Me voici donc, saisissant l’occasion d’une promo (on reçoit ce genre de spam lorsqu’on est webmistress), pour faire l’acquisition de "Duckie le canard coquin" qui, grâce à son allure innocente, s’est trouvé faire la couv’ ici & là, sans risque de choquer les âmes sensibles. Effectivement, il faudrait avoir les idées bien "mal placées" pour aller songer à batifolage à la vue du moindre canard de bain. Il faut croire que mes idées sont elles trop "bien placées", car je ne songe à rien et tombe, non pas raide dingue dudit coquin canard, mais bien plutôt en panne d’inspiration...
Commande passée, via internet [1], je reçois rapidement le colis dans son emballage discret (aucun risque de choquer mes colocs, merci pour ma pudeur), me précipite pour ouvrir le carton, et, première consternation : mais quel est ce monstre ?! Ses mensurations ne correspondent pas du tout à ce que je m’étais figuré : j’avais imaginé un petit canard tendre et trognon qui tienne dans la main, au lieu de ça, l’objet m’apparaît énorme, avec des proportions de pamplemousse plutôt que de mandarine...
Je maudis ma négligence : j’aurais dû prêter attention à ses mensurations [2]. De consternation ou d’effroi, je ne sais plus, je range l’objet, encore emballé de sa coque de plastique transparent, au fond de mon armoire et l’y oublie aussitôt.
Ce n’est que plus tard, au sortir d’un bain (hygiénique, soyons claires, je déteste perdre mon temps dans les salles de bains), que je repense à mon canard waterproof se morfondant bêtement au fond d’un placard, et me met en devoir de déballer le bougre d’animal. Je me bats avec la coque plastique, manquant de m’y couper ou de m’y casser les ongles et... découvre pire. Si la texture n’est pas désagréable au toucher, je m’étonne du socle plat et rigide, là où je m’attendais à la douceur d’un ventre rondelet. La plaque de plastique ventrale est même munie de 3 petits ergots discrets pour assurer sa stabilité, ce qui me pousse irrésistiblement à penser l’exposer sur l’étagère de la salle de bain comme un quelconque bibelot décoratif. Et m’ôte définitivement toute idée coquine.
Ne voulant tout de même pas m’avouer si rapidement déçue, démotivée mais studieuse, je m’enquiers de découvrir ses vibrations en le garnissant de piles ad hoc (fonctionne avec 2 piles LR6 fournies). Le compartiment à piles qui se loge dans le ventre de l’animal est clos d’une plaque pivotante, fermé d’une... vis. Diable, s’il faut me munir d’un tournevis cruciforme chaque fois que je souhaite changer les piles du vibro ! Je m’exécute cependant, puis déclenche la vibration par une pression sur le dos de l’animal, ainsi qu’il est indiqué sur la notice à la traduction approximative... celui-ci me saute des mains ! La vibration est si puissante qu’il n’est plus possible de le regarder dans les yeux : la tête oscille comme tout le corps, l’objet devient flou, j’en attraperais la migraine. Qu’importe après tout, puisque le but n’est pas la contemplation. Côté sensations... un souvenir d’enfance me revient, précis et tenace : celui du coussin vibrant que ma grand’mère utilisait pour soulager des douleurs lombaires propres à son grand âge. Inutile de vous dire que je suis à dix mille lieux de la moindre pensée coquine.
J’abandonne là mes investigations. De l’étanchéité du canard, point ne vous parlerais pour ne l’avoir pas testée, mais il paraît qu’il peut même nager tout seul.
Reste que je m’interroge vraiment sur les pratiques et préférences que mes contemporaines, qui classent "Duckie le canard coquin" parmi leurs vibros préférés [3], car ce n’est pas demain la veille qu’on m’entendra gémir sous les coups de becs de ce fichu canard. Pis, je découvre que cette attendrissante, mais décevante chose, a été élue "Meilleur Sex toy de l’Année" aux Erotic Awards 2002 [4], de quoi s’inquiéter de l’intérêt des autres sextoys...
Depuis, Duckie a fait des petits, et se décline en vilain petit canard (noir), se déguise en petit diable rouge, ou encore en adepte du bondage [5]... et je doute que les Chinois qui le fabriquent en profitent.
[1] Je l’ai acheté à moitié prix sur Condozone.fr, site spécialisé dans la vente de préservatifs masculins ET féminins, huile de massage et lubrifiant.
[2] Encore eut-il fallu qu’elles soient indiquées sur le site de VPC ! L’objet fait donc environ 12x12x10cm ;( et pèse assez lourd : 265g doté de ses piles.
[3] Cf. : rubrique "Elles ont adoré" de chambre69.com, qui s’autoproclame "premier site dédié au plaisir féminin", au mépris des pionnières en la matière.
[4] Et oui, ça existe ! Ceci dit, la sélection n’est pas reluisante (Erotic Awards 2002) : quand on trouve, parmi les primés, un docu sur la prostitution ou un film hardcore, on a des doutes la pertinence des critères de sélection en matière de plaisir, de ces gens qui ne distinguent pas entre sexe forcé et sexualité.
[5] Découvrez la game complète sur le site dédié : irubmyduckie.com