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V comme violence

mardi 27 avril 2010, par Mireille Disdero


Une femme réfléchit au sens de la vie, penchée au-dessus de son ventre, les cheveux dégringolant devant ses yeux… fermés.

Les enfants sont ailleurs, Paris est noir, la pluie fait des dessins mornes et liquides sur les trottoirs glissants. Les gouttes dévalent sur sa nuque, sous son manteau. L’eau s’infiltre mais la femme ne bouge pas. Elle réfléchit, comme un miroir, il pleut sur elle à l’intérieur. Les mots, les gestes ne sortiront pas de la prison qu’elle devient pour sa propre parole, sa survie. Taire, silence. C’est facile de faire comme si rien n’était arrivé, plus facile que de se mettre à courir pour aller cogner là-bas à un poste de police… Encore faut-il savoir où le trouver. Taire. Effacer. S’en aller… partir. Sans hurler à l’aide. Elle réfléchit au sens de la fuite pour échapper à ce qui contraint. L’eau maintenant attaque la peau, sous ses habits. La femme frissonne mais dedans, là où personne ne peut sentir qu’elle a froid. Connaître ça, c’est traverser la zone puis le Bronx sans cuirasse, en plein hiver et se prendre des bouteilles sur la tête. A intervalles réguliers. Bam. Bam. Bam. On est sonné, après. Mutique. La voix et la parole s’arrêtent. Reste le mouvement pour se lever, partir. Traverser. Prendre un train. Tout est machinal, pilote automatique. Au ralenti. Mais le poing qui se ferme et écrase l’univers, à l’intérieur d’elle, est bien réel. Il se concrétisera après. Il sortira des mois, des années après. Il sera toujours trop tard. Une femme coupe ses cheveux et regarde les mèches tomber sur le carrelage de la maison où elle réfléchit… au sens de la vie.

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