Il y a des flambeaux qui ne s’éteignent pas. Inspiré par Garnett Silk, Ras Shiloh peut s’enorgueillir d’avoir la même grâce et la même puissance dans sa voix. Cet héritage, déjà visible dans les albums précédents, est confirmé avec « Coming Home », un album produit par Bobby ’Digital’ Dixon, illustre producteur de Garnett Silk, Morgan Heritage, Sizzla… Quelqu’un dont la mémoire peut tracer les plus belles notes du reggae. Quelqu’un dont la magnifique vocation est de les encourager. Quelqu’un qui s’investit passionnément. A tel point qu’il fait d’ailleurs les chœurs sur « It will be over ». Ce dernier titre présente une remarquable combinaison avec Natural Black.
Car Ras Shiloh est parfois accompagné. Morgan Heritage ("Let The People Voice Be Heard") ou Bascom X ("The New Rising Day") font résonner leur talent sur des textes conscients. Peace. Unity. Love… Love… Love…. Le Love dont on a besoin ("We need more love", "Need your love"), et qu’il faut donner ("Give a little love"). Si la voix de Garnett Silk était de « soie », celle de son successeur ressemble à du velours, une matière dont l’envers est « Ras » et l’endroit doux comme les colombes sacrées.
Ras Shiloh est un grand chanteur parce qu’il a cette capacité d’amener sa voix à communiquer le message et l’émotion portés par le texte et la musique. Il surmonte les défis techniques. Les seize titres qui composent son album provoquent une fascination particulière, et quelques manifestations physiques. Des frissons éphémères, une légère perte des repères, le cœur qui parfois s’accélère, les sursauts dans le ventre comme quand les balançoires de notre enfance nous portaient dans les airs. Et puis des symptômes psychologiques. Un apaisement des nerfs et l’impression insensée d’entendre de la lumière.