sont pas de rigueur. Les artistes, par exemples. Et encore ! Ou alors elles se retrouvent dans des lieux où ces mêmes conventions ne sont pas imposées (boîtes de nuit, quartiers populaires, plages fréquentées par toutes les classes sociales, etc.). Ce phénomène est récent et, on ne sait pas combien de temps il durera. Chez les Noirs, le défrisage est un phénomène continu depuis le 19 ème siècle. On ne peut donc plus parler de mode. Enfin, le nombre de femmes blanches qui portent de tresses africaines est marginal. Pas besoin de statistiques pour le constater !

      Il y a des questions que l’on doit se poser :

      - Où a commencé le défrisage ?

      - Quel était le but premier du défrisage ?

      - A quelle époque a commencé le défrisage ?

      - Quelles sont les classes sociales qui sont le plus susceptibles d’avoir des femmes aux cheveux défrisés ?

      - Combien y a-t-il de femmes aux cheveux défrisés ?

      - Qu’est-ce qui est proposé aux femmes lorsqu’elles vont dans un salon de coiffure ?

      - Que pense notre entourage des cheveux crépus ?

      Au-delà des considérations esthétiques qui ont été attachées au cheveu lisse, il y a aussi un symbole sociale. Le cheveu lisse est assimilé aux classes dominantes et à la richesse tandis que le cheveu crépu est vu comme un caractère des populations rurales, pauvres et dénuées de raffinement.

      C’est dommage qu’il y en a encore qui soutiennent qu’elles se défrisent par choix libre et conscient. Il y a des études qui ont été faites sur ce phénomène qui touche la quasi-totalité des femmes noires (fait important) avec des arguments pertinents.

      Je ne comprend pas le dernier post où pour son auteur, la dépigmentation de la peau serait plus représentative de l’aliénation esthétique des Noirs que le défrisage. En quoi ? Les femmes qui se dépigmentent peuvent se défendre en disant que la peau claire est plus féminine, que leurs modèles sont des femmes noires à peau claire et qu’il n’existe pas de population d’Afrique noire à cheveux lisses, sauf celles qui sont très métissées alors que la peau claire existe chez les populations noires dont le métissage n’est pas attesté !

      D’après les sociologues, les deux phénomènes procèdent des mêmes motivations. Moi, j’ajouterai que la dépigmentation a été très tôt décriée par les populations noires parce que plus dangereuse et pouvant entraîner cancer de la peau et mort. La peau est un organe vivant. Pas le cheveu. Avec le défrisage , au pire vous vous retrouvez avec une bonne alopécie irréversible ! C’est ce détail , cette différence qui a fait que les gens ont vite compris que la dépigmentation était l’un des symptômes de leur aliénation(notez que dans ce cas, il n’y a pas eu de sociologue derrière).

      Ils ont donc utilisé cet argument pour décourager les femmes qui en sont les adeptes. Nul doute que si le défrisage avait été aussi néfaste pour la santé, on aurait eu les mêmes réactions très tôt. Nul doute aussi que si le décapage n’avait pas été aussi dangereux, il n’aurait pas suscité une telle appréhension. Le décapage se serait immiscé dans les habitudes esthétiques des femmes, au point de devenir la norme comme avec le défrisage.

      Je crois qu’il serait plus honnête d’accepter le défrisage avec toute sa charge plutôt que d’essayer de se convaincre (de répéter tout simplement) qu’on a fait un choix en toute âme et conscience alors qu’on assume pas la vérité. Cela s’appelle de l’immaturité !

      Il ya plusieurs façon d’indiquer son appartenance à un peuples : scarifications, coiffures, vêtements, ornements et ... traits physiques ! Porter, afficher les traits de son peuple, c’est assumer son appartenance à cette ethnie. Lorsqu’on on les efface, c’est comme si on rejettait son peuple et donc soi-même. Parfois, on le fait pour échapper à une condition pénible attachée à son peuple. C’est le cas des Afro-Américains, surtout durant l’esclavage et la ségrégation.

      Revendiquer ses traits d’origine peut signifier qu’on s’assume, qu’on a une famille (peuple) sur laquelle on peut compter et qui nos défendra, nous soutiendra et vice versa. Je ne sais pas pour vous mais, moi j’hésiterai beaucoup avant de dire du mal des Massaïs devant un Massaï qui arbore des tresses de guerrier dans une société occidentalisée.

      Le cas de Michael Jackson est éloquent.Je suis persuadée que les médias ne s’en serait pas autant pris à cet homme (tout de même riche, célèbre et aimé) s’il ne s’était pas autant éloigné des Noirs. Eloignement symbolisé entre autre par l’effacement de tout signes physiques de sa négrité. C’est ce qui explique aussi, en partie que, le soutien de sa communauté a tardé à venir. Tout simplement, beaucoup de Noirs se sont senti insultés dans leur identité, dans leur essence. Michael Jackson s’en prenait à quelque chose de commun. Cela été perçu comme une volonté de rompre un pacte de sang ! Ce qui est très grave. Par l’effacement de tout signe extérieur de sa négrité, Michael n’avait plus de protection. Il n’était plus affilié à personne. Il était orphelin. C’est un fait qui a encouragé les médias dans leur entreprise de lynchage.

      Cela me rappelle aussi Traoré (je n’ai plus son prénom). Ce footballeur français d’origine sénégalaise traîté de Nègre et de singe pendant un match. Le lendemain, il est revenu portant une chemise avec des imprimés africains comme s’il cherchait à assumer et à revendiquer ses origines qu’on avait insultées, lui, Français marié à une femme blanche. Ils sont nombreux comme ça, ceux qui redeviennent Noirs(renégrification) et se raprochent des leurs pour se protéger quand on veut les détruire.

      Les traits physiques d’un peuple font partie de son identité tout comme la culture, la langue et l’histoire. Les assumer, c’est rétablir les maillons de la chaîne de l’identité noire qui a été brisée. C’est se réconcilier avec son corps mais, surtout avec ses racines. C’est retrouver toute son intégrité.

      • Les courants d’Hair 19 octobre 2009 09:51, par Séverine Capeille
        un commentaire aussi intéressant que pertinent : merci pour cette contribution :-)
        • Les courants d’Hair 31 octobre 2009 13:32, par Solange

          J’ai bien aimé cet article qui est plein d’humour. En plus, je remarque que l’auteure montre assez bien que l’esthétique capillaire chez les Noirs suit les variations de l’esthétique capillaire chez les Blancs.

          Il y a un exemple qui semble appuyer cette idée : dans un film américain des années 70-80, on voit l’actrice Bo Dereck arborer des nattes collées typiquement africaines que, les femmes blanches et ... les femmes noires de la diaspora avaient imité pendant un temps !

          Si l’auteure n’a pas vu cette vidéo dans laquelle Juliette Sméralda dit que les Noirs vivent au rythme des cultures occidentales (Ce n’est d’ailleurs pas le seul domaine où on peut faire ce constat), on peut donc dire que les grands esprits se rencontrent.

  • Les courants d’Hair

    3 novembre 2009 18:09, par Sugarmama

    Superbe texte où tout est dit !!!

    Je suis moi meme naturelle depuis 2ans et locksée depuis 18mois maintenant mais je dois dire que le chemin n’a pas ete facile et ce jusqu’aujourd’hui où je dois continuellement justifier mon choix du naturel et (pire pour certains) les locks qualifiés encore de coiffures de fous, marginaux ou d’artistes...J’en croise encore (surtout de la part des noirs !!!)qui me disent que je craquerai... qu’est ce que j’attends pour "enlever ca"

    La meilleure que l’on m’aie sortie a eté : "quand est ce que tu arretera de faire souffrir tes cheveux ?" question à laquelle jai repondu "ca y est, c’est fait" !!

    Oui, le retour au naturel n’a pas ete facile mais au moins aujourd’hui je passe la main dans mes cheveux sans me heurter à des fils de tissage (si, si) et au moins je les sens vivre !!! Et je ne compte meme plus les coups de klaxon depuis que je suis "moi" et ne me cache plus dans "ce qui a ete decidé pour moi" !

    On a encore beaucoup à apprendre avec nos cheveux et même si le chemin est encore long, je sais qu’ils sont nembreux à m’envier, moi qui ait osé faire ce pas et decider de re-devenir celle que j’ai eté au 1er jour !

    Bonne continuation !! Bravo !

  • Les courants d’Hair

    16 février 2010 11:08, par NoireôNaturel

    Superbe article ! Je ne peux qu’abonder vos propos : il est clair que l’on ne peut véritablement être belle si on ne sait pas qui l’on est, d’où on vient et que notre seule ojectif est d’arborer des canons de beauté qui ne sont pas les nôtres ! Rêver d’être blonde, les cheveux jusqu’aux fesses et volant au vent est une érésie ! Alors oui, soyons NoireôNaturel et fières de l’être : et vous verrez que passé les premiers regards supris, ce sont des regards admiratifs, voire gourmands qui se succèderont ;)

    Vive la beauté noire ô naturel !

    Voir en ligne : Vive la beauté noire ô naturel !


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